AP - Visar Kryeziu | Réfugiés fuyant l'Ukraine au poste frontière de Medyka, en Pologne, le lundi 7 mars 2022.
AP - Visar Kryeziu | Réfugiés fuyant l'Ukraine au poste frontière de Medyka, en Pologne, le lundi 7 mars 2022.

Une plate-forme qui met en contact des hôtes et des particuliers à la recherche d’une chambre, c’est le concept qui a été popularisé par Airbnb. Si ce n'est que le site Ukraine Take Shelter a été créé pour aider à mettre en contact des réfugiés ukrainiens et des gens, dans le monde entier, prêts à mettre à leur disposition une chambre ou un appartement.  En dix-huit jours, 25 000 listages ont été créés et un million d’utilisateurs ont visité le site.

De notre correspondante à New York

Le principe de Ukraine Take Shelter est très simple. Il suffit, pour le réfugié, d’indiquer le nom de la ville où il cherche un logement et des listes de propositions apparaissent avec des filtres : la durée déjà – logement de secours, de transition pour quelques jours, ou de longue durée, le nombre de places disponibles, si les enfants sont admis, si les animaux de compagnie sont bienvenus. Et puis un contact direct par WhatsApp pour des appels internationaux gratuits. Le tout en 16 langues : les langues européennes de tous les pays voisins de l’Ukraine. Bref, le meilleur de la technologie au service des premières victimes de cette guerre : les civils obligés de quitter leur pays.

Certains Ukrainiens décident de ne quitter leur patrie qu’une fois qu’ils ont trouvé une offre au préalable, comme les membres cette famille de Kharkiv, à qui on a proposé une maison de campagne en France. Trois jours plus tard, alors qu’ils venaient de poser leurs sacs, ils ont appris que leur domicile en Ukraine avait été totalement détruit par un missile. Pour eux, la plate-forme leur a sauvé la vie.

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L'ONU dépassée

Trois millions d’Ukrainiens ont fui leur pays jusqu’à maintenant, selon l’ONU. Pologne, Slovénie, Hongrie, Roumanie sont les destinations qui ont accueilli le plus d’Ukrainiens de façon assez réactive, mais en ayant conscience d’être submergés. Le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ne cache pas non plus qu’il a été complètement pris de court par la guerre et que l’assistance met du temps à se mettre en place.

La plate-forme reconnaît à la fois son utilité et ses limites. En volume déjà, puisqu’elle est loin d’offrir 3 millions de logements. Mais aussi, elle a conscience des dangers potentiels de mettre si rapidement des hôtes en ligne sans pouvoir vérifier leurs profils alors que l’on sait bien que les femmes et les enfants réfugiés peuvent être particulièrement vulnérables lors de ces crises humanitaires, se faire exploiter, se faire violenter. Aussi, une liste de recommandations et de questions que les réfugiés peuvent poser aux hôtes avant de confirmer leur venue sont détaillées.


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Un service mis en ligne rapidement

Ce sont deux étudiants de Harvard qui ont créé le site. Ils ont 18 et 19 ans. Avi Schiffmann a été touché par les demandes d’aide des Ukrainiens américains lors d’une manifestation. Ce n’est pas la première fois que cet adolescent utilise sa passion de la tech au service de causes plus larges. Il avait déjà construit une carte interactive des manifestations Black Lives Matter, ainsi qu’un site pour traquer le Covid-19. Il a appelé son ami Marco Burstein et en trois jours, trois nuits, ils ont créé l’ensemble de la plate-forme et l’ont lancée le 3 mars.

En une semaine, 4 000 offres de logements avaient déjà été postées ! Les deux amis travaillent maintenant à intégrer aussi les listages de plates-formes de locations et d’ONG, et à vérifier les offres aussi. Enfin, ils voudraient monter des plates-formes similaires pour les réfugiés syriens et afghans.

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