19e Festival Photo de La Gacilly : les auteurs des expositions sur l’Afghanistan, l’Iran et le Pakistan

Qui sont les photographes qui offrent leurs “Visions d'Orient” ? La sélection est détaillée et commentée par Cyril Drouhet, commissaire des expositions.

Kuchies, Afghanistan, Kandahar. Les Kuchies sont les nomades d’Afghanistan. Ils voyagent de l’Iran jusqu’aux frontières du Pakistan. Bibi-Zorak, qui se dit âgée de 45 à 55 ans, est mère de 3 garçons et de deux filles. Elle a perdu son premier mari il y a une quinzaine d’années et a dû se remarier avec le frère de son époux, comme le veut la tradition, Zahir Khan, âgé d’environ 85 ans.
Kuchies, Afghanistan, Kandahar. Les Kuchies sont les nomades d’Afghanistan. Ils voyagent de l’Iran jusqu’aux frontières du Pakistan. Bibi-Zorak, qui se dit âgée de 45 à 55 ans, est mère de 3 garçons et de deux filles. Elle a perdu son premier mari il y a une quinzaine d’années et a dû se remarier avec le frère de son époux, comme le veut la tradition, Zahir Khan, âgé d’environ 85 ans. (©© Véronique de Viguerie)
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« Un couple âgé, où un homme embrasse son épouse, chez eux », décrit Cyril Drouhet, commissaire des expositions du Festival Photo de La Gacilly, dont la 19e édition se tiendra du 3 juin au 30 septembre 2022. Il en a présenté la programmation à La Gacilly le 17 mars 2022.

« Cette image est impossible à voir. Parce qu’en Afghanistan, les gestes de tendresse, on ne les montre pas. Elle témoigne de la force de la photographe, en immersion dans le pays, de ses rapports avec ses habitants. »

Cyril DrouhetCommissaire des expositions du Festival Photo de La Gacilly

Cette image est l’une de celles de l’exposition de Véronique de Viguerie, photoreporter française, actuellement en reportage à Kiev. Plutôt que de retenir ses photos de guerre, le festival choisit de montrer « la vie d’un peuple, des éclats de paix, des lueurs d’espoir dans des décors à couper le souffle ».

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L’Afghanistan des années 1960 de Paul Almasy

Au début des années 1960, le photographe grand voyageur Paul Almasy, disparu en 2003, effectue en Afghanistan un long séjour. « Il documente la vie de ce pays qui souhaitait alors s’ouvrir au monde moderne et encourageait la scolarisation. Non, l’Afghanistan, ça n’a pas toujours été les ténèbres. Oui, il y a eu des tentatives, et parfois, ça a marché. Et il faut le montrer. »

Le festival met aussi en avant d’autres images impossibles : « Une femme dévoilée, maquillée, moderne au volant d’une voiture en train de fumer », décrit Cyril Drouhet. « C’est une vraie image de révolte et de beauté. » Elle est signée par Fatimah Hossaini, « jeune artiste afghane de 28 ans, à la fois photographe, professeure à Kaboul et activiste ». « Réfugiée en France, elle défend dans ses images l’audace de la beauté, celle des Afghanes, et, à travers elles, celle de la liberté, de la dignité et de la paix. »

L’AFP toujours présente à Kaboul

Le festival poursuit cette exploration de l’âme afghane à travers « les clichés les plus émouvants » de deux reporters afghans emblématiques de l’Agence France Presse (AFP). « Shah Marai est mort dans un attentat en 2018. » Tandis que « Wakil Kohsar continue de témoigner inlassablement à la tête du bureau de Kaboul ».

Une rétrospective du photographe Abbas

« L’Iran reste un berceau de la civilisation » rappelle Cyril Drouhet. « Fondé il y a plus de 2 500 ans, l’empire perse s’étendait autrefois de la Macédoine jusqu’à l’Inde. Grand pays de la poésie et du cinéma par la qualité de ses réalisateurs, les photographes qui en sont issus ont toujours choisi de briser les convenances pour développer un style novateur. »

À l’instar du grand photographe Abbas, « iranien par ses origines », qui « a laissé des clichés qui resteront dans l’Histoire ». Ce « membre éminent de l’agence Magnum a construit une œuvre puissante, depuis son témoignage sur la révolution iranienne de 1979 jusqu’à son regard, pétri d’humanisme, sur les hommes et les dieux : un voyage entre ombre et lumière ». L’exposition, conçue avec sa veuve et son frère, sera la première rétrospective de son œuvre depuis sa disparition en 2018.

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Le style novateur des photographes iraniens

« Nous avons choisi de dévoiler le travail de quatre jeunes artistes, tous nés après la révolution islamique. Ils ont en commun le souci de leur liberté artistique et une conscience écologique omniprésente. » C’est le cas de la photographe Gohar Dashti, dont le festival montrera cinq séries, « vibrants témoignages de notre relation à notre environnement ».

Sécheresse et désert

Ebrahim Noroozi, dont le travail a déjà été couronné de plusieurs World Press, documente la lente disparition du lac d’Ourmia, l’un des plus grands lacs salés du monde. Le festival programme également une série sur « la relation entre les hommes et les ressources en eau de son pays : un tiers de l’Iran est recouvert de désert ».

Le statut des femmes

Maryam Firuzi, jeune artiste de 35 ans, « explore aussi l’Iran actuel à sa manière », « en interrogeant le statut de la femme dans un univers si masculin ». Ses quatre travaux présentés offrent des « mises en scène savantes qui sont autant de messages sous-entendus ».

Enfin, Hashem Shakeri, jeune artiste de 34 ans, porte un « regard sur la sécheresse endémique dans la région du Sistan et Baloutchistan ».

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Les contradictions du Pakistan

Le festival dévoile, en « épilogue de ces Visions d’Orient », le Pakistan vu par la française Sarah Caron, qui y vit, mariée à un Pakistanais, depuis 2007. « Le Pakistan, dans son regard, est une mosaïque de courants contradictoires : des villes fourmilières, des paysages montagneux enclavés et déserts, une jeunesse citadine provocatrice, une société rurale conservatrice. »

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