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Guerre en Ukraine : les corps de centaines de civils retrouvés après le départ des troupes russes près de Kiev

- Mis à jour le
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  • France Bleu

Au 39e jour de l'offensive russe en Ukraine ce dimanche, les environs de la capitale Kiev ont été libérés par les forces russes qui laissent derrière elles "un désastre total". La communauté internationale est sous le choc. Des explosions ont été entendues dans le port d'Odessa au sud du pays.

Des paysages de désolation au retrait de l'armée russe de la région de Kiev ce samedi 3 avril. Des paysages de désolation au retrait de l'armée russe de la région de Kiev ce samedi 3 avril.
Des paysages de désolation au retrait de l'armée russe de la région de Kiev ce samedi 3 avril. © AFP - Metin Aktas

Au 39e jour de la guerre en Ukraine, les corps sans vie d'au moins 410 civils ont été retrouvés dans les territoires désormais dévastés de la région de Kiev, récemment repris aux troupes russes par les forces ukrainiennes. La communauté internationale dans son ensemble est sous le choc et demande des comptes à Vladimir Poutine. Le président ukrainien accuse Moscou de "génocide".

Au Sud de l'Ukraine, où la Russie concentre désormais ses efforts militaires, des explosions ont été entendues dans le port stratégique d'Odessa qui offre l'accès à la mer Noire. Voici ce qu'il faut retenir ce dimanche.

L'essentiel

  • Au moins 410 corps de civils ont été retrouvés dans la région de Kiev, d'où les forces russes se sont retirées
  • Kiev accuse Moscou de "génocide"
  • Les négociations entre Kiev et Moscou doivent reprendre demain à Istanbul
  • Des explosions entendues à Odessa 
  • Le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires de l'Onu à Moscou pour essayer d'obtenir un cessez-le-feu humanitaire
  • À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine

La situation sur le front militaire

Kiev et sa région libérées 

Les forces russes se retirent de villes-clés situées près de la capitale et de Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, pour se redéployer vers l'Est et le Sud dans le but de "garder le contrôle" des territoires qu'elles y occupent déjà, selon les informations de l'Ukraine. Plus d'un mois après le lancement de l'invasion russe, les localités d'"Irpin, Boutcha, Gostomel et toute la région de Kiev ont été libérées de l'envahisseur", selon le ministère de la Défense ukrainien. 

Mais les Russes, en se repliant "d'eux-mêmes" ou après des combats, laissent derrière eux "un désastre total et de nombreux dangers", a dénoncé le président ukrainien, Volodymyr Zelensky. "Les bombardements peuvent se poursuivre", a-t-il mis en garde, accusant aussi les militaires russes de "miner les territoires qu'ils quittent, des maisons, des munitions et même des cadavres". 

Cadavres et destructions au retrait des Russes

Selon la procureure générale d'Ukraine Iryna Venediktova, les corps sans vie de 410 civils ont été retrouvés dans les territoires de la région de Kiev repris aux troupes russes. L'Ukraine accuse la Russie de "génocide". 

Tour à tour, Washington, Paris, Berlin ou Londres ont dénoncé les "atrocités", voire les "crimes de guerre", commis notamment à Boutcha, une petite ville au nord-ouest de Kiev où de nombreux cadavres de civils gisaient dans les rues, éparpillés sur plusieurs centaines de mètres. "Toutes ces personnes ont été abattues, tuées d'une balle à l'arrière de la tête", a assuré Anatoly Fedorouk, le maire de la ville, où près de 300 personnes ont dû être enterrées "dans des fosses communes"

Human Rights Watch a également dénoncé des exactions de militaires russes contre des civils assimilables à des "crimes de guerre" dans les régions de Tchernihiv, Kharkiv et Kiev, disant avoir recensé plusieurs cas de "violations des lois de la guerre" : viol, exécutions sommaires, violences, menaces, pillages.

Toujours près de la capitale, le corps d'un photographe ukrainien chevronné, Maks Levine, a été retrouvé tué par balle après le retrait de troupes russes, ont annoncé les autorités ukrainiennes. Pour le parquet ukrainien, il a été victime de tirs de soldats russes.

