Le président syrien Bachar El-Assad a promulgué, mercredi 30 mars, une loi portant notamment sur la criminalisation de la torture – et ce “malgré son implication dans la torture de centaines de milliers de détenus syriens”, comme le rappelle le site du média syrien d’opposition Enab Baladi.Le texte prévoit des peines allant de trois ans de prison à la peine capitale, selon la gravité du crime.

Cette loi, explique le président de la commission des Affaires constitutionnelles et législatives du régime, Ahmad Kuzbari, a été promulguée dans le sillage de la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, adoptée par l’Assemblée générale des Nations unies en 1984, entrée en vigueur en 1987 et que la Syrie a rejointe en 2006. Damas a tardé à promulguer la loi à cause de la guerre en cours depuis 2011, a tenté de justifier Kuzbari. Enab Baladi s’interroge sur le but poursuivi par le régime :

“L’adoption de cette loi par le régime syrien, malgré son implication dans la torture de centaines de milliers de détenus, soulève des questions sur ses objectifs cachés, qui sont loin de vouloir réellement ‘criminaliser la torture’.”

Des chiffres accablants

Dans un rapport daté du 15 mars, le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) a documenté “au moins 14 664 tués à cause de la torture” depuis le début de la guerre en Syrie en 2011, dont 14 449 par les forces du régime syrien.

Enab Baladi rappelle par ailleurs qu’en Allemagne, le tribunal de Coblence a condamné en janvier l’ancien colonel syrien des services de renseignements du régime, Anouar Raslan, à la prison à perpétuité, entre autres pour actes de torture contre des milliers de Syriens : “Un message clair, disant que le régime syrien était responsable de la torture et du meurtre systématique de milliers de prisonniers syriens.”

Anouar Raslan, poursuit le site, était un officier de la “branche Al-Khatib”, un centre de détention situé dans le quartier du même nom, dans le centre de Damas, qui faisait partie de ce que Human Rights Watch avait appelé, dans un rapport datant de 2012, “l’archipel de la torture”, mis en place par le régime.