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Femmes

60% des Français disent avoir été exposés à des actes sexistes ou sexuels au travail

INFOGRAPHIES - Malgré l’obligation pour les entreprises de sensibiliser et lutter contre les violences sexistes et sexuelles au travail, les actions mises en place semblent insuffisantes. Près de la moitié des salariés (45%) jugent que leur entreprise ne s’implique pas assez sur ce sujet, selon un sondage OpinionWay pour Ekilibre Conseil.

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Une femme travaille à son bureau.

60% des actifs affirment avoir été exposés à au moins un agissement à connotation sexiste et/ou sexuelle dans le cadre de son travail au cours des 12 derniers mois, selon un sondage OpinionWay pour Ekilibre Conseil. (Photo d'illustration) 

©RODNAE Productions / Pexels

Emmanuel Macron en avait fait l’une de ses priorités de son quinquennat: lutter contre les violences sexistes et sexuelles en France. Et s’il est réélu, il compte une fois de plus porter l'égalité femmes-hommes comme "grande cause nationale". Mais le combat est loin d’être gagné, notamment au travail à en croire un sondage OpinionWay pour Ekilibre Conseil, publié ce lundi 28 mars. D’après cette étude menée sur un échantillon représentatif de 1.009 salariés du public et du privé, 60% des interrogés affirment avoir été exposés à au moins un agissement à connotation sexiste et/ou sexuelle dans le cadre de son travail au cours des 12 derniers mois. Parmi les réponses citées, 47% ont entendu des "blagues" à connotation sexuelle dont 10% au moins une fois par semaine. Et 14%, dont une majorité écrasante de femmes, assurent avoir fait l’objet de regards insistants sur une partie du corps, de sifflements ou de gestes ou bruits grossiers à connotation sexuelle sur cette même période.

Plus alarmant encore, près d’un salarié sur dix a subi des contacts physiques sur la bouche, la poitrine, le sexe, les fesses ou les cuisses sans consentement. Les 18-29 ans, les personnes travaillant dans le public et ceux ayant des responsabilités au sein des entreprises sont les plus touchés par ces agissements. "Entre 1/3 et 1/4 de nos dossiers concernent des agents de la fonction publique", commente Marilyn Baldeck, déléguée générale de l'association européenne contre les violences faites aux femmes au travail (AVFT). Organisations syndicales, associations, entreprises privées... L'AVFT indique aider des victimes de tous les milieux. Les secteurs les plus touchés selon Marilyn Baldeck? "Celui de la santé et dans le milieu de la sous-traitance", précise-t-elle. 

Un constat inquiétant malgré les actions mises en place par certaines entreprises pour sensibiliser et alerter leurs salariés sur les violences sexuelles et sexistes qu’ils peuvent subir au travail. "Depuis quelques années, les entreprises s’impliquent davantage mais la situation reste excessivement compliquée pour les actifs", note Marilyn Baldeck. Même constat du côté de Jean-Christophe Villette du cabinet Ekilibre: "Il y a des progrès depuis cinq ans mais l’objectif est désormais de passer d’une égalité prescrite (discrimination positive, index de l’égalité professionnelle…) à une égalité réelle dans le quotidien".

Des actions en entreprise insuffisantes

Formations du personnel, cellules d’écoute, ateliers de sensibilisation… Les initiatives ne manquent pas pour informer les salariés sur ces problématiques. 45% des actifs estiment toutefois que l’entreprise dans laquelle ils travaillent ne s’implique pas assez. Seulement 19% affirment être tout à fait d’accord avec le fait qu’elle ait "mis en place des actions nécessaires pour lutter contre le sexisme au travail". Pourtant, le code du travail spécifie bien que l’employeur doit prendre "toutes (les) dispositions nécessaires en vue de prévenir les faits de harcèlement sexuel, d’y mettre un terme et de les sanctionner". Pour les entreprises de plus de 250 salariés, un référent chargé "d'orienter, d'informer et d'accompagner les salariés" sur ces questions doit également être désigné.

"Les obligations de prévention des employeurs ne sont pas toujours respectées et quand elles le sont, c’est souvent de manière artificielle, notamment dans les grandes entreprises. Concrètement, on voit sur le papier que des actions ont été organisées mais il n’y a aucun lien de confiance entre la société et le salarié qui ne se sent donc pas en sécurité pour dénoncer les faits qu’il a subis", pointe du doigt Marilyn Baldeck. Autrement dit, on parle ici de "féminisme washing" où les entreprises s’impliqueraient contre ces violences au travail par peur de voir leur réputation impactée si rien n’est fait. Les employeurs auraient pourtant tort de ne pas s’emparer du sujet en raison des répercussions négatives sur la santé et l’état d’esprit des victimes. Toujours selon le sondage OpinionWay, 37% des interrogés ayant été victimes de violences sexuelles ou sexistes au cours de ses douze derniers mois affirment que ces agissements ont eu un impact sur leur bien-être au travail. 33% assurent que ces violences ont eu des répercussions sur leur motivation au travail et 26% sur leur santé psychique.

Au total, 60% des sondés souhaitent que leurs collègues soient plus sensibilisés sur le sexisme au travail. Pour aider les sociétés et organisations à mettre en place des actions, le gouvernement a publié en mars 2019 un "guide pratique et juridique". Une partie est également destinée aux salariés pour les accompagner en cas de harcèlement sexuel ou agissements sexistes au travail.

*Méthodologie: Cette étude a été menée par OpinionWay pour Ekilibre Conseil du 21 février au 2 mars 2022 auprès de 1.009 salariés du privé et du public d'un échantillon représentatif de la population française (sexe, âge, revenus, lieu d’habitation...).

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