Chine : zéro Covid, zéro humanité
Un édito de Philippe Paquet.
- Publié le 15-04-2022 à 06h44
Confiné dans l’appartement familial tandis que ses parents étaient placés dans un de ces centres de quarantaine aux allures de camps de concentration que les autorités chinoises ont ouverts à Shanghai, un garçon de 14 ans n’a pas supporté l’isolement et s’est jeté par la fenêtre. Ce n’est qu’une des victimes "collatérales" de la nouvelle vague de Covid-19 qui frappe la plus grande ville de Chine. Et qu’une illustration de la politique inhumaine poursuivie depuis trois semaines par le régime communiste pour tenter de la contenir.
Ces drames sont dénoncés sur les réseaux sociaux chinois et - indice révélateur de l’exaspération de la population - les commentaires qu’ils suscitent vont tous dans le même sens : une condamnation sans appel des excès engendrés par l’approche "zéro Covid" défendue envers et contre tout par le gouvernement. Avec autant d’indignation que d’incompréhension puisque, sur les 250 000 contaminations comptabilisées jusqu’ici, la municipalité de Shanghai n’a recensé qu’un seul cas grave.
Vingt-cinq millions d’habitants sont néanmoins confinés dans des conditions draconiennes. Des familles sont séparées et des enfants, parfois des nouveau-nés, sont éloignés de leurs parents. Les malades "non-Covid" ne sont plus soignés et les décès se compteraient par centaines. Les résidents cloîtrés brutalement chez eux manquent de tout, alors que les gens mis en quarantaine après un test positif décrivent des conditions de détention - le seul mot qui convienne - abominables : manque de confort, d’intimité et d’hygiène. Les animaux domestiques, délaissés par leurs propriétaires, sont exterminés.
La gestion de cette crise sanitaire par le Parti communiste chinois ne saurait être plus cruelle et calamiteuse. Comme fut déjà douteuse sa réaction au début de l’épidémie, sur l’origine de laquelle on attend par ailleurs qu’il fasse enfin toute la lumière. Au risque bien entendu de révéler l’étendue de sa responsabilité.