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Les chauves-souris perturbées par les halos lumineux des villes

Les chauves-souris sont impactées par la lumière des villes la nuit. (Photo d'illustration)

Les chauves-souris sont impactées par la lumière des villes la nuit. (Photo d'illustration) - Sam Panthaky - AFP

Grâce aux données récoltées pendant sept ans par le programme de sciences participatives Vigie-chiro en France, des chercheurs ont estimé l'impact de cette pollution diffuse sur les sérotines communes, une espèce de chauves-souris.

Les chauves-souris sont perturbées par les halos lumineux provenant des villes qui dérèglent leur activité de chasse, contribuant probablement au déclin de certaines populations de chiroptères, selon une récente étude.

Les scientifiques ont montré l'impact de la pollution lumineuse sur la biodiversité en général, mais l'effet des halos de faible intensité qui entourent les zones urbaines est moins connu.

Grâce aux données récoltées pendant sept ans par le programme de sciences participatives Vigie-chiro en France, des chercheurs ont estimé l'impact de cette pollution diffuse sur les sérotines communes.

Cette espèce pourtant plutôt tolérante à la lumière "est moins abondante dans des paysages pollués par la lumière artificielle", résume ce mercredi dans un communiqué le Museum national d'histoire naturelle (MNHN).

Un impact non négligeable

En outre, son activité nocturne est plus tardive. Dans une ville de taille moyenne, cette activité est décalée en moyenne de 6 minutes par nuit claire et de 10 minutes en cas de couverture nuageuse qui amplifie le halo en réfléchissant la lumière venant du sol, selon l'étude publiée dans la revue Environmental Pollution.

Quelques minutes peuvent sembler négligeables, mais certaines chauves-souris comme la sérotine "n'ont pas une activité constante au cours de la nuit", elles chassent lors d'un très fort pic juste après le coucher du soleil, dit à l'Agence France-Presse l'auteure principale Léa Mariton, du MNHN.

Un pic qui doit correspondre à la présence des insectes qu'elles chassent. Sinon, "même un petit décalage peut se répercuter de manière drastique", ajoute la chercheuse.

Plusieurs hypothèses peuvent expliquer le décalage du début d'activité des sérotines: une sortie du gîte plus tard, la tombée de la nuit étant moins identifiable, ou un parcours plus long pour arriver sur le site de chasse.

"Une route avec des lampadaires tout le long peut être une barrière infranchissable pour une chauve-souris, qui doit trouver un autre chemin", souligne Mariton.

Un plus long vol qui nécessite plus d'énergie, donc plus d'insectes qui ne seront peut-être déjà plus au rendez-vous à son arrivée.

Une menace à long terme pour les chauves-souris

L'étude montre le même décalage lors des nuits éclairées par la lune. Mais, dans ce cas, les chauves-souris peuvent "compenser" lors des autres nuits, selon l'étude. Au contraire, les halos artificiels sont constants, représentant une menace à long terme pour la bonne santé des chauves-souris.

Cette étude pose ainsi la question du rôle de la pollution lumineuse dans le déclin de 30% de la population de sérotines communes en France entre 2006 et 2019, et de l'impact possible sur des espèces plus sensibles à la lumière.

Mais la lumière n'est qu'une menace parmi d'autres pour ces mammifères diabolisés, de la destruction de leurs habitats au changement climatique en passant par les éoliennes.

Pour limiter l'impact des halos de lumière, l'étude suggère notamment la baisse de l'intensité lumineuse, le changement du spectre lumineux ou encore des éclairages dirigés vers le sol.

M.A.L avec AFP