La Russie bombarde le Sud et l'Est

A Odessa dans le sud, principal port ukrainien qui offre l'accès à la mer Noire, une série d'explosions ont été entendues ce dimanche matin, provoquant au moins trois colonnes de fumée noire et des flammes visibles, apparemment dans une zone industrielle. "Odessa a été attaquée depuis les airs. Des incendies ont été signalés dans certaines zones. Une partie des missiles a été abattue par la défense aérienne", a écrit Anton Guerachtchenko, conseiller du ministre de l'Intérieur ukrainien, sur son compte Telegram. 

Une personne a été tuée et 14 blessées dans une frappe russe à Mykolaïv dans le sud de l'Ukraine, a également annoncé le gouverneur de la région Vitaliy Kim.

Les forces armées russes ont par ailleurs bombardé Kharkiv, la deuxième ville d'Ukraine, située dans le Nord-Est, tuant et blessant des civils, a déclaré le gouverneur de la région : "Malheureusement, il y a des morts et des blessés dans la population civile. À ce stade, il y a 23 victimes, dont des enfants. Les chiffres sont en train d'être précisés."

Les efforts des troupes russes pour consolider leurs positions dans le Sud et l'Est de l'Ukraine se sont heurtés jusqu'ici à la résistance des Ukrainiens à Marioupol, où quelque 160.000 personnes seraient toujours bloquées et dont au moins 5.000 habitants ont été tués, selon les autorités locales. Pour Moscou, contrôler Marioupol permettrait d'assurer une continuité territoriale de la Crimée jusqu'aux deux républiques séparatistes prorusses du Donbass, Donetsk et Lougansk.

Ukraine : positions et mouvements des troupes russes, le point de situation au 2 avril 2022 à 19h30
Ukraine : positions et mouvements des troupes russes, le point de situation au 2 avril 2022 à 19h30 © Visactu - ©Visactu

La situation diplomatique et les réactions internationales

Indignation en Europe après les "atrocités" commises à Boutcha

L'Ukraine a accusé l'armée russe d'avoir commis un "massacre délibéré" à Boutcha, ainsi que d'autres "horreurs" dans les régions désormais "libérées de l'envahisseur", qui ont déclenché l'indignation en Europe et des appels à sanctions supplémentaires contre Moscou.

Le secrétaire général de l'Otan Jens Stoltenberg a dénoncé une "brutalité inédite en Europe depuis des décennies". Le président du Conseil européen, Charles Michel, s'est également dit "choqué par les images obsédantes des atrocités commises par l'armée russe dans la région libérée de Kiev", sur Twitter. "L'UE aide l'Ukraine et des ONG à rassembler les preuves nécessaires pour des poursuites devant les cours internationales", a-t-il dit, en ajoutant : "Plus de sanctions et d'aide de l'UE sont en chemin". A Genève, l'ONU a estimé que la découverte des corps à Boutcha soulevait "de sérieuses questions quant à de possibles crimes de guerre".

"Ces images sont un coup de poing à l'estomac", a réagi le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken sur la chaîne CNN. Le président français Emmanuel Macron affirmé que "les autorités russes devront répondre de ces crimes", dénonçant "dans les rues, des centaines de civils lâchement assassinés".

Le Premier ministre britannique Boris Johnson a qualifié de "crimes de guerre" les "attaques abjectes" de la Russie contre des civils à Boutcha, promettant d'accroître les sanctions contre Moscou. Le chancelier allemand Olaf Scholz a lui aussi réclamé de nouvelles sanctions contre la Russie après "des crimes de guerre" commis à Boutcha. Le gouvernement espagnol s'est dit indigné par les "images insoutenables" de la ville ukrainienne.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kouleba a exigé de nouvelles sanctions immédiates du G7 à l'encontre de la Russie, notamment un embargo total sur l'énergie, la fermeture des ports à tout bateau ou marchandise russe et la déconnection de toutes les banques russes de la plateforme financière internationale Swift. 

"Le massacre de Boutcha était délibéré. Les Russes veulent éliminer autant d'Ukrainiens qu'ils le peuvent. Nous devons les arrêter et les mettre dehors. J'exige de nouvelles sanctions dévastatrices du G7 MAINTENANT", a écrit sur Twitter Dmytro Kouleba. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé la Russie de commettre un "génocide".

Le conseiller présidentiel ukrainien, Mykhaïlo Podoliak, a néanmoins regretté que l'Occident essaie de "ne pas provoquer les Russes" pour éviter la Troisième Guerre mondiale, comparant le massacre de Boutcha à celui de Srebrenica en 1995, pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine.

