Publicité

Les réfugiés ukrainiens représentent 20 % de la population à Varsovie

La Pologne continue stoïquement à accueillir les centaines de milliers d'Ukrainiens qui fuient leur pays en guerre. L'essentiel des dispositifs d'aide et d'hébergement est fourni par les municipalités et les particuliers qui risquent d'être rapidement épuisés par le soutien fourni. L'Union européenne va devoir songer à répartir plus équitablement le fardeau.

Les enfants représentent la moitié des arrivants ukrainiens en Europe de l'Est, soit plus d'un million. Ils vont devoir être scolarisés rapidement dans un pays qui compte 4,5 millions d'écoliers.
Les enfants représentent la moitié des arrivants ukrainiens en Europe de l'Est, soit plus d'un million. Ils vont devoir être scolarisés rapidement dans un pays qui compte 4,5 millions d'écoliers. (SOPA Images/SIPA)

Par Catherine Chatignoux

Publié le 23 mars 2022 à 08:30

Chaque frappe aérienne de l'armée russe sur un quartier de Kiev, Odessa ou Marioupol vient gonfler la vague des Ukrainiens fuyant la guerre. Ils sont 3,5 millions à ce jour à avoir quitté leur pays, « un jalon tragique », selon les Nations unies, et plus de 2 millions se sont réfugiés en Pologne, où s'est mis en place depuis le premier jour un dispositif d'accueil sans précédent en Europe.

Rapportés à la population, les chiffres commencent à donner le vertige. La capitale, Varsovie, abrite aujourd'hui 300.000 Ukrainiens, soit près de 20 % de la population et, à Cracovie, deuxième ville du pays, un cinquième des habitants désormais sont des réfugiés ukrainiens.Jusqu'ici, la Pologne a absorbé ce choc humanitaire avec un sang-froid et une générosité qui ont forcé l'admiration du reste de l'Europe. Avant l'Etat et les régions, ce sont les villes et la société civile qui se sont mobilisées. Ici, pas de vastes camps de réfugiés constitués de tentes comme sur l'île grecque de Lesbos, encore moins de sans-abri, comme à Paris, la totalité des Ukrainiens sont recueillis, soit par des particuliers qui offrent leurs services, soit dans des lieux ou des logements mis à disposition par les municipalités.

Numéro d'identification

Le gouvernement a voté le 12 mars une loi-cadre qui permet l'accès des Ukrainiens à l'ensemble des services dont ils ont urgemment besoin : protection sociale, droit au travail, soutien psychologique et scolarité pour les enfants. Seule formalité, s'enregistrer auprès de l'administration pour obtenir un numéro d'identification qui permet d'ouvrir un compte en banque, louer un logement, profiter de la sécurité sociale.

Publicité

La moitié des réfugiés ukrainiens étant des enfants, ce sont plus d'un million d'entre eux qui vont devoir être scolarisés rapidement dans un pays qui compte 4,5 millions d'écoliers. Environ 100.000 d'entre eux auraient déjà trouvé une place dans une école polonaise. Les universités sont en train de s'organiser pour accueillir les plus grands.

Les citoyens ukrainiens qui fuient la guerre ont également le droit de travailler sur le territoire polonais. Ils bénéficient d'une allocation unique de 300 zlotys (63 euros) et de financements pour payer crèche ou garderie. Ceux qui hébergent des réfugiés peuvent, de leur côté, obtenir un dédommagement de 1.200 zlotys par mois (250 euros environ) et par personne.

En mode crise

La question qui est sur toutes les lèvres est de savoir combien de temps les Polonais vont pouvoir supporter le plus gros du fardeau de ces réfugiés. « Le pays vit en mode de crise depuis un mois. Mais si on peut accueillir des étrangers par solidarité pendant quelques jours ou quelques semaines, au-delà, on doit reprendre sa vie. Le sentiment de fatigue viendra tôt ou tard », s'inquiète Dorota Heidrich, professeur à l'université de Varsovie.

Car le pire est peut-être à venir. La crainte, désormais, c'est la deuxième vague de réfugiés qui ne va pas manquer de déferler si la Russie poursuit vers l'ouest sa destruction systématique des villes. « Ceux qui sont arrivés en Pologne venaient pour la plupart des régions de l'est de l'Ukraine », qui ont été attaquées les premières par l'armée russe, note un observateur sur place.

Les 6,5 millions d'Ukrainiens qui n'ont pas quitté leur pays et se sont déplacés dans la partie occidentale du pays pourraient bientôt arriver en Europe de l'Est, région où est déjà concentrée l'immense majorité des réfugiés. L'Allemagne a jusqu'ici ouvert ses portes à 200.000 Ukrainiens, et la France, à 20.000. Varsovie réclame pour l'heure de l'argent, 3 milliards d'euros, pour financer cette gigantesque opération humanitaire. Elle pourrait réclamer demain une solidarité plus tangible.

Catherine Chatignoux

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité