(Sydney) Les conseillers du président russe Vladimir Poutine « ont peur de lui dire la vérité » sur sa stratégie de guerre « défaillante » en Ukraine, a affirmé jeudi le directeur des renseignements britanniques.  

Vladimir Poutine a « extrêmement mal évalué » l’invasion, a déclaré le directeur de l’agence de renseignement britannique GHQ Jeremy Fleming dans un discours à l’Université nationale australienne de Canberra.

Nous avons vu des soldats russes-à court d’armes et le moral en berne-refuser d’exécuter les ordres, saboter leur propre équipement et même abattre accidentellement leur propre avion.

Jeremy Fleming, directeur des renseignements britanniques

PHOTO HANNAH MCKAY, ARCHIVES REUTERS

Jeremy Fleming

« Et même si les conseillers de Poutine ont peur de lui dire la vérité, ce qui se passe et l’ampleur de ces erreurs d’appréciation doivent être parfaitement clairs pour le régime », a-t-il estimé.  

Ces remarques, publiées à l’avance, font écho à celles des renseignements américains publiés par la Maison-Blanche la veille, indiquant que M. Poutine était « mal informé » par ses conseillers sur l’évolution de l’opération russe.

Les services de renseignement occidentaux s’efforcent de mettre l’accent sur les échecs de la Russie dans cette guerre et sur les divisions au sein du cercle restreint de Poutine.

Sur le terrain en Ukraine, Moscou utilise des mercenaires et des combattants étrangers pour soutenir ses propres forces.  

Parmi eux, le groupe Wagner, qui « passe à la vitesse supérieure » après avoir été actif dans le pays depuis l’annexion de la Crimée par la Russie en 2014.  

« Le groupe travaille comme une branche fantôme de l’armée russe », permettant à Vladimir Poutine de se déresponsabiliser face aux « opérations plus risquées », a-t-il fait valoir.

Selon M. Fleming, le président russe a cependant sous-estimé la résistance ukrainienne, la force de la coalition internationale contre lui et l’impact des sanctions économiques.

Le dirigeant russe a également surestimé la capacité de sa propre armée à remporter une victoire rapide, a-t-il ajouté.

L’engagement fait par Moscou de réduire « radicalement » son activité militaire autour de Kyiv et dans la ville du nord Tcherniguiv « montre peut-être qu’il a été obligé de se remettre en question de manière significative », selon Jeremy Fleming.

Il a toutefois averti que les cyberattaques de la Russie restent, pour l’heure, une menace : « Nous avons vu des indicateurs qui suggèrent que les cyberacteurs russes cherchent des cibles dans les pays qui s’opposent à leurs actions. »

Dans son discours, le chef des renseignements britanniques a souligné que le président chinois Xi Jinping avait refusé de condamner l’invasion, apportant un certain soutien diplomatique et économique à la Russie.  

« Dans l’optique de reprendre Taïwan, la Chine ne veut rien faire qui puisse limiter sa capacité à agir à l’avenir », a-t-il déclaré, prédisant toutefois que la relation entre la Chine et la Russie pourrait se détériorer à mesure que la puissance militaire et économique de la Chine augmente.