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L’ONU exhorte les donateurs à ne pas oublier l’Afghanistan

Une jeune fille dans un espace pour enfants déplacés à Hérat, en Afghanistan.
© UNOCHA/Sayed Habib Bidel
Une jeune fille dans un espace pour enfants déplacés à Hérat, en Afghanistan.

L’ONU exhorte les donateurs à ne pas oublier l’Afghanistan

Aide humanitaire

Les Nations Unies ont exhorté, jeudi, la communauté internationale à soutenir l’Afghanistan lors d’une conférence d’annonces de contributions au cours de laquelle elles cherchent à obtenir une aide humanitaire d’un montant record de 4,4 milliards de dollars en faveur de ce pays. A la fin de la conférence, l'ONU a annoncé qu'un montant total de 2,44 milliards de dollars avait été promis.

Alors que 23 millions de personnes sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë, l’ONU appelle le monde à « agir maintenant » pour empêcher une détérioration de la situation. « Nous devons éviter le pire en Afghanistan et c’est pourquoi nous appelons les donateurs à se montrer généreux », a déclaré lors d’une conférence de presse virtuelle, Martin Griffiths, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordinateur des secours d’urgence de l’ONU.

L’ONU cherchait à tripler le montant demandé en 2021, pour ce qui est le plus grand appel de fonds jamais lancé pour un seul pays, mais n’a jusqu’à présent obtenu que 13% de la somme nécessaire.

Des promesses de dons sont nécessaires de toute urgence pour accélérer l’acheminement de l’aide humanitaire, a insisté l’ONU, en marge de cette « Réunion d’annonces de contributions de haut niveau sur l’Afghanistan 2022 », organisée par les Nations Unies, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Qatar.

Plus de 24 millions de personnes dans le besoin

Des Afghans attendant une distribution de nourriture dans la province d'Hérat, en Afghanistan.
© WFP/Sadeq Naseri
Des Afghans attendant une distribution de nourriture dans la province d'Hérat, en Afghanistan.

Sur le terrain, les agences humanitaires ont augmenté l’aide et sont prêtes à l’étendre, en soulignant le rôle central des femmes dans l’acheminement de l’aide. « Les Afghans ont besoin de notre aide pour stimuler leur économie, soutenir leur agriculture et assurer le fonctionnement de base des services sociaux », a plaidé M. Griffiths.

En attendant, l’Afghanistan est au bord de l’effondrement économique. Des années de conflit ont causé des souffrances prolongées dans ce pays. Comme pour aggraver les choses, le pays traverse la pire sécheresse connue depuis 30 ans, ce qui crée des besoins sans précédent pour les populations afghanes.

Les organisations humanitaires préviennent que si une réponse d’urgence est nécessaire, elle ne suffit pas à répondre à la totalité des besoins en Afghanistan. Les services de base comme la santé et l’éducation étaient désormais « à genoux », tandis que des millions de personnes n’avaient pas accès au travail et contractaient des prêts pour survivre, 80% des dépenses des ménages étant consacrées à la nourriture.

Selon l’ONU, plus de 24 millions de personnes, soit 60% de la population, ont besoin d’une aide humanitaire pour survivre. Les besoins sont 30% plus élevés que l’année dernière et la faim aiguë est une réalité quotidienne pour la moitié de la population.

Arrêter la « spirale de la mort » 

« Sans action immédiate, nous sommes confrontés à une crise de famine et de malnutrition en Afghanistan », a déclaré M. Guterres, dans son discours à la conférence. « Des gens vendent déjà leurs enfants et des parties de leurs corps, afin de nourrir leur famille. L'économie afghane s'est effectivement effondrée. Il y a très peu d'argent ».

Il a déclaré que même les agences d'aide internationales pouvaient « à peine fonctionner » et que les partenaires locaux étaient confrontés à des défis encore plus grands.

Les besoins humanitaires ont triplé depuis juin dernier, a averti le chef de l'ONU, « et ils augmentent de jour en jour ».

Il a déclaré que la communauté internationale devait trouver les moyens d'épargner au peuple afghan l'impact de la décision de suspendre l'aide au développement et de geler près de 9 milliards de dollars d'actifs afghans à l'étranger. « Il faut rendre l'argent disponible, pour que l'économie afghane puisse respirer et que le peuple afghan puisse manger », a-t-il dit. « Les pays riches et puissants ne peuvent ignorer les conséquences de leurs décisions sur les plus vulnérables ».

« La première étape de toute réponse humanitaire significative doit être d'arrêter la spirale de la mort de l'économie afghane », a-t-il ajouté.

M. Guterres a réaffirmé que l'ONU était aux côtés du peuple afghan. « Je salue la récente résolution du Conseil de sécurité renouvelant le mandat de la Mission d'assistance des Nations Unies en Afghanistan, en mettant l'accent sur la coordination de l'aide humanitaire et la promotion des droits de l'homme. Nous devons maintenant soutenir cette unité avec des promesses qui feront une différence immédiate et tangible », a-t-il dit.

L’Ukraine est d’une importance vitale, mais on ne doit pas oublier Afghanistan

« Nous avons le pouvoir d’arrêter la spirale humanitaire en Afghanistan et il est de notre devoir moral d’utiliser ce pouvoir en promettant aujourd’hui un financement généreux, flexible et inconditionnel. C’est ainsi que les humanitaires peuvent intensifier leurs opérations dès maintenant et sauver des vies en Afghanistan », a fait valoir le chef de l'humanitaire de l’ONU, Martin Griffiths.

Selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), les donateurs ont fait preuve d’une générosité remarquable pour les Afghans dans le besoin. Avec 1,8 milliard de dollars versés, les organisations humanitaires ont pu fournir à 20 millions de personnes de la nourriture, de l’eau potable, des soins de santé, une protection, des abris, une éducation et des fournitures d’hiver, alors que l’Afghanistan traversait de profonds bouleversements et un isolement international.

« L’Ukraine est d’une importance vitale, mais l’Afghanistan appelle notre âme à l’engagement et à la loyauté », a conclu depuis Kaboul Martin Griffiths.

Les droits des femmes et des filles

Des fillettes de l'école de Rukshana, à Kaboul, en Afghanistan.
Photo: UNAMA/F. Waezi
Des fillettes de l'école de Rukshana, à Kaboul, en Afghanistan.

Avant la conférence, le chef du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), Achim Steiner, a effectué un visite de deux jours dans le pays, où il a souligné l'importance des droits des filles et des femmes en Afghanistan.

Les décisions récentes interdisant aux filles d'aller à l'école secondaire au-delà de l'âge de 12 ans sont très préoccupantes, a-t-il dit, affirmant que le PNUD s'est engagé à travailler avec les agences des Nations Unies pour défendre et promouvoir leur accès à l'éducation et au travail.

« Les garçons et les filles doivent être autorisés dans les salles de classe car l'avenir de l'Afghanistan doit être pour tous les Afghans, pas seulement pour quelques privilégiés », a-t-il déclaré.

Le chef du PNUD a également signalé le besoin urgent d'agir pour prévenir la montée en flèche de la pauvreté et de l'instabilité économique. « Nous avons signalé à la fin de l'année dernière qu'environ 97% des Afghans pourraient vivre dans la pauvreté d'ici la mi-2022, et malheureusement, ce nombre est atteint plus rapidement que prévu », a-t-il déclaré. « Et avec la flambée des prix des matières premières à l'échelle mondiale, nous savons que les gens ici ne peuvent pas se permettre de répondre à leurs besoins humains fondamentaux comme la nourriture, les soins de santé et l'éducation ».