Trappist, Generous et Super Brandy : ces trois sociétés, créées le même jour en octobre 2021, sont conjointement détenues par trois personnes : Ali Najib Ibrahim ainsi que Rana et Rita Ahmad Khalil, filles d’Ahmad Khalil Khalil, indique The Guardian. Or ces trois compagnies font partie d’“un labyrinthe de sociétés écrans” utilisées par la Syrie pour échapper aux sanctions occidentales “contre l’élite du régime de Bachar El-Assad”, selon le quotidien britannique, qui a pu consulter des documents officiels.

Ils établissent “des liens clairs entre les propriétaires de ces sociétés, le président Assad et la puissante élite économique syrienne, dont des individus visés par des sanctions”. Quant aux entreprises elles-mêmes, ce sont de simples “coquilles” dont le but est d’“acheter des parts et de gérer d’autres entreprises”. Le principe du labyrinthe est simple :

“Plus la structure de propriété des entreprises est complexe, plus il est difficile pour les puissances étrangères de comprendre le rôle qu’elles jouent dans les finances du régime, et de parvenir à imposer des sanctions au cercle proche du pouvoir.”

L’art du contournement

Ainsi Ali Najib Ibrahim et Ahmad Khalil Khalil sont-ils deux des codétenteurs de Tele Space, une société qui, elle-même, codétient Wafa JSC. C’est-à-dire l’entreprise qui, en début d’année, a remporté la licence pour devenir le troisième opérateur mobile en Syrie. Wafa JSC est codétenue par Yasser Hussein Ibrahim, conseiller pour les affaires économiques et financières de Bachar El-Assad, qui fait, lui, l’objet de sanctions américaines et britanniques.

En plus d’être codétenteur de Tele Space, Ahmad Khalil Khalil est aussi celui d’une autre société, Sanad Protection and Security Services, “responsable de la protection des cargaisons russes de phosphate du centre de la Syrie vers le port de Tartous”.

Son associé au sein de la société, Nasser Dib Dib, est, par ailleurs, actionnaire d’Ella Services, qu’il codétient avec Khodr Ali Taher, un homme d’affaires proche du régime syrien, impliqué dans le trafic de captagon, une amphétamine de synthèse fabriquée en Syrie et, dans une moindre mesure, au Liban, et très prisée en Arabie Saoudite. Ella Services et Khodr Ali Taher sont tous deux soumis à des sanctions occidentales, selon The Guardian.

En octobre dernier, rappelle le journal britannique, le ministre de l’Économie et du Commerce extérieur syrien, Mohammad Samer El-Khalil, se vantait du fait que, pour le régime de Bachar El-Assad, contourner les sanctions occidentales “est devenu un art”.