Son débit est rapide mais ses mots sont clairs, sa voix porte loin et fort. Laura Rapp a été victime de violences conjugales pendant des années. Elle a raconté son calvaire et sa renaissance dans un livre « Tweeter ou mourir » (éditions Michalon) rédigé comme un journal intime glaçant d’une descente aux enfers qui se joue souvent dans le huit clos étouffant d’un appartement et que partagent de nombreuses femmes parfois jusqu’à la mort : l'association « Nous toutes » fait état de 113 féminicides en France en 2021. 

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Laura Rapp, elle, a survécu et a réussi à faire sortir aussi sa petite fille, Alice, de ce quotidien sordide. Son histoire fait l’objet d’un film « Elle m’a sauvée » racontant le destin parallèle de Laura et de Julie Douib qui, elle n’a pas eu la chance d’échapper aux griffes de son tortionnaire de compagnon et est décédée en mars 2019 en Corse. Le décès de Julie Douib, 30ème femme morte sous les coups de son conjoint en 2019, avait ému les Français et avait été déclencheur dans l’organisation du Grenelle contre les violences faites aux femmes. 

De la gifle, on est passé à une tentative de meurtre 

Ce qui est glaçant dans la vidéo exclusive accordée à ELLE c’est le côté implacable de la violence ordinaire et la montée en puissance des actes de violence, des coups. « Cela a été une erreur de pardonner la première gifle, reconnait Laura Rapp, car en général, cette première gifle signifie qu’il y en aura d’autres. » Pire, dans la nuit du 16 au 17 avril, son compagnon tente de l’étrangler, sous les yeux de leur fille, Alice, 2 ans. C’est après cette nuit terrible que Laura Rapp décide de porter plainte.   

L’impuissance de la police et de la justice 

Ce qui transparait dans le combat de Laura Rapp, c’est aussi sa grande solitude face aux institutions. Déposer plainte au commissariat, se battre contre le fait que son conjoint puisse être libre et la harceler en attendant le procès alors qu’il est censé avoir son lieu de résidence loin d’elle, se battre pour le déchoir de ses droits de visite et de ses droits parentaux afin de protéger sa fille… Laura Rapp a franchi de nombreux obstacles pour avoir gain de cause. Grâce à ses avocats et à l’aide de sa famille.   

Un appel aux victimes 

« Il faut beaucoup de courage pour déposer plainte contre son mari ou son compagnon, explique Laura Rapp, si vous n’en avez pas la force, parlez-en autour de vous, à votre famille, vos amis, vos collègues. » Aujourd’hui, cette femme courageuse lutte aux côté de Lucien Douib (papa de Julie Douib) contre les violences conjugales mais aussi pour la déchéance des droits parentaux pour les parents violents, car une phrase de la Juge en charge de son dossier l’a profondément marquée : « on peut être un mari violent, mais être un bon père »… Une aberration selon Laura Rapp bien décidée à mener cet autre combat jusqu’au bout. Au nom de toutes les victimes et de leurs enfants.    

« Elle m’a sauvée », téléfilm à 21h10 sur M6 suivi du documentaire « Laura : au nom des femmes » à 23h25 sur M6.