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Grand Angle

Des preuves archéologiques sur la consommation des olives au Maroc il y a 100 000 ans

Des chercheurs ont découverts, dans la région de Rabat-Temara au Maroc, des preuves d’oliviers sauvage, suggérant que les Homo sapiens consommaient les olives et utilisaient leurs noyaux et les branches comme combustibles, il y a 100 000 ans.

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Photo d'illustration. / DR
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Arbre emblématique pour la plupart des civilisations méditerranéennes, l'olivier a été utilisé pour ses fruits et son bois au Maroc, il y a environ 100 000 ans. Selon une récente étude, publiée dans la revue Nature Plants, des preuves suggèrent la présence d'oliviers sur la côte atlantique du Maroc pendant la majeure partie de la dernière période glaciaire. Elle évoque aussi l'utilisation des olives par les premiers Homo sapiens comme combustibles et très probablement pour la consommation.

Les chercheurs estiment que l'utilisation sporadique des olives sauvages au Paléolithique (entre 3 millions d'années et 10 000 à 12 000 ans) est peut être due à leur rareté ou à leur absence dans la végétation. Cependant, les analyses ADN et la modélisation de la distribution des espèces ont démontré la capacité de l'olivier sauvage à survivre à la dernière période glaciaire en Méditerranée, alors que sa présence aurait été confinée à des zones refuges. L'une des plus grandes zones de refuge était probablement située sur la côte atlantique du Maroc et la partie sud de la péninsule ibérique, indiquent-ils.

L’étude présente ainsi des preuves datant d'environ 100 000 ans de la présence d'oliviers sauvages au cours de la dernière période glaciaire dans la région de Rabat-Temara au Maroc. Ainsi, dans les grottes d'El Mnasra et d'El Harhoura 2, découvertes respectivement en 1956 et 1977, les chercheurs ont analysé des fragments de charbon de bois identifiés. Ils ont conclu que 72% sont identifiés comme Olea Europae ou l’une de ses variétés sauvages.

Localisation des sites archéologiques au Maroc et zones propices à la croissance de l'olivier sauvage au cours du dernier cycle glaciaire complet en Méditerranée. / DRLocalisation des sites archéologiques au Maroc et zones propices à la croissance de l'olivier sauvage au cours du dernier cycle glaciaire complet en Méditerranée. / DR

En raison de la mauvaise conservation des restes végétaux, 24% des fragments de charbon de bois ne peuvent être identifiés que comme des dicotylédones, ce qui comprend l'olivier sauvage et d'autres taxons de bois. Les fragments de charbon de bois restants (4% des fragments) sont déterminés comme étant Quercus sp. (Chêne à feuilles persistantes), Juniperus/Tetraclinis et Phillyrea/Rhamnus.

Les noyaux brisés utilisés comme combustibles 

En ce qui concerne les fragments de graines, 81% de tous les fragments sont des noyaux d'olive carbonisés et 16% ne peuvent pas être identifiés en raison de leur mauvaise conservation. Les noyaux d'oliviers sauvages ont été identifiés en fonction de leur morphologie, qui ressemble fortement à leurs homologues modernes, poursuit l’étude.

«Nous ne nous attendions pas à trouver des olives, des noyaux d'olives et des graines, et nous ne savions pas non plus que l'olivier était présent à cet endroit, encore plus pendant la dernière période glaciaire», confie Laurent Marquer, co-auteur de l'étude et botaniste à l'Université d'Innsbruck en Autriche, à Olive Oil Times. «C'était un peu une surprise.»

Pour les chercheurs, «cela suggère l'utilisation généralisée des olives sauvages au cours» de cette période, dans la région de Rabat-Temara. «Il ne fait aucun doute que les olives sauvages étaient utilisées par les chasseurs-cueilleurs préhistoriques», assurent-ils. Les branches d'olivier brûlées ne portaient pas de fruits entiers, mais les fragments de fruits ont été retrouvés dans la même cheminée. Cela a conduit les scientifiques à croire que les olives avaient été mangées et que les noyaux avaient été jetés au feu.

Les scientifiques reviennent aussi sur les noyaux brisés. Ils évoquent une théorie selon laquelle les résidus de noyaux d'olive broyés entraîneraient une combustion lente avec des flammes durables, privilégiées pour la cuisson. «Une fois séchés, les résidus produisent des flammes sans fumée, un avantage majeur pour les groupes préhistoriques vivant dans des grottes», expliquent-ils encore.

Pour les chercheurs, «l'utilisation précoce des olives sauvages en Afrique, il y a environ 100 000 ans, pourrait représenter des améliorations dans la cuisine, des innovations technologiques pour la transformation du bois et l'organisation sociale, entre autres aspects». 

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