
JUSTICE - Une enquête pour “violences volontaires en réunion” a été ouverte fin mars après le décès d’un jeune homme de 31 ans à Bobigny, a annoncé le procureur de Bobigny ce lundi 4 avril. Les candidats à la présidentielle s’interrogent sur le caractère possiblement antisémite des faits.
Le mercredi 16 février, peu après 20 heures, un jeune homme traversait les voies ferrées quand il a été percuté par le tramway à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Quelques secondes avant le drame, il avait été frappé par des jeunes. Victime d’un arrêt cardio-respiratoire et d’un traumatisme crânien, il est décédé peu après minuit à l’hôpital.
Le parquet de Bobigny vient de communiquer des éléments sur l'enquête au sujet de la mort de #JeremyCohen Tout not… https://t.co/CfZGvpXlF6
— Officiers et Commissaires de police (@PoliceSCSI)
Une première enquête pour homicide involontaire avait été ouverte pour déterminer les circonstances du décès. “L’hypothèse que la victime ait traversé les voies du tramway pour échapper à ses agresseurs était naturellement prise en compte”, a souligné Eric Mathais, dans un communiqué de presse lundi.
Me Eric Serfati, l’avocat de la famille, a précisé sur TPMP que 15 à 16 jeunes auraient entouré la victime, pu auraient été rejoints par un autre individu plus véhément “qui assène toute une série de coups d’une violence extrême. Jeremy Cohen arrive à s’échapper court pour fuir à ses agresseurs et percute une rame de tramway”.
"On le voit se faire tabasser (...) Il veut échapper à ses agresseurs et percute un tramway" Mort de #JeremyCohen… https://t.co/2ZzVDdPF82
— TPMP (@TPMP)
Après sa mort, ses deux frères ont fait du tractage sur les lieux et ont recueilli une vidéo montrant une partie du drame, abondamment partagée sur les réseaux sociaux ce lundi. Selon une source policière, la vidéo, confirmant l’hypothèse d’une altercation entre la victime et plusieurs individus a été reçue le 10 mars par les enquêteurs.
Le parquet ne confirme pas le caractère antisémite
Le 29 mars, une information judiciaire a été ouverte du chef de “violences volontaires en réunion ayant entraîné la mort sans intention de la donner”, a poursuivi le procureur, précisant que la police judiciaire du département était en charge de l’enquête.
Selon la famille du défunt, Jeremy Cohen, interrogée par Radio Shalom, le jeune homme souffrait d’un handicap non visible. “Il était lent. De loin on voyait qu’il avait des réaction, voilà, qu’il était lent”, a décrit son père Gérald dans TPMP, assurant qu’il avait déjà été pris pour cible à cause de son handicap. “Je n’ai pas su le protéger”, a-t-il regretté, ému.
Ce drame a entraîné des réactions de plusieurs candidats à la présidentielle, dont certains ont pointé l’éventualité du caractère antisémite de l’agression précédant la mort du jeune homme de confession juive. Cette hypothèse n’a pas été évoquée par le parquet de Bobigny dans son communiqué et il n’est pas confirmé que la victime portait la kippa lors de son agression.
Récupération politique
La candidate d’extrême droite Marine Le Pen, donnée au second tour face à Emmanuel Macron, a évoqué dans un tweet ce qui “pourrait être un meurtre antisémite” alors que son rival Eric Zemmour a écrit sur le même réseau “Est-il mort parce que juif? Pourquoi cette affaire est-elle étouffée?”.
Fin février, Jérémy Cohen était assassiné, écrasé sous un tramway dans sa fuite suite au tabassage par une bande. C… https://t.co/ElAR9LkOC1
— Marine Le Pen (@MLP_officiel)
Pourquoi aucun média, ni aucun politicien, ni aucun membre du gouvernement ne parle de la mort de Jérémy Cohen, tabassé par des racailles ?
— Eric Zemmour (@ZemmourEric)
Lundi soir sur BFMTV, Gérald Cohen a reconnu avoir contacté le candidat de Reconquête! après la mort de son fils:“Ce qu’il faut comprendre, c’est qu’à un moment donné, on s’est trouvés dans une situation un peu difficile, dans un vide juridique. J’ai demandé à Eric Zemmour s’il pouvait nous aider. Il a essayé de nous aider (...) pour ne pas que l’enquête soit fermée ou étouffée, il a bien voulu le faire, et pour ça je l’en remercie.”
Toutefois, l’avocat de la famille a insisté dans plusieurs interventions médias qu’il ne voulait pas de “récupération partisane à l’orée de deux grandes élections”.
“La famille Cohen ne vient pas crier à l’antisémitisme”, a-t-il ajouté. “Ce serait dénaturer les faits et préjuger. Mais il ne faut pas exclure à l’heure qu’il est l’élément aggravant d’antisémitisme”. Pour l’instant ce motif n’est pas retenu, a-t-il encore précisé sur TPMP. “Mais je ne l’exclus pas, loin s’en faut.”
Le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) Francis Kalifat a souhaité que “toutes les pistes soient explorées”, exprimant sa “plus vive émotion” et son “entière solidarité avec la famille”.
L’Elysée a appelé les parents de Jeremy Cohen
Lundi soir, le cabinet d’Emmanuel Macron a appelé les parents de Jeremy Cohen à la demande du chef de l’Etat. Le cabinet du président a eu au téléphone la mère puis le père de la victime, Jeremy Cohen, “pour leur transmettre un message de compassion et leur faire savoir que dans le respect de l’indépendance de la justice, tous les moyens d’enquête seront mis en oeuvre pour identifier les auteurs de cette agression et faire toute la lumière sur cette affaire”.
Son cabinet “a demandé au Garde des Sceaux de suivre de près et de tenir le président personnellement informé”, a précisé l’Elysée.
Toute la lumière doit être faite sur les circonstances de la mort de #JeremyCohen, son agression avant qu'il soit h… https://t.co/dNG4Z7uS56
— Yannick Jadot (@yjadot)
Soutien à la famille de #JeremyCohen. Comme elle, nous voulons la vérité et la justice. Toute la lumière doit être faite.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon)
“Toute la lumière doit être faite”, sur le drame ont de leur côté demandé deux autres candidats à la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon (LFI) et Yannick Jadot (EELV).
À voir également sur Le HuffPost: Comment les réseaux sociaux se sont appropriés les faits divers, grand classique de la télé