Carrie Lam va pouvoir récupérer son passeport britannique. La cheffe de l’exécutif de Hong Kong a annoncé lundi 4 avril qu’elle se retirerait en juin, après un mandat de cinq ans marqué par d’immenses manifestations pro-démocratie, une répression féroce et un échec dans la gestion de l’épidémie de coronavirus et de son variant Omicron. Elle a fait savoir qu’elle ne briguera pas de second mandat en mai, lors de la désignation par un comité restreint du prochain dirigeant de la ville. Une fois dégagée de cette haute responsabilité, elle récupérera son passeport britannique auquel elle avait dû renoncer en 2017.

En 2017, elle était devenue la première femme à diriger Hong Kong

« Je vais achever mon mandat de cinq ans en tant que cheffe de l’exécutif le 30 juin et finir officiellement ma carrière de 42 ans dans le gouvernement », a-t-elle annoncé à la presse. La cheffe sortante a assuré que les dirigeants de Pékin, qu’elle a avertis de ses intentions en mars 2021, « ont compris et respecté » son choix. Carrie Lam, 64 ans, l’a justifié par « des considérations familiales ». « Je dois faire passer les membres de ma famille en premier, et ils estiment qu’il est temps pour moi de rentrer chez moi », a-t-elle déclaré. Son mari et ses deux enfants vivent à Londres. Après une longue carrière de fonctionnaire, elle était devenue en 2017 la première femme à diriger Hong Kong.

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Le poste de chef de l’exécutif ne résulte pas d’une élection directe, ce qui était l’une des principales revendications du camp démocrate, désormais réduit au silence. C’est un comité de 1 500 personnes, toutes acquises au régime chinois, qui désigne le dirigeant. Ce collège électoral représente 0,02 % d’une population de 7,4 millions d’habitants. Les pronostics quant à celui qui sera le prochain dirigeant du territoire, troisième place financière mondiale, sont incertains. Le nouveau chef de l’exécutif sera choisi le 8 mai mais, pour l’heure, aucune candidature réaliste ne s’est dévoilée.

Le chef de l’exécutif est désigné par un comité de 1 500 personnes choisies par Pékin

Toutefois, l’actuel numéro deux de Hong Kong, John Lee, un ancien des services de sécurité, a été présenté par la presse locale comme un candidat probable. Autre prétendant potentiel : le ministre des finances Paul Chan. Deux options bien différentes, l’une favorisant le maintien de l’ordre et l’autre une priorité économique pour ce territoire qui a perdu son aura de grande place financière. Le prochain dirigeant prendra ses fonctions le 1er juillet, jour du 25e anniversaire de la rétrocession à la Chine de l’ancienne colonie britannique.

Carrie Lam a aussi remercié Pékin pour son soutien et sa confiance, rappelant que son mandat avait été marqué par « une pression sans précédent » avec les manifestations de 2019 et la pandémie de Covid-19. Mais son bilan divise la ville. Ses soutiens la considèrent comme une inflexible loyaliste à l’égard de Pékin qui a su tenir le cap lors des manifestations de 2019 et lors de la pandémie. Ses contempteurs, dont de nombreux pays occidentaux, la perçoivent comme celle qui a supervisé l’effondrement des libertés politiques de Hong Kong et de sa réputation de centre d’affaires régional stable.

Après les immenses et parfois violentes manifestations de 2019, le gouvernement central chinois a organisé une vaste répression dans la ville afin d’y imprimer sa marque autoritaire. Carrie Lam est la première dirigeante de Hong Kong à être sanctionnée par les États-Unis en raison de son soutien à cette répression, qui a conduit à l’emprisonnement ou l’exil des principaux militants pro-démocratie.

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Son gouvernement a également suivi le modèle chinois du « zéro Covid », en mettant en œuvre certaines des mesures anti-coronavirus les plus strictes au monde. Si la fermeture des frontières et des règles draconiennes de quarantaine ont empêché toute épidémie locale pendant dix-huit mois, le variant Omicron a conduit à un taux de mortalité record, avec près de 8 000 décès depuis le début de l’année.