Lutte contre les violences

Coup d’envoi contre les violences sexuelles dans le sport

Le 10 mars, l’observatoire départemental des violences envers les femmes organisait ses 20e rencontres à la Bourse du travail Clara Zetkin de Bobigny. L’occasion de communiquer les résultats d’une étude sur les violences faites aux femmes dans le sport auprès des professionnels et bénévoles des comités et clubs de Seine-Saint-Denis.

Il y a deux ans, l’observatoire départemental des violences envers les femmes voulait déjà consacrer ces rencontres annuelles sur le thème des violences sexistes et sexuelles dans le sport. Mais l’épidémie de corona virus n’a alors pas permis leur tenue. Relance cette année, avec tout d’abord le lancement d’une étude sur la question des violences faites aux femmes dans le sport auprès des professionnels et bénévoles des comités et clubs du département.

Démarche habituelle de l’observatoire, étudier le phénomène, mieux le comprendre pour mieux le combattre. Les résultats de cette étude montrent que 39,8 % des répondant·e·s déclarent avoir été témoins ou avoir eu connaissance de faits de violence sexiste ou sexuelle dans le sport. Et 9,1% disent avoir été ils-elles même victimes de ces violences, psychologiques, physiques et/ou sexuelles.

Plus de la moitié des personnes qui témoignent (51,4%) ne se sont pas senties suffisamment outillées pour faire face à la situation et orienter la victime.

Une fois de plus, cette enquête confirme que malgré ses valeurs de solidarité, de partage, de respect de l’autre, le sport n’est pas une bulle qui préserve des violences sexistes et sexuelles. Mais comment pourrait-il être une exception dans une société qui les a si longtemps ignorées, qui peu à peu lève le voile et révèle leur existence dans chacun de ses pans ?

La patineuse artistique Sarah Abitbol fut l’une des premières à révéler avec son livre Un si long silence les viols qu’elle a subi de la part de son entraineur alors qu’elle avait entre 15 et 17 ans. Sur la scène de la bourse du travail de Bobigny, elle raconte l’emprise, le silence des instances dirigeantes, la détresse et la souffrance. Mais aussi sa détermination à lutter contre les violences sexuelles dans le sport «  Désormais je ne ressens plus d’angoisse, je suis fière de mon combat. »

La sociologue Béatrice Barbusse, autrice du livre Du sexisme dans le sport, confirme que le milieu du sport est sexiste, utilise un vocabulaire guerrier, glorifie les valeurs de de force déteste la faiblesse. Dans le sport, particulièrement dans le haut niveau, la douleur est banale, voire un indicateur d’implication et de performance. On dit qu’il est normal de se faire mal à l’entraînement. Béatrice Barbusse, qui fut présidente de l’US Ivry, l’une des meilleures équipes masculines de handball française, préconise plus de mixité dans l’encadrement. Mais aussi de ne surtout pas renoncer au sport, facteur de santé, de joie et de bien-être lorsqu’il est correctement pratiqué !

Un avis partagé par Sébastien Boueilh, fondateur de l’association Colosse aux pieds d’argile, qui a pour mission la prévention et la sensibilisation aux violences sexuelles, harcèlement et bizutage en milieu sportif. «  Le sport n’est pas un milieu préservé des violences sexuelles, des prédateurs y sévissent, comme dans d’autres milieux. Mais le sport, ce sont également des dizaines de milliers d’éducateurs, de formateurs dévoués au bien-être des enfants. Ils peuvent aussi être des leviers pour faire avancer notre société et la rendre plus juste et plus sûre. »

Former les encadrants, les professionnels, pour atteindre le plus grand nombre, c’est la stratégie habituelle de l’observatoire départemental. Il va désormais travailler avec notamment la Direction des services départementaux de l’éducation nationale 93 à la formation des encadrants du monde sportif. Le match contre les violences sexuelles ne fait que commencer…

Pour revoir les débats
En savoir plus sur l’Observatoire des violences envers les femmes et lire l’étude
Photo Patricia Leconte

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