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Niger : plus de 36.000 classes en paillote à travers tout le pays (UNICEF)

De nombreuses écoles doivent accroître leurs capacités avec des salles de classe construites à partir de paille facilement disponible mais hautement inflammable.
UNICEF / Islamane
De nombreuses écoles doivent accroître leurs capacités avec des salles de classe construites à partir de paille facilement disponible mais hautement inflammable.

Niger : plus de 36.000 classes en paillote à travers tout le pays (UNICEF)

Culture et éducation

A l’occasion de l’anniversaire tragique de l’incendie de 25 salles de classe de l’école « Pays-Bas », qui a tué une vingtaine d’enfants de moins de 5 ans à Niamey, au Niger, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) a indiqué mercredi que plus de 36.000 classes en paillote sont dénombrées à travers tout le pays sahélien.

Selon l’UNICEF, le nombre de classes en paillote est passé à plus de 36.000 à travers le pays au cours des dernières années, notamment en raison de l’augmentation des taux de scolarisation et la croissance démographique. Le Niger est le pays le plus jeune pays du monde, avec chaque année, plus d’un demi-million de filles et de garçons commencent l’école primaire au Niger.

Selon l’UNICEF, les classes en paillotes sont devenues la seule approche pour créer un espace scolaire pour les accueillir. Toutefois les incendies des classes en paillote sont un tragique rappel des défis du système éducatif.

Il y a un an, jour pour jour, une tragédie frappait le Niger : dans l’après-midi du 13 avril 2021, 25 salles de classe de l’école «Pays-Bas », dans la capitale Niamey, ont pris feu, tuant 21 enfants, pour la plupart des enfants de moins de 5 ans.
UNICEF / Kropf
Il y a un an, jour pour jour, une tragédie frappait le Niger : dans l’après-midi du 13 avril 2021, 25 salles de classe de l’école «Pays-Bas », dans la capitale Niamey, ont pris feu, tuant 21 enfants, pour la plupart des enfants de moins de 5 ans.

L’Ecole « Pays-Bas » réouverte plus tôt cette année pour 1.800 enfants

Les salles de classe de l’école « Pays-Bas » avaient été construites en paille avec des toits de chaume fermées par des murs de part et d’autre, donnant sur une étroite rue non pavée. Ces classes accueillaient 1.250 de près de 3.000 élèves que l’école comptait à l’époque.

L’enquête policière n’a pas permis d’établir la cause de l’incendie. Le câblage électrique sur la route et la température grimpant à 44 degrés ce jour-là sont soupçonnés d’avoir déclenché l’incendie.

À la suite de la tragédie de l’Ecole Pays-Bas, l’UNICEF a construit 21 nouvelles salles de classe dans l’école voisine de Gamkalé, rénové 5 salles de classe existantes et réparé le bloc scolaire endommagé de l’Ecole Pays-Bas grâce au financement de la Norvège, par le biais du Fonds thématique pour l’éducation.

L’école a réouvert plus tôt cette année pour 1.800 enfants et la construction d’un terrain de sport devrait commencer sous peu.

Quelques mois après le drame de l’école « Pays-Bas », une tragédie similaire s’est produite en novembre 2021 à Maradi. Au moins 20 élèves du primaire sont morts et 14 ont été grièvement blessés lorsque leurs salles de classe construites en paille ont pris feu.

Le ministre de l’Éducation s’adresse aux enseignants dans l’une des nouvelles salles de classe.
UNICEF / Kropf
Le ministre de l’Éducation s’adresse aux enseignants dans l’une des nouvelles salles de classe.

Préparer les enseignants, les élèves et les communautés à réagir en cas d’incendie

Désormais, les salles de classe incendiées ont été remplacées par des classes construites avec des briques produites localement, financées par un homme d’affaires local sans le soutien de l’UNICEF.

Pour une réponse à court terme, l’UNICEF travaille avec ses partenaires pour préparer les enseignants, les élèves et les communautés à réagir au mieux en cas d’incendie. L’une de ces écoles se trouve au sommet d’une petite colline dans la banlieue de Tabalak, dans la région de Tahoua.

« Ici, nous avons dû construire une douzaine d’écoles paillottes pour accueillir tous les nouveaux élèves ces dernières années », explique le directeur de l’école, Abubaka Issoufou.

Les enfants sont assis sur le sol dans les salles de classe, les groupes d’élèves séparés par des bâches, créant un labyrinthe construit de matériaux hautement inflammables.

Dans le cadre du financement du ministère fédéral allemand des Affaires étrangères pour accroître la résilience des communautés du Sahel, cette école a été un projet pilote sur la préparation aux catastrophes, y compris les incendies.

Pour assurer la sécurité de l’école lorsqu’il n’y a pas de cours, la communauté a mis en place un comité d’environ 15 hommes qui se relaient dans l’école pendant les nuits et les fins de semaine.

Vue de l’intérieur d’une classe en paillote.
UNICEF / Islamane
Vue de l’intérieur d’une classe en paillote.

Repenser la structure du système scolaire

Par ailleurs, les partenaires doivent travailler ensemble à une solution de long terme qui garantira la sécurité des enfants et de meilleures conditions d’apprentissage. Selon l’Agence onusienne, le défi de remplacer toutes les classes en paillote au Niger est trop grand pour être résolu pour un seul partenaire.

A ce sujet, l’UNICEF collabore avec le Gouvernement et d’autres partenaires nationaux et internationaux pour repenser la structure du système scolaire tout en assurant une éducation ininterrompue à tous les enfants.

L’objectif est le développement de plans à moyen et long terme pour, d’une part, remplacer les écoles en paillotte existantes par des bâtiments scolaires accessibles, écologiques et durables, et d’autre part, explorer les possibilités d’éducation alternative adaptée aux réalités du Niger.

Malgré la détérioration de la situation sécuritaire dans la sous-région, le budget de l’éducation reste considérablement plus élevé que le budget alloué à la sécurité, qui représente 14% du budget du pays. Selon l’UNICEF, cela montre à quel point l’éducation de chaque enfant au Niger est une priorité pour le gouvernement.

Avec 20% du budget total du pays pour 2022, l’éducation est déjà le deuxième poste budgétaire de l’Etat. L’éducation ne se classe que derrière l’énergie et les infrastructures avec 23% du budget total.