Turquie : menace de fermeture d'une association féministe pour "activités immorales"

Par AFP

L'association a appelé à protester ce week-end contre la menace de fermeture dans plusieurs villes de la Turquie.
L'association a appelé à protester ce week-end contre la menace de fermeture dans plusieurs villes de la Turquie. Photo - AFP - Ozan KOSE

Un procureur d'Istanbul a demandé la fermeture d'une association de défense des droits des femmes pour "activités contre la loi et la morale", a annoncé jeudi à l'AFP une responsable de l'ONG.

"Nous avons reçu hier un avis annonçant l'ouverture du procès en vue de dissoudre notre association pour activité contre la loi et la morale", a déclaré à l'AFP la secrétaire générale de la plateforme We Will Stop Feminicide, Fidan Ataselim.

Très active pour la défense des droits des femmes, l'association avait aussi organisé plusieurs manifestations pour le maintien de la Turquie dans la Convention d'Istanbul, un traité international établissant des règles pour parer les violences sexistes, dont le pays s'est retiré en 2021.

Pour Fidan Ataselim, la lutte de son mouvement contre l'abandon de la Convention, ainsi que ses activités de documentation et de suivi des féminicides, lui vaut l'hostilité des autorités turques. "Nous pensons que l'ouverture du procès fait partie d'une politique de dissuasion envers les activités que nous conduisons depuis douze ans", estime Mme Ataselim.

A l'origine du procès, des plaintes déposées par des particuliers qui reprochent aux membres de l'association de "détruire la famille au prétexte de défense des droits des femmes" et les accusent même "d'insulte envers le président", pour avoir publié des rapports sur les féminicides ou lancé des appels aux responsables politiques pour qu'ils agissent contre l'impunité des auteurs de violences sexistes. Ces plaintes, envoyées à la présidence turque par le biais d'un site web destiné à collecter les requêtes et plaintes des citoyens, reprennent "la terminologie des détracteurs de la Convention d'Istanbul", ajoute Mme Ataselim.

Le gouvernement turc avait justifié sa décision d'abandonner le traité en lui reprochant d'encourager l'homosexualité et de menacer la structure familiale traditionnelle. Selon l'association, 280 femmes ont été tuées en 2021, en plus de 217 autres mortes dans des circonstances suspectes, notamment celles présentées comme des suicides.

La date de la première audience du procès contre l'association est encore inconnue.

"Ils ne pourront pas saboter notre lutte. Notre détermination en est même accrue", a affirmé Mme Ataselim. L'association a appelé à protester ce week-end contre la menace de fermeture dans plusieurs villes de la Turquie.

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