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Bucha, Ukraine, le 4 avril 2022

La colonne de blindés russes détruits dans la rue Vokzalna, à Bucha.

Photo Laurent Van der Stockt pour Le Monde
LAURENT VAN DER STOCKT POUR « LE MONDE »

Sergueï, collecteur de cadavres à Boutcha, en Ukraine : « Beaucoup de victimes portaient des traces de tortures et ont été tuées d’une balle dans la tête »

Par  (Boutcha (région de Kiev), envoyé spécial)
Publié le 05 avril 2022 à 11h00, modifié le 05 avril 2022 à 16h52

Temps de Lecture 7 min.

Le van de Sergueï Matouk n’a pas fini sa quête macabre. Derrière le pare-brise, un écriteau porte l’inscription « Cargo 200 », ce qui signifie que la fourgonnette transporte des cadavres – « Cargo 300 », c’est pour les blessés. Depuis le départ de l’armée russe, Sergueï et ses deux camarades masculins collectent les corps des morts à Boutcha.

La bourgade, située dans l’agglomération de Kiev, au nord-ouest de la capitale ukrainienne, a été occupée par l’armée russe du 27 février, trois jours après le déclenchement de la guerre, à l’aube du 31 mars, quand les derniers soldats de Moscou sont partis vers le nord. Mais, depuis cinq jours, c’est aussi la ville de la région de Kiev où les forces ukrainiennes découvrent le nombre le plus élevé de civils tués pendant les semaines de guerre.

Lire aussi l’éditorial du « Monde » : Boutcha, tournant de la guerre en Ukraine

Les villes des faubourgs nord-ouest sont ravagées. Irpine, Boutcha, Vorzel ou Hostomel ont été au cœur de la bataille pour la conquête de la capitale ukrainienne, qui s’est achevée par une défaite russe et un ordre de repli. Durant cinq semaines, depuis l’attaque de l’aérodrome Antonov d’Hostomel le premier jour de la guerre, le 24 février, jusqu’à la « libération » de la région annoncée le 2 avril par le gouvernement ukrainien, les combats ont été intenses.

Bâtiments ravagés

La localité la plus détruite est sans nul doute Irpine, qui était la première ligne de défense ukrainienne et que l’armée de Moscou a intensément bombardée. Les forces russes y sont entrées à diverses reprises, au point de l’avoir presque conquise à la fin de la première semaine de guerre, avant de devoir se replier à chaque fois, au fil des contre-offensives ukrainiennes, en direction de Boutcha. Près de la ligne de démarcation entre les deux villes, séparées par une rivière, les bâtiments sont ravagés, éventrés, calcinés.

Boutcha détient, pour sa part, le sinistre record, pour l’heure, du nombre de morts, selon les premières constatations du gouvernement ukrainien. Si, en théorie, d’un point de vue strictement militaire, ces morts – ou certains d’entre eux – pourraient avoir été victimes de l’artillerie des forces ukrainiennes défendant Kiev, puisque Boutcha constituait la première ligne russe, il s’avère que la majorité des victimes ont été tuées par l’occupant.

La colonne de blindés russes détruits dans la rue Vokzalna, à Boutcha, le 4 avril 2022.
Dans la cour d’un des bâtiments du complexe industriel de Boutcha, le 4 avril 2022.

Sergueï Matouk était aux premières loges, puisqu’il a passé les cinq semaines de guerre à ramasser les corps des habitants de Boutcha. Il confirme avoir collecté, pour le compte des services municipaux, « environ 300 personnes » au fil du temps. Selon le secouriste devenu fossoyeur, « environ 240 » d’entre elles ont enterrées par ses soins dans une fosse commune près de l’église Saint-André, les combats ne permettant pas d’accéder aux cimetières. Les autres ont été soit inhumés à la hâte dans des tombes individuelles creusées par les habitants eux-mêmes, soit abandonnés à leur sort en attendant la fin du conflit. Le maire de Boutcha, Anatolii Fedoruk, a pour sa part affirmé qu’« environ 280 personnes ont été enterrées dans des fosses communes ».

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