La Banque Transatlantique donne la parole régulièrement à des philanthropes engagés.
Aujourd'hui, Crama et Florian du Boÿs, fondateurs du fonds de dotation Impala Avenir et de la fondation éponyme, nous présentent leur action philanthropique en faveur de personnes en situation de grande précarité.

Quand et comment est né votre engagement philanthropique ?

Notre engagement philanthropique était, avant de monter notre fonds de dotation, celui de citoyens soucieux de leurs prochains qui soutenaient de grosses associations.

En 2014, la perspective de la vente de la société de Florian, Neo Telecoms, a eu l’effet d’un catalyseur. Il nous a semblé possible de faire plus, de faire plus grand, et d’exprimer différemment notre souhait d’un monde plus juste.

Nous avons donc créé un fonds de dotation, par donation, lors de la cession de la société. Le projet que nous voulions porter avait une ligne directrice : l’autonomisation des plus démunis.

Pourquoi cette thématique de l’autonomisation des plus démunis ?

Vous avez plus d’un million de jeunes aujourd’hui en France qui sont déscolarisés, sans emploi ou formation professionnelle (NEETS) et qui se cherchent. Quand vous avez 18 ans, que vous êtes déscolarisé, ou que vous avez subi des violences ou un environnement familial difficile, et que vous vous retrouvez majeur, sans ressource, sans expérience, sans savoir-être ni connaissance des codes du monde des adultes, le combat est très injuste.

Nous avons décidé de centrer nos moyens sur la mise en place de dispositifs d’autonomisation des jeunes. Nous voulions œuvrer sur des actions très ciblées, avec un impact très fort, et nécessitant peu de moyens financiers pour offrir des perspectives à ces jeunes.

Pourquoi avoir également choisi de lancer une fondation et quel a été l'avantage pour vous de ce double dispositif philanthropique ?

Lorsque vous vous engagez dans le monde des fondations ou des associations après 25 ans de vie professionnelle, vous découvrez un monde nouveau qui ne partage pas forcément vos codes.


Nous cherchions à être hébergés au sein d’une fondation abritante pour faire partie d’un écosystème plus large de fondateurs avec lesquels nous pourrions échanger, et avec qui nous partagerions des valeurs communes. Le credo de Caritas qui est la lutte contre la pauvreté a évidemment eu un écho immédiat sur nous, et il nous a vite paru naturel de nous associer à eux, d’autant plus que l’équipe en place mobilise de grands moyens pour favoriser les interactions et échanges entre les membres.


Par ailleurs, il s’avère que l’ensemble de nos projets mobilise des moyens allant bien au-delà de notre capacité financière, et il nous a fallu faire appel à l’aide privée, en particulier l’IFI, ce que nous pouvions faire grâce à Caritas, Fondation Reconnue d’Utilité Publique.

Pourriez-vous nous présenter votre projet terrain « Les Plombiers du Numérique » ?

Les Plombiers du Numérique est un projet d’insertion de jeunes déscolarisés sur les métiers des infrastructures numériques (fibre, datacenter, smart city). La formation dure 4 mois, et consiste en une remise à niveau, un apprentissage du geste et des stages en entreprise. 67% des jeunes qui l’ont fait ont retrouvé un emploi.


La méthodologie a d’abord été testée sur une première école en Ile-de-France, avant d’essaimer sur l’ensemble du territoire avec une vingtaine d’écoles ouvertes en 4 ans, lesquelles ont accueilli plus de 750 jeunes. Nous construisons les dispositifs avec des partenaires locaux qui se l’approprient afin d’être autonomes dans leur gestion, de telle manière que nous pouvons au bout d’une année, nous consacrer au lancement de nouveaux projets.

Pourriez-vous également nous parler du projet « la Maison des Marraines » en faveur des jeunes femmes en situation de précarité ?

La Maison des Marraines concourt de la même logique. Nous savons qu’un tiers des personnes qui sont passées à la rue sont des anciens de l’Aide sociale à l’enfance (anciennement DASS). À 18 ans, l’aide que l’État apporte aux jeunes s’arrête. Et à cet âge, sans réseau ni savoir-faire, il est très difficile d’avoir la résilience de s’en sortir, et nombreux finissent à la rue. La sanction est encore plus violente en tant que femme.


La Maison des Marraines vise à héberger des jeunes femmes qui ont un projet d’autonomisation, que nous allons accompagner socialement, psychologiquement, professionnellement, jusqu’à sa réalisation. Aujourd’hui 6 maisons ont été ouvertes en Ile-de-France et dans les Hauts-de-France.

Quelles sont les prochaines étapes de votre aventure philanthropique ?

Nous montons des projets qui visent à apporter des solutions à des dysfonctionnements du système dans lequel nous vivons. Nous croyons que nos dispositifs ont vocation à disparaître – repris par les dispositifs de droit commun – et alors nous pourrons nous consacrer à l’ouverture de nouvelles actions permettant de pallier les carences de notre système social.

Repères biographiques

Crama a commencé sa vie professionnelle dans les statistiques, avant d’évoluer dans la finance – essentiellement au sein de la banque d’investissement Natixis – sur des postes d’audit, de conformité et de pilotage financier. Elle est aujourd’hui Secrétaire Générale / Responsable du Contrôle de Kirao AM, une société de gestion, tout en développant le projet de la Maison des Marraines.

Florian a fondé l’opérateur de communication Neo Telecoms en 2001, pour le revendre en 2014 à un opérateur américain. Depuis lors, il s’investit dans le développement de ses projets d’insertion en France que sont les Plombiers du Numérique et les Geeks du Bâtiment.


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Impala Avenir

Fondation Caritas France