Publicité

L'Europe va frapper l'énergie russe

«Il faut clairement accroître encore notre pression» sur Moscou, a estimé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
«Il faut clairement accroître encore notre pression» sur Moscou, a estimé la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen. KENZO TRIBOUILLARD / AFP

La Commission veut un embargo sur le charbon. Paris souhaite aller plus loin et inclure le pétrole.

Correspondante à Bruxelles

Embargo sur le charbon, fermeture des ports de l'Union aux navires russes, interdiction des transports routiers et approfondissement des sanctions déjà prises. Ursula von der Leyen a transmis mardi aux États membres les nouvelles sanctions envisagées contre la Russie en représailles des exactions commises par l'armée russe dans la région de Kiev, notamment à Boutcha. Ces sinistres événements marquent un tournant dans la guerre en Ukraine mais aussi dans les réponses des Européens. « Il est important de maintenir la plus grande pression sur Poutine et le gouvernement russe en ce moment critique », a déclaré la présidente de la Commission, en dénonçant des « crimes odieux ».

Le cinquième paquet de sanctions, en préparation depuis plusieurs semaines, a été considérablement musclé depuis dimanche. Surtout, il couvre de nouveaux champs. Ainsi, un tabou semble être en passe de tomber. Pour la première fois depuis le 24 février, la Commission propose de s'attaquer aux exportations énergétiques russes, comme le réclament depuis des semaines la Pologne et les pays Baltes. Il s'agirait, dans un premier temps, d'interdire purement et simplement les importations de charbon russe, représentant 4 milliards d'euros par an. À comparer avec les plus de 55 milliards d'euros de gaz que l'UE a acheté à la Russie en 2021. En 2020, un tiers du charbon consommé par l'UE venait de Russie.

À entendre un diplomate, il ne devrait pas y avoir d'opposition parmi les États membres sur ce sujet qui s'est cristallisé lundi soir. Du reste, l'Allemagne, qui figure parmi les plus gros importateurs, avec la Pologne, a d'ores et déjà donné son feu vert. « Pour le charbon et le pétrole (…), on peut réussir à les remplacer plus rapidement », a déclaré à Luxembourg le ministre allemand des Finances, Christian Lindner. La veille, il ouvrait la porte à cette option alors que son gouvernement a établi un plan qui permettrait de sevrer le pays du charbon russe dès l'été prochain et du pétrole en fin d'année.

À ce stade, un embargo sur le pétrole n'est toutefois pas envisagé même si Paris pousse en ce sens. Et « VDL » a clairement indiqué que ce n'était qu'une question de temps. « Nous travaillons à des sanctions supplémentaires, y compris sur les importations de pétrole, et nous réfléchissons à certaines des idées présentées par les États membres, telles que l'instauration de taxes ou la mise en place de canaux de paiement spécifiques comme un compte de garantie bloqué », a-t-elle prévenu.

Autre mesure proposée : les navires russes ou exploités par la Russie n'auraient plus accès aux ports européens sauf lorsqu'ils transportent des produits agricoles et alimentaires, de l'énergie ou de l'aide humanitaire. « Ce pourrait être compliqué pour la Grèce ou Chypre d'accepter une telle mesure », confie néanmoins un diplomate. Par ailleurs, les transports routiers seraient interdits aux compagnies russes et biélorusses. En fermant la Russie au fret, la Commission s'attaque à un nouveau champ. Bruxelles compte aussi fermer les marchés publics aux sociétés russes.

S'ajoute un approfondissement des sanctions existantes. Ainsi, d'autres technologies vont être frappées par des interdictions d'exportations (ordinateurs quantiques, semi-conducteurs avancés, équipements de transports et composants sensibles, etc.). Selon la Commission, cela représenterait un manque à gagner de 10 milliards d'euros pour l'Union européenne. Un tour de vis est parallèlement proposé sur les importations de ciment, de bois, de fruits de mer ou d'alcool pour un montant estimé à 5,5 milliards d'euros. Objectif de von der Leyen : « Réduire les flux financiers de la Russie et de ses oligarques. » Quatre grandes banques russes déjà coupées de Swift vont aussi voir leurs actifs gelés. Elles « représentent 23 % de la part de marché dans le secteur bancaire russe », a souligné la présidente de la Commission. Les ambassadeurs de l'UE se réuniront ce mercredi matin pour analyser les propositions de la Commission. L'un d'eux juge difficile d'arriver à un accord dans la journée et table plutôt sur jeudi.

À VOIR AUSSI - Confrontée aux sanctions occidentales, cette ville russe et son usine Lada sont au bord du gouffre

Sujets

L'Europe va frapper l'énergie russe

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
25 commentaires
  • phr001

    le

    Cette femme a fait toutes les erreurs possibles ...

  • Anonyme

    le

    Ni elle ni le candidat Macron ne payent l’essence de la voiture qui les transporte.

  • claude.peninque303

    le

    Cette femme a accumulé les initiatives dangereuses...

À lire aussi