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Oleh Baturin, journaliste ukrainien enlevé dans la région occupée de Kherson : « Ils m’ont menacé de mort »

Ce journaliste ukrainien a été kidnappé le 12 mars. Il raconte au « Monde » ses huit jours de captivité et la terreur qui s’abat dans les régions ukrainiennes occupées par les Russes.

Propos recueillis par 

Publié le 23 mars 2022 à 02h44, modifié le 23 mars 2022 à 11h20

Temps de Lecture 5 min.

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Oleh Baturin, journaliste ukrainien enlevé le 12 mars 2022, le jour de sa libération, le 20 mars 2022.

Oleh Baturin, 43 ans, est journaliste ukrainien à Khakova, dans la région de Kherson. Ce territoire du sud de l’Ukraine est tombé aux mains des Russes le 2 mars. Depuis, des manifestations se tiennent tous les jours contre l’occupant, tandis que les enlèvements se multiplient. Oleh Baturin a lui-même été kidnappé le 12 mars. Le journaliste n’a été relâché que huit jours plus tard, dimanche 20 mars. Il a accordé au Monde son premier entretien depuis sa libération.

Vous venez d’être relâché. Comment vous sentez-vous ?

Je suis épuisé. Pendant ma captivité, l’idée que mes amis, collègues, et toutes les personnes merveilleuses que je connais s’inquiétaient pour moi m’a aidé à tenir. Mais ma première nuit de liberté, je n’ai pas pu dormir. Je suis très inquiet pour mes proches et pour la suite, car je suis sur un territoire occupé.

Savez-vous qui vous a enlevé ?

J’ai compris que j’étais capturé par des soldats de l’armée russe. C’était très similaire à l’image des « petits hommes verts » [militaires russes sans insigne] qui avaient pris la Crimée [en 2014]. Ils ont sauté sur moi par-derrière, m’ont menacé avec des armes, m’ont tordu les bras et exigé que je m’agenouille.

Après, j’ai été interrogé par différentes personnes. Ceux qui menaient l’interrogatoire avaient le visage masqué ou, plus souvent, gardaient la tête baissée et couverte. De toute évidence, parmi eux se trouvaient des membres du FSB [les services russes de sécurité]. Mais il y a aussi eu des interrogatoires par des personnes non identifiées, qui étaient appelées « tchétchènes », et des gens de Donetsk [territoire séparatiste prorusse].

Pourquoi vous ont-ils enlevé ?

Ils n’ont pas exprimé de revendications, mais ils m’ont demandé différentes choses : ils voulaient les noms et contacts de ceux qu’ils appellent les « nationalistes » – qui organisent les rassemblements de soutien à l’Ukraine à Kakhovka, Nova Kakhovka, Kherson et d’autres villes occupées – et de ceux qui gèrent les chaînes Telegram dans la région.

J’ai l’impression que des complices locaux de l’occupant russe, qui voulaient se venger de moi en tant que journaliste, ont été directement impliqués dans mon enlèvement. Ils étaient présents aux premiers interrogatoires. Ils savaient que j’étais journaliste. Après cela, j’ai été remis aux « tuteurs » russes, et mon sort était entre leurs mains.

Les journalistes sont-ils devenus une cible des Russes en Ukraine ?

Oui, indubitablement. L’un de leurs objectifs est de détruire le journalisme en Ukraine, et de détruire psychologiquement et physiquement les journalistes. Ils m’en ont parlé directement : ils ont menacé de me tuer. Le deuxième jour, ils m’ont mis des menottes, bandé les yeux et emmené en voiture vers une destination inconnue. J’étais convaincu qu’ils m’emmenaient devant un peloton d’exécution. Dans ma tête, j’ai fait mes adieux à la vie, j’étais prêt à mourir. Heureusement, j’ai survécu.

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