Un représentant onusien à Moscou avant Kiev

Alors que la guerre a fait, a minima, des milliers de morts et contraint à l'exil plus de 4,1 millions d'Ukrainiens, un dirigeant onusien se rend à Moscou ce dimanche afin d'essayer d'obtenir un "cessez-le-feu humanitaire". Jusqu'à présent, la Russie refusait toute visite d'un haut responsable de l'Onu ayant l'Ukraine pour sujet principal. Le secrétaire général adjoint pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, "sera à Moscou dimanche et après il ira à Kiev", a annoncé le secrétaire général de l'Onu Antonio Guterres, en rappelant qu'il lui avait donné pour mission de "rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine".  

A Odessa, c'est le ministre grec des Affaires étrangères, Nikos Dendias, qui est attendu dans la grand port ukrainien sur la Mer Noire bombardé dimanche matin par les forces russes. "Le ministre arrivera très bientôt à Odessa. Il apporte de l'aide humanitaire, qui sera remise aux autorités de la ville", et compte discuter avec eux de "la création d'un mécanisme permanent de distribution d'aide humanitaire". M. Dendias rencontrera également des membres de la communauté grecque de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine et compte y rouvrir le consulat grec.

Des négociations qui patinent

Les négociations entre Kiev et Moscou doivent reprendre ce lundi à Istanbul. Le négociateur en chef ukrainien dans les pourparlers de paix avec la Russie, David Arakhamia, a affirmé samedi que Moscou avait accepté "oralement" les principales propositions ukrainiennes, à l'exception de celles concernant la Crimée, ajoutant que Kiev attendait une confirmation écrite. S'exprimant dans une émission télévisée, il a laissé entendre que les discussions visant à mettre fin aux hostilités avaient considérablement avancé. 

Des déclarations tempérées par le négociateur en chef russe dans les pourparlers de paix avec l'Ukraine, Vladimir Medinski, qui a toutefois fait l'éloge d'une position "plus réaliste" de Kiev prêt, sous conditions, à accepter un statut neutre du pays, réclamé par Moscou. "La partie ukrainienne a adopté une approche plus réaliste des questions liées au statut neutre et dénucléarisé de l'Ukraine", a écrit M. Medinski sur la messagerie Telegram, tout en précisant qu'un projet d'accord approprié n'était pas encore prêt à être soumis aux présidents des deux pays.

"Les experts diplomatiques et militaires ukrainiens ont beaucoup de retard pour confirmer même les accords déjà obtenus au niveau politique", a-t-il affirmé. Moscou doit répondre à une série de propositions ukrainiennes en vue d'un accord. Kiev propose la neutralité de l'Ukraine et de renoncer à adhérer à l'Otan, à condition que sa sécurité soit garantie par d'autres pays face à la Russie. Elle propose aussi des négociations pour résoudre le statut du Donbass ukrainien et de la Crimée.

Les évacuations se poursuivent au compte-goutte depuis Marioupol 

Impossibles pendant des semaines, des évacuations ont commencé à petite échelle, ce samedi, quelque "1.263 personnes" ont voyagé de Marioupol et Berdiansk à Zaporojie par leurs propres moyens, et une dizaine de bus en convoi sont partis de Berdiansk, avec à leur bord 300 habitants de Marioupol, a annoncé en soirée la vice-Première ministre Iryna Verechtchouk sur Telegram. D'autres évacuations ont eu lieu dans l'Est du pays.  

Fin du gaz russe dans les pays Baltes

Pression supplémentaire sur Moscou, les Etats baltes ont cessé d'importer du gaz naturel russe qui "n'est plus acheminé vers la Lettonie, l'Estonie et la Lituanie depuis le 1er avril", a indiqué samedi le dirigeant de l'entreprise de stockage lettone Conexus Baltic Grid. Les pays baltes sont désormais desservis par des réserves de gaz stockées sous terre en Lettonie. "A partir de ce mois-ci, plus de gaz russe en Lituanie", a tweeté le président lituanien Gitanas Nauseda, en appelant le reste de l'Union européenne à suivre l'exemple balte. Selon Eurostat, en 2020, la Russie comptait pour 93% des importations estoniennes de gaz naturel, 100% des importations lettones et 41,8% des importations lituaniennes. Les Etats-Unis ont interdit l'importation de pétrole et de gaz russes après l'invasion de l'Ukraine, mais pas l'UE qui s'approvisionnait en Russie à hauteur de 40% environ en 2021. 

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