Les appels sur le bon vieux téléphone fixe chutent à un niveau historique
Avec 1h25 en moyenne par mois au téléphone, la consommation vocale sur les réseaux fixes n'a jamais été aussi faible, selon les derniers chiffres de l'Arcep, le régulateur des télécoms. Les Français, en revanche, appellent davantage avec leurs smartphones qu'avant la crise du Covid.
« Le téléphone pleure » chantait Claude François en 1974. Cinquante ans plus tard, le bon vieux combiné peut cette fois vraiment sortir les mouchoirs ! Jamais les appels vocaux émis depuis les réseaux fixes n'ont été aussi faibles. Au dernier trimestre 2021, les Français ont passé 1h25 par mois en moyenne au téléphone (hors mobile), un plus bas historique, selon les derniers chiffres de l'Arcep, le régulateur des télécoms.
La dégringolade est spectaculaire. Certes, la consommation vocale qui transite via les box des opérateurs baissait déjà depuis des années -- de 10 % à 15 % en moins chaque trimestre. Le 3 heures 15 de communication par mois et par box de 2015 semble bien loin. Et le trafic voix sur le vieux réseau RTC -- le téléphone avec la prise murale en « T » -- chutait encore davantage.
Mais au dernier trimestre 2021, le trafic voix a baissé plus brutalement que d'habitude : -25 %, sur ces deux modes d'accès. Pourtant, en 2020, le premier confinement avait entraîné une hausse inédite du temps passé au téléphone fixe. Ce grand « retour de la voix » n'a pas duré, et les vieilles habitudes sont vite revenues au galop.
Retrait du vieux réseau cuivre
Pour les opérateurs télécoms, les conséquences sont très concrètes. Même s'ils ne représentent qu'une fraction du total, les revenus tirés des appels téléphoniques « classiques » ont chuté d'un quart, pour tomber à 132 millions d'euros sur le trimestre. Une baisse qui s'explique aussi par le fait que les opérateurs offrent désormais avec leurs box les appels illimités vers les fixes dans de nombreux pays, sans surcoût.
Ce recul accéléré de la téléphonie fixe arrive en plein débat sur le retrait du vieux réseau cuivre d'Orange. Ce réseau a servi de support historique à la téléphonie classique, avant d'être utilisé pour accéder à Internet en ADSL. Or aujourd'hui ce réseau se vide de ses clients, que ce soit pour la téléphonie, ou Internet (avec le passage à la fibre). Orange a donc prévu de s'éteindre progressivement son réseau d'ici à 2030, avec une fermeture technique à proprement parler dès 2026.
Plus de 3h d'appels par mois sur le mobile
En revanche, les appels sur le mobile se portent bien. Même si le trafic baisse légèrement par rapport à la fin 2020, le trafic par abonné est toujours supérieur à celui d'avant-crise. 3h48 par mois et par carte SIM ce trimestre, contre 3h28 juste avant la pandémie… Là aussi, une forme de normalisation s'est opérée, après un premier confinement qui avait fait exploser les appels mobiles jusqu'à 4h27 par mois, du jamais-vu.
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Autre bonne nouvelle pour les opérateurs : la reprise des voyages internationaux leur permet de toucher à nouveau les revenus du roaming « sortant », ces frais perçus lorsque leurs abonnés voyagent hors de l'Union européenne. Ce trafic progresse de presque 18 % sur le trimestre et les revenus associés de 84 %, à 87 millions d'euros.
Le retour à la normale concerne aussi l'usage des données mobiles (data). La consommation de données en 4G continue de progresser mais à des rythmes bien inférieurs à ceux de 2020. Les Français consomment désormais 12 Go de données par mois en 4G, soit 12 % de plus en un an. Une hausse que les opérateurs comptent bien absorber avec la 5G qui offre plus de capacités et permet de désaturer les réseaux mobiles.
Raphaël Balenieri