Dans une série de tweets publiés le 2 avril, Dmitri Rogozine, directeur général de Rocosmos, l’agence spatiale russe, menace de ne plus participer à la Station spatiale internationale (ISS), si les sanctions occidentales ne sont pas suspendues. La Russie joue un rôle fondamental dans le fonctionnement de l’ISS.

La NASA, l’ESA et le Canada veulent continuer à travailler avec la Russie sur l’ISS

Simple pression diplomatique ou menace sérieuse ? Dmitri Rogozine a déclaré via les réseaux sociaux « je pense que le rétablissement de relations normales entre les partenaires de la Station spatiale internationale (ISS) et d’autres projets n’est possible qu’avec la suppression totale et inconditionnelle des sanctions illégales ».

Il explique que ces sanctions, prises à la suite de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, ont pour objectif « de tuer l’économie russe, de plonger notre peuple dans le désespoir et la faim, et de mettre notre pays à genoux ».

Le directeur de Rocosmos a ajouté à son fils Twitter les réponses des agences spatiales canadienne, américaine et européenne à l’un de ses courriers du 14 mars. The Verge a authentifié la réponse canadienne, celles de la NASA et l’ESA semblent crédibles, mais n’ont pas confirmé pour l’heure.

Bill Nelson, l’administrateur de la NASA, aurait répondu le 30 mars que « Les États-Unis continuent de soutenir les coopérations spatiales gouvernementales internationales, en particulier les activités associées à l’exploitation de l’ISS avec la Russie, le Canada, l’Europe et le Japon ». Il juge que « Les mesures de contrôle des exportations américaines, nouvelles et existantes, continuent de permettre la coopération entre les États-Unis et la Russie pour assurer la poursuite des opérations sûres de l’ISS ».

La réponse canadienne est dans la même veine. Pour l’ESA, son directeur général Josef Aschbacher aurait simplement écrit qu’il devait en référer aux États membres, sans plus de précision.

Le degré de crédibilité des menaces russes est complexe à évaluer. Il pourrait s’agir de gesticulation diplomatique ou d’une mise en garde plus lointaine. La NASA souhaite prolonger l’existence de l’ISS jusqu’en 2030. Une décision devant être discutée avec ses homologues.

Pour l’instant, Rocosmos s’est engagé à exploiter la station jusqu’à 2024. La Russie assure le contrôle du guidage de l’ISS et occupe de fait une position stratégique pour son maintien en orbite. Au début du conflit avec l’Ukraine, Dmitri Rogozine avait déjà suggéré que sans la participation de son agence, l’ISS pourrait s’écraser à terme.

La rivalité s’exprime… Jusqu’à un certain point

Malgré les tensions entre la Russie et les pays occidentaux, l’astronaute américain Mark Vende Hei, a bien été ramené sur Terre à bord de Soyouz avec deux cosmonautes russes. La participation du pays au projet ExoMars, visant à ramener des signes de vie de la planète rouge, a, en revanche été suspendue. De même, le lancement de 34 satellites de OneWeb avait été annulé le 4 mars. La Russie avait exigé que le gouvernement britannique abandonne ses parts dans l’entreprise. Elle s’est tournée vers Space X.

L’ISS et ses occupants sont soumis aux aléas diplomatiques, mais son existence ne devrait pas en être directement menacée. La collaboration spatiale à plus longs termes entre l’occident et la Russie est, elle, déjà abîmée par des considérations terrestres.