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Guerre en Ukraine : 50 morts dans l'attaque de la gare de Kramatorsk, point de départ des civils en fuite

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  • France Bleu

Au 44e jour de l'offensive russe en Ukraine ce vendredi, la Russie intensifie son offensive dans l'est du pays. Des roquettes ont touché la gare de Kramatorsk, principale ville de l'est, d'où des milliers de civils tentaient de fuir. Au moins 50 personnes sont mortes et 100 sont blessées.

 Une des roquettes qui s'est abatture sur la gare de Kramatorsk, ce vendredi. L'inscription "Pour nos enfants" est lisible sur le projectile.  Une des roquettes qui s'est abatture sur la gare de Kramatorsk, ce vendredi. L'inscription "Pour nos enfants" est lisible sur le projectile.
Une des roquettes qui s'est abatture sur la gare de Kramatorsk, ce vendredi. L'inscription "Pour nos enfants" est lisible sur le projectile. © AFP - FADEL SENNA

Au 44e jour de la guerre en Ukraine, ce vendredi, la Russie intensifie ses attaques dans l'est du pays. Des roquettes ont touché la gare de Kramatorsk, principale ville de l'est, d'où des milliers de civils tentaient de fuir. Au moins 50 personnes sont mortes et 100 sont blessées. Par ailleurs, un porte-parole du Kremlin a reconnu de lourdes pertes parmi les troupes russes. Selon les premiers bilans, la ville de Marioupol apparaît dévastée.

L'essentiel

  • Au moins 50 morts et 100 blessés dans l'attaque de la gare de Kramatorsk, à l'Est, d'où des milliers de civils tentaient de fuir
  • L'Union européenne dénonce une attaque "horrible", la Russie dément avoir frappé la gare de Kramatorsk
  • Un porte-parole du Kremlin reconnaît de lourdes pertes parmi les troupes russes 
  • La situation "bien plus horrible" dans la ville de Borodianka qu'à Boutcha, annonce le président ukrainien 
  • À écouter : le podcast quotidien de Radio France sur la situation en Ukraine

La situation sur le front militaire

Au moins 50 morts après des roquettes sur la gare de Kramatorsk, d'où des milliers de civils tentaient de fuir 

Deux roquettes ont touché la gare de Kramatorsk, la principale ville de l'Est. Depuis plusieurs jours, des milliers de personnes tentaient justement de fuir leur région au départ de cette gare, dans la crainte d'une offensive russe de grande ampleur. L'attaque a causé la mort d'au moins 50 personnes dont cinq enfants, et une centaine d'autres sont blessées. Un journaliste de l'AFP a vu des dizaines de corps dans des sacs mortuaires. Présent sur place plus tôt, il avait constaté que des centaines de personnes espéraient encore y trouver un train pour quitter la ville.

Sur la pelouse du parvis devant la gare, les restes d'un imposant missile kaki et tordu, était toujours visible sur lequel était tagué en russe à la peinture blanche "Pour nos enfants", a constaté l'AFP. Valises abandonnées, peluches et nourriture jonchaient les quais et les alentours de la gare au fronton rouge et blanc.

La gare de Kramatorsk après l'attaque de l'armée russe, ce vendredi.
La gare de Kramatorsk après l'attaque de l'armée russe, ce vendredi. © AFP - Hervé BAR

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dénoncé un "mal sans limite" déchaîné par la Russie. "Sans la force et le courage de nous affronter sur le champ de bataille, ils détruisent cyniquement la population civile. C'est un mal qui n'a pas de limite. Et s'il n'est pas puni, il ne s'arrêtera jamais", a écrit Volodymyr Zelensky sur Telegram. Il dénonce les méthodes "inhumaines" des forces russes.

L'Union européenne dénonce une attaque "horrible", l'armée russe dément

L'armée russe a démenti tout tir de missile sur la gare de Kramatorsk. Le Kremlin dénonce une "provocation" qui "ne correspond pas à la réalité"

L'Union européenne dénonce une attaque "horrible" menée par la Russie. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a qualifié l'attaque de "crime contre l'humanité". Emmanuel Macron dit vouloir "rassembler des preuves" contre "des crimes de guerre des Russes".

Quelle est la stratégie russe ?

De manière générale, "les forces russes créent les conditions d'une offensive majeure dans l'Est de l'Ukraine dans les prochains jours", affirme l'Institute for the Study of War (ISW). L'armée russe, qui a pris le contrôle de la stratégique ville d'Izioum, continue sa progression vers le sud en direction de Kramatorsk. 

