Lorsque Vaughn Smith a confirmé un rendez-vous avec des clients de Washington pour nettoyer un de leurs tapis, indique le Washington Post, il leur a tranquillement expliqué qu’il leur avouerait en présence d’une journaliste quelque chose qu’il ne leur a jamais dit et qu’il a d’ailleurs rarement confié : il est hyperpolyglotte.

“Combien de langues parlez-vous ?” demande la cliente. “Huit couramment”, a répondu l’homme de 46 ans : l’anglais, l’espagnol, le bulgare, le tchèque, le portugais, le roumain, le russe et le slovaque. “Mais si vous tenez compte des différents niveaux de conversation”, explique M. Smith, j’en connais environ vingt-cinq autres.”

En fait, rectifie le Washington Post, “il continue de sous-estimer ses capacités”. Ce diplômé d’études secondaires, issu d’un milieu modeste, peut avoir des conversations approfondies, en plus de lire et d’écrire, dans six autres langues, dont le finlandais, le nahuatl et le serbe. Il peut tenir des conversations simples en dix langues, dont le catalan, le français, le hongrois et le polonais. Et il a des connaissances basiques dans vingt et une autres langues, dont le japonais, le mandarin, le suédois, le mongol et le vietnamien.

Un passionné

Le quotidien est médusé : “Comment en est-il arrivé là ?” Cette attention met Vaughn Smith mal à l’aise. Il semble se souvenir des noms, des numéros, des dates et des sons bien mieux que la plupart des gens. Si cela demeure un mystère pour lui, sa raison de consacrer sa vie à apprendre tant de langues ne l’est pas.

Le Massachusetts Institute of Technology (MIT) a réalisé des images des cerveaux de Vaughn Smith et de la journaliste unilingue du Washington Post Jessica Contrera. Leur comparaison a montré que “les régions du cerveau de Vaughn utilisées pour comprendre le langage sont beaucoup moins étendues et moins actives que les [siennes]”.

Ce qui conforte d’autres recherches menées auprès d’autres hyperpolyglottes : “Il jongle avec tellement de langues qu’il réussit à activer de manière très efficace les régions du cerveau impliquées dans le langage”, explique la neuroscientifique Saima Malik-Moraleda.

Avant même d’avoir entendu cette explication, Vaughn Smith s’est dit satisfait de sa visite au MIT : “Il faut que je pratique le lituanien aujourd’hui”, dit-il à un ami au téléphone. “Le catalan, l’espagnol, le russe et un peu de coréen !