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L'artiste belge Jan Fabre jugé, en son absence, pour harcèlement sexuel au travail

L'artiste Jan Fabre.
L'artiste Jan Fabre. LOUISA GOULIAMAKI / AFP

Douze femmes accusent le plasticien et chorégraphe de 63 ans, qui encoure une peine maximale de cinq ans de prison. Le procès s'ouvre vendredi.

Le procès du célèbre artiste belge Jan Fabre, poursuivi notamment pour «violence» et «harcèlement sexuel» au sein de sa compagnie de danse, s'est ouvert vendredi matin, en son absence, devant le tribunal correctionnel d'Anvers. Le plasticien et chorégraphe de 63 ans, qui doit répondre aussi d'«un attentat à la pudeur» sur une ex-collaboratrice, ne s'est pas présenté au premier jour de l'audience, qui devait être consacré aux témoignages des femmes qui se disent victimes de ses agissements. au sein de sa compagnie de danse et d'un «attentat à la pudeur». Elles sont douze au total et «seront présentes», a assuré l'Institut belge pour l'égalité des femmes et des hommes, également partie civile. L'audience doit se poursuivre le 1er avril et le jugement sera ensuite mis en délibéré. Le plasticien et chorégraphe de 63 ans encoure une peine maximale de cinq ans de prison.

Ce procès doit être l'occasion d'entendre ses explications pour la première fois depuis septembre 2018, quand l'affaire a éclaté par le biais d'une lettre ouverte d'anciens collaborateurs ou stagiaires de sa compagnie Troubleyn. Dans ce texte, publié par un média néerlandophone spécialisé, vingt personnes au total – majoritairement des danseuses - dénoncent les pressions, humiliations voire le chantage à caractère sexuel subis dans leur travail de la part du chorégraphe.

Jan Fabre réfute alors les accusations. «Nous ne forçons personne ici à faire des choses considérées pour l'un, l'une ou l'autre comme au-delà de ses limites. Je n'ai jamais eu l'intention d'intimider ou de blesser les gens psychologiquement ou sexuellement», plaide-t-il dans un droit de réponse au même média.

À l’époque, après la déferlante MeToo née en 2017 avec l'affaire Weinstein aux États-Unis, une étude a été lancée par les autorités flamandes, dans le nord néerlandophone de la Belgique, pour recenser les comportements inappropriés à caractère sexuel dans le monde des médias et de la culture. C'est dans ce contexte que Jan Fabre, grande figure européenne de l'art contemporain, est interrogé en juin 2018 par la chaîne VRT. Quand on lui soumet les résultats de l'étude affirmant qu'une femme sur quatre dans ce secteur d'activité a déjà subi une avance sexuelle non désirée au travail, il répond: «Chez moi, jamais». «Dans notre compagnie, en quarante ans, il n'y a jamais eu le moindre problème», assure-t-il, déclenchant une vive riposte.

«Pas de sexe, pas de solo»

La lettre ouverte fourmille de déclarations détaillées et l'accuse d'avoir dit un jour «pas de sexe, pas de solo» à une danseuse. Elle fait les gros titres en Belgique et à l'étranger. À Anvers, l'Auditorat du travail, une section spécialisée du parquet, ouvre une enquête. Trois années d'investigations aboutissent en juin 2021 à un renvoi devant la justice pénale pour «violence, harcèlement ou harcèlement sexuel au travail» à l'égard de «12 employés», ainsi que pour un «attentat à la pudeur» à l'encontre d'une de ces femmes.

Né à Anvers en décembre 1958, Jan Fabre, à la fois auteur, plasticien et metteur en scène de théâtre, a la réputation depuis les années 1980 d'être un des artistes les plus protéiformes et avant-gardistes de son époque. Célèbre pour ses élytres de scarabées (il en a revêtu tout le plafond de la salle des glaces du Palais royal à Bruxelles), il est aussi connu pour ses provocations. En 2012, il a dû s'excuser après une performance montrant un «lancer de chats» à Anvers, qui lui a valu d'être physiquement agressé.

Avec la perspective du procès, le secteur culturel a été secoué, amené parfois à trancher entre soutien à un monument de l'art contemporain et prise de distance vis-à-vis d'un homme désormais trop sulfureux. Un spectacle de Troubleyn prévu fin 2021 à Charleroi (Belgique francophone) a été annulé après des «pressions et invectives», selon le programmateur. En revanche, à Namur (centre), pas question de retirer la sculpture de tortue géante devenue un emblème de la ville. «Personne n'a imaginé supprimer tous les films de Woody Allen lorsqu'il a fait l'objet d'une plainte», a souligné le bourgmestre Maxime Prévot.

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7 commentaires
  • Anonyme

    le

    On se demande quel homme riche ou connu n'a pas encore été accusé. Les non lieu se succèdent mais on n'exige jamais de dommages et intérêts à la hauteur des préjudices subis, alors la vague continuera indéfiniment... C'est tellement facile. Dans mon entreprise on a demandé aux managers de ne plus recevoir de femmes en privé dans les bureaux, suite à des tentatives de chantage aux fausses accusations de harcèlement. Et pourtant la DRH est ultra-féministe, partiale et pas du tout à parité. C'est dire l'ampleur du phénomène.

  • Alexdelalibre

    le

    "devant le tribunal correctionnel d'Anvers (nord)" Sérieusement les gars, c'est du niveau US ça. Anvers est dans le Nord et Lille dans les Bouches du Rhône? Et Namur préfecture du département Sambre-et-Meuse.

  • NondeNon

    le

    Anvers c' est en Belgique, en Flandre maritime, et pas dans le Nord département français.

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