La Russie interdit l'euro et le dollar pour payer les livraisons de gaz russe : les prix décollent de 20 %

La Russie contre-attaque sur le front des sanctions économiques à son encontre.

La Libre Eco avec AFP
La Russie interdit l'euro et le dollar pour payer les livraisons de gaz russe : les prix décollent de 20 %
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Vladimir Poutine a annoncé que la Russie n'acceptera plus de paiements en dollars ou en euros pour les livraisons de gaz à l'Union européenne.

"J'ai pris la décision de mettre en oeuvre un ensemble de mesures pour passer au paiement en roubles de notre gaz livré aux pays hostiles, et de renoncer dans tous les règlements aux devises qui ont été compromises", a dit le président russe lors d'une réunion gouvernementale, expliquant qu'il s'agissait d'une réaction au gel des actifs de la Russie en Occident.

Vladimir Poutine a demandé à la banque centrale et au gouvernement d'établir "dans un délai d'une semaine" le nouveau système qui doit être "clair, transparent" et implique "l'acquisition de roubles sur le marché" russe des changes.

Cette annonce a eu un effet immédiat sur la devise russe, qui s'est renforcée face à l'euro et au dollar, alors qu'elle s'était écroulée dès le 24 février et l'entrée des forces russes en Ukraine.

Il a également laissé entendre que d'autres exportations russes seraient concernées, les Occidentaux ayant gelé quelque 300 milliards de dollars de réserves russes détenues à l'étranger, mesure que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a qualifié de "vol".

"Il est clair que livrer nos marchandises à l'UE, aux États-Unis, et recevoir des dollars, des euros, d'autres devises, ne fait plus aucun sens pour nous", a dit M. Poutine.

L'Union européenne, toujours dépendante

Pour le moment, les hydrocarbures russes ont été largement épargnés des lourdes sanctions occidentales contre la Russie. Certes, Washington a décrété un embargo sur le gaz et le pétrole russe. Mais ces derniers continuent de couler à flot vers l'Europe, très dépendante des hydrocarbures russes et premier marché pour Moscou.

Mais l'Union européenne réfléchit désormais elle aussi à un embargo sur le pétrole russe. Plusieurs sommets internationaux déterminants sont attendus qui laissent présager de nouvelles sanctions occidentales.

Moscou prône pour sa part depuis des années la dédollarisation de son économie, afin d'en réduire la vulnérabilité aux sanctions.

En mars 2019, le géant gazier public russe Gazprom a ainsi annoncé sa première vente de gaz en roubles à une entreprise européenne.

"Il est absolument évident que sans les hydrocarbures russes, si des sanctions sont imposées, les marchés du gaz et du pétrole s'effondreront. La hausse des prix des ressources énergétiques peut être imprévisible", a déclaré mercredi Alexandre Novak, vice-Premier ministre chargé de l'Énergie.

Hausse immédiate des prix

Dans la foulée de cette annonce, le prix du gaz européen grimpait de plus de 20 %.

Sur le marché néerlandais, qui fait figure de référence pour le prix du gaz eu Europe, une hausse de 21% était observée, à 119 euros le mégawattheure.

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