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Police-Justice

Affaire Mila: le profil inquiétant d'un Tchétchène mis en examen pour avoir menacé la jeune femme

Mila à Paris, le 15 janvier 2022

Mila à Paris, le 15 janvier 2022 - JOEL SAGET / AFP

Un jeune Tchétchène a été interpellé en août dernier après des menaces de mort à l'encontre de Mila. Mis en examen en septembre notamment pour apologie du terrorisme, il a été laissé en liberté et placé sous contrôle judiciaire, de quoi inquiéter la famille de la jeune femme.

Un Tchétchène de 17 ans au profil inquiétant a été interpellé en août dernier pour avoir proféré des menaces de mort à l'encontre de Mila. Mis en examen en septembre pour apologie du terrorisme et provocation à des actes de terrorisme, il a été laissé en liberté et placé sous contrôle judiciaire. La famille de Mila est depuis rongée par l'inquiétude, tant les éléments sur son profil, dont BFMTV a pu prendre connaissance, sont préoccupants.

Depuis le 18 janvier 2020, la jeune femme a été la cible de plus de 50.000 menaces  de mort, pour avoir critiqué l'islam sur Instagram et revendiqué son droit au blasphème. Mais, dans la masse des harceleurs, certains profils émergent et inquiètent tout particulièrement.

C'est le cas de Saïd A., un Tchétchène de 17 ans, interpellé par la police judiciaire au domicile familial à Langres (Haute-Marne), le 31 août dernier.

"Elle ose insulter Allah et devient célèbre pour cela"

Repéré par la DGSI en juin 2021, le jeune homme, arrivé en France avec sa famille en 2013, et bénéficiant d'un statut de réfugié, avait posté sur le réseau social RocketChat des messages appelant ses "frères moudjahidines", c'est-à-dire des combattants d'une armée jihadiste, à s'en prendre à Mila.

"Il est temps de s'occuper de cette femme Mila qui insulte Allah, le Seigneur des Mondes, de la pire des manières, elle ose l'insulter et devient célèbre pour cela. (...) Où êtes-vous, Moudjahidines? Elle insulte votre seigneur et elle marche sereinement sur Terre? Vous avez là un problème à régler, élancez vous comme votre frère Abdullah Ash Shishani (un jihadiste tchétchène mort en Syrie, ndlr), qu'Allah accepte de lui le martyr. Préparez un plan intelligent", a-t-il écrit.

Un plan intelligent, cet élève sans difficultés se destinant à une filière ingénieur ou informatique, en avait un: dans un autre message capté par la DGSI, il expliquait vouloir hacker les comptes de Mila sur les réseaux sociaux pour obtenir sa localisation, ou encore approcher son entourage pour savoir où elle se trouvait.

Du fil à retordre pour les enquêteurs

Saisie en juillet 2021 après la découverte de ces messages, la police judiciaire de Reims se met alors à surveiller son compte Twitter, et constate qu'il diffuse de la propagande pour l'État islamique, mais aussi qu'il est en contact avec une dizaine de personnes basées en zone irako-syrienne.

Quel était le degré d'avancement de son projet? Avait-il sollicité plus précisément des complices? Difficile de le savoir: placé en garde à vue le 31 août, le jeune homme refusera de donner le code de déverrouillage de son téléphone. Les experts chargés de l'exploiter y découvriront même un système de protection avec risque d'effacement des données en cas de mauvaise manipulation, donnant du fil à retordre aux enquêteurs.

À l'issue de sa garde à vue, le jeune homme est laissé libre sous contrôle judiciaire, avec obligation de se présenter à la gendarmerie trois fois par semaine et interdiction de sortir du département.

"Ce profil est un cran au-dessus"

Un traitement un peu léger, pour la famille de Mila, rongée depuis par l'inquiétude. "La justice a-t-elle pris la mesure de ce dossier?", se demande la mère de la jeune femme.

"Ce jeune homme a appelé à passer à l'acte dans des termes précis et bien écrits. On est face à quelqu'un qui n'est pas bête. Beaucoup d'actions terroristes ont commencé ainsi. Ce mode opératoire en rappelle d'autres", poursuit-elle.

"Par rapport à tous ceux qui ont adressé des menaces à Mila, ce profil-là est clairement un cran au-dessus", renchérit son avocat, Me Richard Malka.

Depuis la mise en examen du suspect, il y a sept mois, Mila n'a pas été convoquée par le juge pour être tenue au courant de l'avancée du dossier. Le jeune homme lui, est libre. Contacté par BFMTV, son avocat n'a pas donné suite à nos sollicitations.

Cécile Ollivier avec E.F.