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Election en Sarre: le SPD de Scholz remporte son premier test électoral

Lors d’un scrutin en Sarre, le parti du chancelier a recueilli 43,5% des voix, contre 28,5% pour la CDU. Le SPD met un terme à 23 années de règne des conservateurs dans cette petite région

Anke Rehlinger, la cheffe de file régionale du SPD, à Sarrebruck (Allemagne), dimanche 27 mars. — © LUKAS BARTH / REUTERS
Anke Rehlinger, la cheffe de file régionale du SPD, à Sarrebruck (Allemagne), dimanche 27 mars. — © LUKAS BARTH / REUTERS

Un peu plus de cent jours après son accession au pouvoir, le parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz a remporté haut la main son premier test électoral, un scrutin régional en Sarre, face à des conservateurs en crise.

Le parti du chancelier a recueilli 43,5% des voix, contre 28,5% pour les chrétiens-démocrates de la CDU, à la tête depuis plus de 20 ans de cette petite région de l’ouest de l’Allemagne, selon de premiers résultats officiels. Le SPD obtiendrait même la majorité absolue au parlement du Land, avec 29 des 51 sièges, contre 19 pour la CDU. Les autres partis, des écologistes à l’extrême droite en passant par les libéraux, peineraient eux à atteindre les 5% nécessaires pour siéger au parlement régional.

Les électeurs ont «clairement opté pour un changement à la tête de leur région», a réagi sur Twitter Olaf Scholz, saluant une «victoire convaincante».

Anke Rehlinger, une cheffe populaire en Sarre

Les sociaux-démocrates, à la tête de la coalition au pouvoir depuis début décembre, gagneraient ainsi plus de 13 points par rapport au précédent scrutin en 2017 dans ce Land, le plus petit d’Allemagne après les villes de Berlin, Hambourg et Brême.

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Les sociaux-démocrates se sont appuyés sur la popularité de leur cheffe de file régionale, Anke Rehlinger, 45 ans, juriste et détentrice du record sarrois du lancer de poids. Ministre de l’Economie et vice-présidente du précédent gouvernement régional, Anke Rehlinger jouit d’une bonne image auprès des Sarrois, qui apprécient notamment son implication auprès des victimes de la désindustrialisation.

Son adversaire, l’actuel ministre-président Tobias Hans, 44 ans, va lui devoir céder la direction d’un Land dont il tenait les manettes depuis quatre ans.

Un test avant une «super-année» électorale

Donné comme moribond il y a encore quelques mois, avant de remporter une victoire surprise aux élections générales de septembre, le SPD va ainsi mettre un terme à 23 années de règne des conservateurs dans cette petite région frontalière de la France.

Ce test grandeur nature depuis l’accession au pouvoir d’Olaf Scholz, à la tête d’une coalition formée avec les écologistes et libéraux, est le premier d’une «super-année» électorale en Allemagne, marquée par trois autres scrutins régionaux.

La question reste néanmoins de savoir quelles leçons nationales pourront être tirées de ce scrutin dans cette toute petite région. Les sondages nationaux montrent, en effet, une érosion du SPD depuis les législatives: ils sont devancés désormais par les conservateurs et Olaf Scholz fait l’objet de nombreuses critiques, visant en particulier son manque de leadership face à la guerre en Ukraine ou la pandémie.

Une forme d’union sacrée depuis l’invasion russe de l’Ukraine

Les enjeux régionaux ont «fait pencher la balance» dans cette élection, a estimé le vice-président de la CDU, Andreas Jung, ne souhaitant pas tirer de conclusions nationales de cette «soirée amère».

Ce succès régional montre que la victoire de septembre n’était pas un «succès unique», sans lendemain, juge au contraire le co-président du SPD, Lars Klingbeil.

En Sarre même, le SPD semble avoir bénéficié d’une forme d’union sacrée qui a suivi l’invasion russe de l’Ukraine. «Tout ce qui est dit et fait actuellement est sous l’influence de la guerre. Ce n’est pas le moment de faire de l’opposition», résumait avant le scrutin Thorsten Frei, un des cadres du groupe CDU au Bundestag.

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En quête d’un nouvel élan après sa défaite de septembre, qui a mis fin à 16 années à la tête du pays, la CDU, désormais dirigée par un rival d’Angela Merkel, Friedrich Merz, a donc encore du pain sur la planche pour sortir son parti de la crise qu’il traverse depuis le départ d’Angela Merkel. Après quatre mandats d’Angela Merkel, la CDU semble susciter une «lassitude générale», estime l’hebdomadaire Der Spiegel.