Stendhal : « Un jeune homme de vingt-six ans se trouve avoir effacé en une année les Alexandre, les César, les Annibal, les Frédéric... » | L’Histoire en citations
Stendhal : « Un jeune homme de vingt-six ans se trouve avoir effacé en une année les Alexandre, les César, les Annibal, les Frédéric... »
Citation du jour

citations napoléonNapoléon : jugements des contemporains et de la postérité. Aussi contrastés que fondés, ils font justice à la complexité du personnage.

Feuilletez notre Chronique sur le Directoire, le Consulat et l’Empire pour tout savoir.

« Un jeune homme de vingt-six ans se trouve avoir effacé en une année les Alexandre, les César, les Annibal, les Frédéric. Et, comme pour consoler l’humanité de ces succès sanglants, il joint aux lauriers de Mars l’olivier de la civilisation. »1647

STENDHAL (1783-1842), Vie de Napoléon (posthume)

Engagé dans l’armée de Bonaparte, le futur écrivain découvre l’Italie avec un émerveillement dont son œuvre est le reflet. Il écrit cet essai à Milan en 1817-1818, pour répondre à Mme de Staël qui attaquait l’homme. Il saura aussi le critiquer.

« Ce Corse terroriste nommé Bonaparte, le bras droit de Barras […] qui n’a pas trente ans et nulle expérience de la guerre […] petit bamboche à cheveux éparpillés, bâtard de Mandrin. »1648

Jacques François MALLET du PAN (1749-1800). Dictionnaire critique de la Révolution française (1992), François Furet, Mona Ozouf

Suisse d’expression française, il est le porte-parole des émigrés et l’agent secret de la cour auprès des gouvernements antirévolutionnaires. Un article sur la conduite de Bonaparte en Italie (lors de sa campagne de 1797) irrite profondément le « Corse terroriste » et force l’écrivain journaliste à s’exiler. Bonaparte ne supporte la contradiction, l’opposition.

« Chacun de ses pas désormais est marqué par une parole, par un de ces mots historiques qu’on retient parce qu’il est éclairé de gloire. »1659

Charles-Augustin SAINTE-BEUVE (1804-1869), Causeries du lundi, volume I (1857), 17 décembre 1849

Il juge en critique littéraire, mais replace le discours en situation historique : « Henri IV avait eu des traits d’esprit, des saillies heureuses ; mais, ici, il fallait une éloquence à la hauteur nouvelle des grandes opérations, à la mesure de ces armées sorties du peuple, la harangue brève, grave, familière, monumentale. Du premier jour, au nombre de ses moyens de grande guerre, Napoléon trouva celui-là. »

« Bonaparte n’est point grand par ses paroles, ses discours, ses écrits, par l’amour des libertés qu’il n’a jamais eu […] Il est grand pour avoir créé un gouvernement régulier, un code de lois, des cours de justice, des écoles, une administration forte, active, intelligente […] Il est grand pour avoir fait renaître en France l’ordre au sein du chaos […] Il est grand surtout pour être né de lui seul, pour avoir su, sans autre autorité que celle de son génie, se faire obéir par trente-six millions de sujets […] Il est grand pour avoir surpassé tous les vainqueurs qui le précédèrent, pour avoir rempli dix années de tels prodiges qu’on a peine aujourd’hui à les comprendre. »1685

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Le styliste manie en maître l’anaphore (répétition, en termes de rhétorique). Les relations personnelles du grand écrivain et du grand homme se gâteront sous l’Empire, mais quand l’émigré, enfin radié de la liste, rentre en France en 1800, l’admiration est totale pour Bonaparte - jusqu’à l’exécution du duc d’Enghien, en 1804.

« Ce siècle avait deux ans. Rome remplaçait Sparte. / Déjà Napoléon perçait sous Bonaparte,
Et du Premier Consul déjà par maint endroit / Le front de l’empereur brisait le masque étroit. »1728

Victor HUGO (1802-1885), Les Feuilles d’automne (1831)

1802. C’est aussi l’année de naissance du poète qui domine le siècle. Son père deviendra général et comte d’Empire. Chantre de la légende napoléonienne, Hugo jouera un vrai rôle politique, dans notre histoire de France.

« Chaque année, la France faisait présent à cet homme de trois cent mille jeunes gens ; c’était l’impôt payé à César. »1764

Alfred de MUSSET (1810-1857), La Confession d’un enfant du siècle (1836)

Mais l’enfant du siècle orphelin de Napoléon évoque aussitôt après l’Empire glorieux : « Jamais il n’y eut tant de joie, tant de vie, tant de fanfares guerrières dans tous les cœurs. Jamais il n’y eut de soleils si purs que ceux qui séchèrent tout ce sang. On disait que Dieu les faisait pour cet homme, et on les appelait ses soleils d’Austerlitz. »

« Napoléon, Monsieur le Vidame, eut une autre femme que Joséphine et que Marie-Louise. Cette compagne […] porte un manteau d’azur constellé d’étoiles, elle est couronnée de lauriers […] la croix d’honneur brille sur sa poitrine […] Elle se nomme la Gloire. »1770

Anatole FRANCE (1844-1924), Le Crime de Sylvestre Bonnard (1881)

Dès 1797, Bonaparte prédit cet engrenage du destin : « Mon pouvoir tient à ma gloire, et ma gloire aux victoires que j’ai emportées. Ma puissance tomberait si je ne lui donnais pour base encore de la gloire et des victoires nouvelles. La conquête m’a fait ce que je suis, la conquête seule peut me maintenir » (cité dans les Mémoires de Roederer).

« Il avait trop, certes, du soldat quand il était parmi les rois, mais qui plus que lui fut royal au milieu des soldats ? »1780

Walter SCOTT (1771-1832), La Vie de Napoléon (1827)

L’empereur reste un parvenu, face aux têtes couronnées. Il enrage, en 1804 : « Cinq ou six familles se partagent les trônes de l’Europe et elles voient avec douleur qu’un Corse est venu s’asseoir sur l’un d’eux. Je ne puis m’y maintenir que par la force. » D’où l’engrenage des guerres et des coalitions. Mais avec ses hommes, le contact est immédiat. Royal dans ses célèbres Proclamations, fraternel et familier, dans ses faits et gestes de « Petit Caporal » au plus près de ses troupes.

« Vivant, il a manqué le monde ; mort, il le possède. »1783

François René de CHATEAUBRIAND (1768-1848), Vie de Napoléon, livres XIX à XXIV des Mémoires d’outre-tombe (posthume)

Grand témoin et acteur de l’histoire, pour lui, la plus belle conquête de Napoléon n’est pas l’Europe, mais celle de l’imagination des générations qui suivent l’Empire. Il sera fasciné par l’empereur, alors même qu’il le combat, en opposant résolu : « Cet homme, dont j’admire le génie et dont j’abhorre le despotisme. » Laissons-lui le mot de la fin.

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