Vladimir Poutine va concentrer ses attaques en Ukraine sur les zones séparatistes du Donbass pour chercher une "victoire" pour le 9 mai, date anniversaire de la capitulation de l'Allemagne nazie en 1945, s'est inquiété Emmanuel Macron, prédisant "des scènes très difficiles dans les prochaines semaines" dans cette zone.

L'Ukraine accuse la Russie de meurtres, tortures et viols à Borodianka, près de Kiev 

Le président Volodymyr Zelensky affirme que les destructions et le nombre de victimes dans la ville de Borodianka, près de Kiev, sont "bien plus horribles" que les atrocités commises à Boutcha. Les secouristes ont extrait 26 corps des décombres de deux immeubles d'habitation de la ville, a annoncé la procureure générale d'Ukraine. "Il y a plus de victimes" qu'à Boutcha, affirme Volodymyr Zelensky. "Chaque crime sera élucidé et chaque bourreau sera retrouvé", a-t-il encore dit. 

La procureure a accusé les soldats russes de s'être livrés à "des meurtres, des tortures et des passages à tabac" de civils, ainsi qu'à des viols, soulignant que les forces de l'ordre recueillaient des preuves pour les tribunaux locaux et internationaux.

Près de 700 personnés tuées à Tcherniguiv

Près de 700 personnes ont été tuées dans des bombardements à Tcherniguiv, près de la frontière bélarusse, qui a été pilonné pendant des semaines par les troupes russes. "Je peux donner un chiffre approximatif, 700 personnes. Il s'agit des militaires et civils", a indiqué le maire Vladyslav Atrochenko.

Le pire se dessine pour Marioupol 

A Marioupol, la cité portuaire martyre dans le sud-est du pays, 100.000 habitants sont toujours pris au piège. La ville, dévastée par l'armée russe, est toujours assiégée. Le "nouveau maire" installé par les forces pro-russes a annoncé jeudi qu'"environ 5.000 personnes" étaient mortes parmi la population civile. "Environ 60 à 70% du parc de logements a été détruit ou partiellement détruit", a-t-il indiqué. Les autorités ukrainiennes ont avancé des bilans beaucoup plus lourds.

Un couvre feu ce week-end à Odessa

Face à la "menace" de frappes de missiles, un couvre-feu sera en vigueur de samedi soir à lundi matin à Odessa, le grand port ukrainien sur la mer Noire, ont annoncé les autorités locales.

La Russie reconnaît de lourdes pertes 

Le porte-parole du Kremlin a reconnu que les forces russes avaient déjà subi, dans l'est, "des pertes militaires importantes", sans fournir de chiffre précis. Il a évoqué, lors d'une interview à la chaîne de télévision britannique Sky News, une "immense tragédie". Certains responsables occidentaux évoquent un bilan dépassant les 10.000 morts côté russe.

Ukraine : positions et mouvements des troupes russes (point de situation au 8 avril 2022 à 20h).
Ukraine : positions et mouvements des troupes russes (point de situation au 8 avril 2022 à 20h). © Visactu -

La situation diplomatique et les réactions internationales

Les prix alimentaires mondiaux atteignent des records 

Les prix mondiaux des denrées alimentaires ont atteint, en mars, leurs "plus hauts niveaux jamais enregistrés", annonce la FAO, l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Des records atteints en raison de cette guerre, qui "provoque des chocs" sur les marchés des céréales et des huiles végétales, précise la FAO. Les prix avaient déjà atteint un record en février, et enregistrent donc une nouvelle hausse en mars, de 12,6% en un mois.

La France s'organise face à un possible manque de gaz russe

La France se prépare si le gaz russe venait à manquer l'hiver prochain. Un décret publié ce vendredi organise la manière dont des coupures ciblées pourraient être mises en oeuvre chez de gros consommateurs. Ce décret encadre un possible "délestage", c'est-à-dire une interruption ou une réduction de l'approvisionnement pour certains clients industriels ou tertiaires (centres commerciaux, salles de concert, stades...). Le dispositif, qui ne ciblera pas les particuliers, concerne moins de 5.000 gros consommateurs, avec des exceptions prévues pour les services publics essentiels (hôpitaux, écoles...) et certaines entreprises.

Les autorités planchaient sur ce texte depuis l'an dernier et son adoption était prévue avant le déclenchement de la guerre en Ukraine.

L'Union européenne a décidé jeudi soir d'arrêter dès le mois d'août ses achats de charbon russe mais le gaz, dont certains pays comme l'Allemagne sont très dépendants, échappe pour l'heure aux sanctions. D'autres pays comme la Pologne sont cependant favorables à des mesures plus sévères contre le secteur énergétique russe. La France, qui compte sur la Russie pour environ 17% de son gaz, serait moins affectée que ses voisins européens en cas de rupture des livraisons.

