D’où pourrait venir pour Vladimir Poutine la nouvelle susceptible d’entamer son statut de paria sur la scène occidentale ? Réponse : de Paris. Si Marine Le Pen accède, le 24 avril, à la présidence de la République, elle apportera un peu de baume diplomatique au chef de l’Etat russe. Au moment où Moscou ordonne la deuxième phase de sa guerre d’agression contre l’Ukraine, cette bouffée d’air sera bienvenue. On respirera mieux au Kremlin.
Car, en dépit de quelques récents changements tactiques, la diplomatie que préconise Mme Le Pen correspond, sur le fond, à ce que l’URSS a toujours voulu et à ce que souhaite la Russie de Poutine depuis 2011 : l’affaiblissement de l’Union européenne (UE) et du lien transatlantique – ce qui unit, économiquement, les Européens entre eux et ce qui les relie, stratégiquement, aux Etats-Unis. Ce doublé, dont Poutine n’osait plus rêver, la diplomatie Le Pen le lui livrerait sur un plateau tricolore. Tel est le programme annoncé et confirmé, mercredi 13 avril, par la candidate d’extrême droite.
Marine Le Pen ne le cache pas : elle est opposée aux sanctions prises contre la Russie. Présidente, sa condamnation de l’invasion russe resterait rhétorique. Elle propose un dialogue OTAN-Russie sur la sécurité en Europe ? Mais c’est exactement ce qui devait advenir dans la suite du sommet entre Joe Biden et Vladimir Poutine, en juin 2021.
La ligne ultranationaliste
On connaît la réponse du Kremlin : ultimatum en décembre 2021, guerre deux mois plus tard. La candidate critique des livraisons d’armes à Kiev. Pour obtenir un cessez-le-feu, favoriser une négociation, elle compte sur la seule force de son discours. On le sait, Poutine, toujours un tantinet angélique, un rien rêveur, a la faiblesse de céder à qui lui fait du charme… Sur quelle planète vit Mme Le Pen ?
Il est vrai qu’elle flirte depuis longtemps avec l’autocrate de Moscou. En 2017, guignant l’Elysée, elle est allée au Kremlin solliciter une photo avec son grand homme – et un prêt, pour son parti, auprès d’une banque russe. Elle confiait alors à la BBC qu’elle était sur la « ligne » de Poutine et de deux autres ultranationalistes, Donald Trump et l’Indien Narendra Modi. Ce goût prononcé pour les gros bras de l’époque, doublé de l’amitié qu’elle entretient avec le Hongrois Viktor Orban, démocrate « illibéral » assumé, définit un profil politique inquiétant.
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