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Santé

Le Covid-19 augmente le risque d’hospitalisation pour d’autres maladies

L’infection par le coronavirus, même lors d’une forme légère du Covid-19, augmente significativement le risque d’hospitalisation et de décès pour un grand nombre de maladies (pulmonaires, cardiovasculaires, neurologiques, musculaires, digestives et même certains cancers).

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Le Covid-19 entraine une dégradation de l'état de santé qui facilite le développement d'autres maladies.

Le Covid-19 entraîne une dégradation de l'état de santé qui facilite le développement d'autres maladies.

FRISO GENTSCH / DPA / dpa Picture-Alliance via AFP

Hospitalisé pour ou avec Covid-19 : ces derniers mois, les autorités sanitaires ont commencé à spécifier si un patient infecté était admis pour le Covid-19 ou pour une autre maladie dans leur décompte journalier de personnes hospitalisées ou décédées. Selon ces chiffres, environ un tiers des patients hospitalisés avec le coronavirus le sont pour une maladie différente. Ce qui a permis à plusieurs médecins dits "rassuristes" de minimiser la gravité de la pandémie arguant que puisque ces patients sont hospitalisés pour une autre raison que le Covid-19, ils l’auraient probablement été même s’ils n’avaient pas été infectés. Mais ce raisonnement ne prend pas en compte que le Covid-19 peut dégrader l’état de santé d’une personne avec une autre affection, aggravant sa maladie et accélérant ainsi l’hospitalisation ou le décès.

C’est ce qui vient d’être mis en évidence par une étude hongkongaise, mise en ligne en preprint (pas encore revu par les pairs) le 23 mars 2022. Les chercheurs de l’Université chinoise de Hong Kong ont analysé les données de santé de 412.000 patients britanniques, grâce à la gigantesque base de données UK Biobank, qui compile l’information médicale de plus de 500.000 personnes. Les patients inclus dans l’étude avaient tous été hospitalisés au moins une fois durant la pandémie : à partir du 31 janvier 2020, date du premier cas détecté au Royaume-Uni, jusqu’au 30 septembre 2021 pour les hospitalisations ou octobre 2021 pour les décès. Ainsi, ils ont comparé la probabilité d’être hospitalisé ou de décéder pour n’importe quelle maladie entre les patients infectés (un total de 25.460) ou pas, après avoir ajusté plusieurs facteurs de risque comme l’âge.

Risque élevé d’hospitalisation pour un grand nombre de maladies

Résultat : l’infection par le coronavirus (notamment pour les formes sévères de Covid-19) augmentait significativement ces probabilités pour un grand nombre de maladies. Leur analyse met en évidence que le risque d’hospitalisation grimpe fortement. Par exemple, les personnes ayant fait une forme sévère de Covid-19 étaient hospitalisées jusqu’à 12 fois plus fréquemment pour plusieurs maladies respiratoires (comme le pneumothorax, un affaissement des poumons), 2 fois plus pour des infarctus du myocarde, 4 fois plus pour des accidents vasculaires cérébraux (AVC), 5 fois plus pour des dysfonctionnements des reins, près de 4 fois plus pour la maladie de Parkinson, 4 fois plus aussi pour des problèmes neurocognitifs, 9 fois plus pour des dommages cérébraux (y compris le coma), 3 fois plus pour des dysfonctionnements du pancréas, 5 fois plus pour des infections des os (ostéomyélite) et entre 3 et 4 fois plus pour des fractures (ce qui pourrait s’expliquer par des conséquences du Covid-19, comme la fatigue ou les problèmes neurologiques, qui peuvent augmenter le risque de chute).

Le Covid sévère était aussi lié à un risque accru d’infections secondaires (4 fois plus d’infections bactériennes) et à des chiffres plus élevés concernant le développement de tumeurs (3 fois plus pour les cancers de l’estomac et 5 fois plus pour ceux du cerveau). Cependant, les auteurs expliquent bien que ce risque accru de cancer n’est probablement pas causé directement par le Covid-19 mais que le coronavirus facilite le terrain pour les tumeurs en dégradant l’état de santé général et notamment le système immunitaire, augmentant par exemple le risque d’infection par des pathogènes capables de provoquer ces cancers.

En outre, le Covid sévère était associé à un risque accru de mortalité, toutes causes confondues (14 fois plus). Plus spécifiquement, une forme grave de la maladie multipliait par 3 le risque de décès à cause d’une pneumonie, d’une maladie cardiaque ou de la maladie de Parkinson, par 13 le risque de décès par des dysfonctionnements neurocognitifs et par 19 le risque de décès à cause d’une sclérose en plaques.

Le Covid léger a aussi un impact, mais il est moindre

Les personnes ayant eu le Covid-19 mais sous sa forme légère (sans hospitalisation) présentent aussi un risque accru pour certaines maladies, comme des douleurs musculaires ou des problèmes pulmonaires comme les pneumopathies d’inhalation (inflammation des poumons à cause du passage du contenu gastrique dans les voies respiratoires). Le risque de mortalité, toutes causes confondues, était aussi plus élevé, notamment à cause d’une augmentation très importante des décès à cause de problèmes neurocognitifs (9 fois plus fréquente après un Covid léger). “Vu le nombre très élevé de personnes infectées par le coronavirus, même une augmentation modeste du risque de mortalité implique un grand nombre de décès supplémentaires, alertent les auteurs. Ceci suggère que contenir les infections est encore important, tout comme les efforts pour diminuer le nombre de cas sévères.

Ce risque accru se poursuit plusieurs mois après l’infection

La plupart de ces excès d’hospitalisation et décès étaient observés dans les trois mois après l’infection, mais même après six mois le risque restait élevé pour certaines maladies, comme les pneumopathies d’inhalation, les dysfonctionnements rénaux, les blessures et les fractures, ainsi que des infections bactériennes. “D’un point de vue de santé publique, nous devons considérer la totalité du fardeau causé par le Covid-19 afin de déterminer les mesures à adopter (comme la levée des restrictions), y compris les complications causées par le Covid ainsi que les handicaps et la mortalité dus à ces complications, rappellent les auteurs. Nos résultats montrent la nécessité d’allouer des ressources pour prévenir et traiter ces complications.” 

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