A Boutcha, Ursula von der Leyen soutient la candidature de l'Ukraine à l'UE

En déplacement en Ukraine pour afficher son soutien au président ukrainien, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen s'est rendue à Boutcha au moment où les experts en médecine légale commençaient à extraire des corps enterrés dans une fosse commune pour tenter d'établir l'origine de leur mort. 

S'adressant à la presse à Boutcha, la présidente de la Commission européenne, manifestement ébranlée par ce qu'elle avait vu, a assuré que Bruxelles aiderait l'Ukraine à prendre les "mesures nécessaires" pour qu'elle puisse adhérer à l'Union européenne. "L'impensable s'est produit ici", a déclaré Ursula von der Leyen. "Nous avons vu la face cruelle de l'armée de (Vladimir) Poutine. Nous avons vu son irresponsabilité et son cynisme pendant l'occupation de la ville."

"Il faut habituellement des années avant que le Conseil européen accepte une candidature, mais l'Ukraine l'a fait en une semaine ou deux et je veux que l'on avance dans cette direction   aussi vite que possible", a dit Ursula von der Leyen. "Notre but est de présenter dès cet été la candidature de l'Ukraine au Conseil."

La Russie ferme les bureaux locaux d'Amnesty et Human Rights Watch

La Russie a fermé les bureaux locaux des ONG de défense des droits humains Amnesty International et Human Rights Watch, selon un communiqué publié par le ministère russe de la Justice, qui justifie la décision en raison de "violations de la législation russe".

L'UE sanctionne les filles de Vladimir Poutine 

Après Londres, Washington et Bruxelles, l'Union européenne sanctionne à son tour les deux filles du président russe Vladimir Poutine. Katerina Tikhonova et Maria Vorontsova, les filles qu'a eues Vladimir Poutine avec son ex-femme Lioudmila, sont désormais inscrites sur la liste noire de l'UE. Elles sont frappées d'une interdiction d'entrée dans l'UE et leurs avoirs y sont gelés. 

Elles sont désormais interdites d'entrée sur le territoire britannique, où tout éventuel actif sera gelé. Ekaterina Vinokourova, la fille du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov, est également sanctionnée. 

La Russie et l'Ukraine toujours" d'accord" pour se retrouver en Turquie

Malgré les récentes exactions sur le front, la Russie et l'Ukraine sont toujours "d'accord" pour se retrouver pour des pourparlers en Turquie, a affirmé un haut responsable turc. "La Russie et l'Ukraine sont d'accord pour tenir des pourparlers en Turquie, mais elles restent loin de s'accorder sur un texte commun", a indiqué ce responsable de haut niveau, refusant d'être nommé.

La question du statut de la Crimée et du Donbass reste difficile à trancher, a confirmé cette même source, qui n'a pas avancé de date concernant une éventuelle nouvelle rencontre sur le sol turc entre les deux parties.

La situation humanitaire et la solidarité avec les Ukrainiens

Le Parlement européen s'inquiète d'éventuelles adoptions illégales d'enfants 

Le Parlement européen s'est inquiété, jeudi, du sort des enfants ukrainiens fuyant la guerre, soulignant le risque "d'adoption illégale" des enfants non accompagnés. Les eurodéputés réclament qu'ils soient suivis par les services sociaux. Ils recommandent aussi que des agents de la protection de l'enfance soient déployés aux frontières, ainsi que des services de recherche des familles.

Plus de 11 millions d'Ukrainiens ont fui leur foyer

Plus de 4,38 millions de réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis le début de la guerre en Ukraine, selon les chiffres du Haut commissariat aux réfugiés (HCR). Autrement dit, l'Europe n'a pas connu un tel flot de réfugiés depuis la Deuxième guerre mondiale. Quelque 90% de ceux qui ont fui l'Ukraine sont des femmes et des enfants, les autorités ukrainiennes n'autorisant pas le départ des hommes en âge de porter les armes.

L'ONU estime aussi à 7,1 millions le nombre de déplacés à l'intérieur du pays, selon les chiffres de l'OIM publiés mardi. Au total, ce sont donc plus de 11 millions de personnes, soit plus d'un quart de la population, qui ont dû quitter leur foyer soit en traversant la frontière pour gagner les pays limitrophes, soit en trouvant refuge ailleurs en Ukraine. 

L'Organisation internationale pour les migrations (OIM) de l'ONU a précisé qu'environ 210.000 non-Ukrainiens avaient aussi fui le pays, rencontrant parfois des difficultés à rentrer dans leur pays d'origine.

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