Afghanistan – Les talibans ouvrent les écoles aux filles, puis les referment

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AfghanistanLes talibans ouvrent les écoles aux filles, puis les referment

Des Afghanes avaient repris le chemin du lycée mercredi matin à Kaboul, après la décision des talibans de rouvrir l’école aux filles. Mais les talibans ont décidé de tout refermer.

Une écolière à Kandahar, le 20 mars 2022.

Une écolière à Kandahar, le 20 mars 2022.

AFP

Les talibans ont ordonné mercredi la fermeture des collèges et lycées pour les filles en Afghanistan, quelques heures seulement après leur réouverture, a confirmé un responsable taliban. «Oui c’est vrai», a déclaré sans autre commentaire à l’AFP Inamullah Samangani, porte-parole des talibans, en confirmant des informations selon lesquelles les filles avaient été priées de retourner chez elles.

Aucun responsable taliban n’était immédiatement joignable pour expliquer la raison de cette décision. «Nous n’avons ,pas le droit de faire de commentaires», a simplement répondu le porte-parole du ministère de l’éducation, Ahmad Aziz Rayan.

«J’ai vu mes élèves pleurer»

Une équipe de l’AFP-TV filmait mercredi matin un cours dans une classe du lycée Zarghona pour filles, dans la capitale Kaboul, lorsqu’un enseignant est entré et a ordonné aux élèves de rentrer chez elles. Ces dernières, qui se réjouissaient de leur retour à l’école pour la première fois depuis la prise de pouvoir en août dernier des fondamentalistes islamistes, ont fermé leurs livres, emballé leurs affaires, et quitté en larmes la classe.

«J’ai vu mes élèves pleurer et hésiter à quitter le cours. C’est très douloureux de voir vos élèves pleurer», se désolait auprès de l’AFP Palwasha, enseignante à l’école de filles Omara Khan, aussi dans la capitale.

«Cela m’a rendue heureuse»

Avant cette fermeture, les filles se réjouissaient de reprendre l’école. «Quand je suis arrivée, j’ai vu que les portes de l’école étaient ouvertes et que toutes les élèves venaient, cela m’a rendue très heureuse, et puis je suis venue saluer mes professeurs», se réjouissait auprès de l’AFP Sadaf, élève de 16 ans dans ce lycée.

«Nous pensions que nous n’aurions peut-être aucun progrès pour notre avenir. Pendant ces huit derniers mois, nous étions à la maison et nous avons essayé d’étudier nos livres. J’espère qu’avec l’Emirat islamique (nom du régime taliban), il y aura peut-être plus de développement», ajoute l’adolescente qui veut devenir médecin.

«Responsabilité de fournir une éducation»

La communauté internationale a fait du droit à l’éducation pour tous une pierre d’achoppement dans les négociations sur l’aide et la reconnaissance du régime des islamistes fondamentalistes. Plusieurs pays et des organisations ont proposé de rémunérer les enseignants. La représentante spéciale de l’ONU pour l’Afghanistan, Deborah Lyons, a qualifié d’«inquiétantes» les informations faisant état de la fermeture des écoles. «Si c’est vrai, quelle pourrait en être la raison», s’est-elle interrogée sur twitter.

Le ministère de l’Éducation avait pourtant annoncé la reprise des cours mercredi pour les filles dans plusieurs provinces, sauf celles de Kandahar (Sud), berceau des talibans, qui devait rouvrir le mois prochain. «Nous ne rouvrons pas les écoles pour faire plaisir à la communauté internationale, ni pour gagner la reconnaissance du monde», avait assuré à l’AFP le porte-parole Aziz Ahmad Rayan. «Nous le faisons dans le cadre de notre responsabilité de fournir une éducation et des structures éducatives à nos élèves», a-t-il ajouté.

Les talibans avaient insisté sur le fait qu’ils voulaient prendre le temps afin de s’assurer que les filles âgées de 12 à 19 ans seraient bien séparées des garçons, et que les établissements fonctionneraient selon les principes islamiques.

«Profonde frustration»

(AFP)

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