À peine sorti de prison, il met le feu à un restaurant à Toulon, avoue les faits... et le tribunal le relaxe

L'histoire est à peine croyable. À Toulon, en plein confinement, dans la nuit du 18 au 19 avril 2020, un jeune majeur s'était introduit par effraction dans le restaurant Il Parasole di Marco, au bord de mer au Mourillon et avait déclenché un incendie. Dénoncé par sa mère et malgré ses aveux à l'audience, le jeune homme qui a passé 4 mois en détention provisoire est relaxé par le tribunal correctionnel de Toulon. Explications.

Article réservé aux abonnés
Peggy Poletto Publié le 31/03/2022 à 18:24, mis à jour le 31/03/2022 à 18:24
L'homme âgé de 21 ans a été purement et simplement relaxé malgré ses aveux et des éléments probants réunis lors des investigations menées par les policiers.  Photo Laurent Martinat

L'addition judiciaire est amère pour le responsable du restaurant Il Parasole di Marco.

Victime d'un incendie lors du week-end de Pâques en avril 2020, en plein confinement, qui a ravagé la quasi intégralité de son matériel entreposé dans la réserve et généré plusieurs milliers d'euros de perte, le chef d'entreprise a découvert avec stupéfaction la condamnation prononcée le 17 mars par le tribunal correctionnel de Toulon.

L'homme âgé de 21 ans a été purement et simplement relaxé malgré ses aveux et des éléments probants réunis lors des investigations menées par les policiers. 

Connu pour stups, violences et rébellion

Remontons dans le temps, à la nuit du samedi 18 au dimanche 19 avril 2020, en plein week-end de Pâques. L'établissement toulonnais est fermé, soumis au confinement. Pas une âme ne bouge dans le coin. Enfin, pas tout à fait.

Malgré le couvre-feu, un jeune majeur, sorti de prison depuis un mois après avoir été condamné à 10 mois de prison dont 4 mois ferme pour "violences et rébellion", traîne à la nuit tombée du côté des plages du Mourillon.

Il est aussi connu depuis sa minorité pour des faits liés aux stupéfiants. Ce soir-là, sa mère lui a demandé de quitter le foyer face à son comportement. 

Comme le révélé l'enquête, il va alors pénétrer par effraction dans le restaurant. Pour se réchauffer, il entreprend d'allumer, selon lui, un barbecue à l'intérieur.

Les flammes gagnent rapidement les lieux, détruisant totalement la réserve où l'ensemble de l'équipement a été stocké. Lorsque les pompiers interviennent, comme l'indique le propriétaire, les flammes sont à deux doigts d'atteindre l'établissement voisin. Les dégâts avoisinent les 100.000 euros.

Il est dénoncé par sa mère

À la suite de l'article paru dans Var-matin relatant l'intervention des pompiers, une mère de famille se manifeste auprès d'une association d'aide aux victimes et elle fait un lien avec son fils.

La veille, il avait assurer vouloir "faire une tuerie et mettre le feu aux poubelles". Elle a aussi trouvé des vêtements de son fils sentant le brûlé. Un signalement est fait au procureur de la République. 

Sans nouvelle, quatre jours après l'incendie, cette Toulonnaise se rend au commissariat de police et insiste. Dans la foulée, le jeune homme est interpellé à Brignoles et nie les faits.

Lors de la perquisition, des vêtements à l'odeur âcre et une paire de baskets brûlée sont saisis. Une semaine après le sinistre, il est présenté en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel.

Le président de l'audience estime que l'affaire doit être renvoyée à l'instruction et qu'une expertise psychiatrique doit être réalisée. L'homme est finalement mis en examen pour "incendie involontaire". 

Pourquoi n'a-t-il pas été condamné?

À l'audience, le jeudi 18 février, le prévenu avoue avoir mis le feu, mais ne pas avoir maîtrisé la situation. Sa version (fluctuante) consiste à dire que le restaurant était ouvert.

Il dit avoir mis allumé un barbecue, paniqué face à "un feu si grand" et avoir voulu le stopper avec ses vêtements. Les vêtements trouvés ne portaient toutefois pas de traces de brûlures et la vidéosurveillance démontre qu'il a pénétré par effraction en cassant une porte et qu'il est parti en courant. 

À l'audience, comme le rapporte une des parties civile (Le Parasole di Marco et la ville de Toulon), il reconnait les faits. "Il a dit que ce n'était pas bien mais que cela aurait pu arriver à n'importe qui. C'était ouvert et il y avait de la paille...", est-il indiqué. De la paille qui semble n'avoir existé que dans son imagination. 

L'expertise psychiatrique estime que ce jeune homme de 21 ans, au casier judiciaire déjà noirci de condamnations pour stups en tant que mineur et de violences et rébellion, ne souffre d'aucune pathologie et qu'il est accessible à une sanction pénale. Sans emploi, il indique avoir été victime d'un accident alors qu'il travaillait pour un service de livraison et s'être cassée les deux jambes.  

Face aux évidences et aux preuves, le tribunal a fait application de la loi. Et c'est là que l'affaire se complique. Le prévenu est jugé pour "incendie involontaire", un motif de poursuite déterminé par le juge d'instruction.

Comme l'a indiqué le président, en ouverture des débats en février, cette infraction suppose qu'il soit fait la preuve d'un manquement à une obligation de sécurité ou de prudence. Un élément manquant ici.

Au terme d'un mois de délibéré, le tribunal a rendu son jugement et a relaxé l'individu qui n'était pas présent au palais de justice. 

Innocenté, il peut demander à être indemnisé

Pour le propriétaire du restaurant, le dénouement est affligeant. Le remboursement des dégâts n'est pas encore garanti par l'assurance. Il a fallu engager des frais pour essayer de se faire reconnaître en tant que victime.

"Il était sous contrôle judiciaire au moment des faits, contrôle judiciaire qu'il ne respectait pas et l'on doit comprendre!", ne décolère pas les victimes de l'incendie. 

Ironie de l'histoire, déclaré non coupable, l'individu peut désormais prétendre à une indemnisation de l'Etat pour les 4 mois passés en détention provisoire. Contacté, son avocat, Me Mejeri n'a pas encore répondu à nos sollicitations à ce sujet. 

“Rhôooooooooo!”

Vous utilisez un AdBlock?! :)

Vous pouvez le désactiver juste pour ce site parce que la pub permet à la presse de vivre.

Et nous, on s'engage à réduire les formats publicitaires ressentis comme intrusifs.

Var-Matin

Un cookie pour nous soutenir

Nous avons besoin de vos cookies pour vous offrir une expérience de lecture optimale et vous proposer des publicités personnalisées.

Accepter les cookies, c’est permettre grâce aux revenus complémentaires de soutenir le travail de nos 180 journalistes qui veillent au quotidien à vous offrir une information de qualité et diversifiée. Ainsi, vous pourrez accéder librement au site.

Vous pouvez choisir de refuser les cookies en vous connectant ou en vous abonnant.