“Il existe des rumeurs selon lesquelles les criminels veulent commencer à se venger. Qu’ils le fassent et dans les prisons, ils n’auront même plus un repas par jour […] Je jure devant Dieu qu’ils ne mangeront pas un grain de riz et nous verrons combien de temps ils résistent.”
Nayib Bukele
Président du Salvador

Le président salvadorien, Nayib Bukele, a menacé les membres de gang incarcérés de les “priver de toute nourriture” si ceux qui sont en liberté “déclenchent une nouvelle vague de violence”, comme le relate le site indépendant elsalvadorgram, qui évoque le “style catégorique et direct” du jeune président de 40 ans.

“Et peu importe l’avis des organisations internationales”, a ajouté Nayib Bukele.

Les maras comme la Salvatrucha ou Barrio 18, des bandes organisées qui ont fait du pays l’un des plus violents du monde, compteraient quelque 70 000 membres, dont 23 000 en prison.

“Un message aux criminels”

Ces déclarations, devant des membres des forces armées, remontent au 4 avril, mais la vidéo n’a été publiée que le lendemain sur le compte Twitter du président :

“Je vais profiter de cette occasion pour envoyer un message aux criminels. […] Vous déclenchez une vague de crimes et, nous, nous arrêtons la distribution de repas en prison.”

Après une série de 87 meurtres attribués aux maras entre les 25 et 27 mars, le Parlement monocaméral, largement dominé par le parti du président, Nuevas Ideas, avait approuvé dans la foulée l’instauration de l’état d’urgence pour un mois.

Depuis, selon le président largement élu en 2019 et toujours très populaire, près de 7 000 membres de gang ont été arrêtés.

Outre la mise en application de l’état d’urgence, le Parlement avait procédé au renforcement des peines de prison pour toute appartenance à un gang armé. Des peines étant passées de cinq à vingt ans d’emprisonnement.

Les droits juridiques des personnes détenues ont été fortement réduits. Ainsi, la détention préventive, sans avocat, est passée de soixante-douze heures à quinze jours.

Une série de mesures très critiquée notamment par le Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU.

Réponse du président :

“Peu importe l’avis des organisations internationales. […] Si elles aiment tant [les membres de gang], qu’elles les emportent, nous les leur livrerons tous.”

Le mardi 5 avril, relate le quotidien La Prensa Gráfica, le Parlement a voté une nouvelle réforme du Code pénal pour punir d’une peine de prison pouvant aller jusqu’à quinze ans “les médias […] qui reproduisent ou transmettent des messages ou des communiqués diffusés, ou prétendument diffusés, par les groupes de délinquants”.