LES PLUS LUS
Publicité

Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale : « C’est à Macron de convaincre »

Selon la lieutenante de Mélenchon Mathilde Panot, le danger Marine Le Pen « n’est pas de même nature » que celui représenté par Emmanuel Macron.

Arthur Nazaret, Anne-Charlotte Dusseaulx , Mis à jour le
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, en 2021.
Mathilde Panot, présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, en 2021. © AFP

Pour le second tour, votre consigne est : « Pas une voix pour Marine Le Pen ». Qu’est-ce qui vous empêche d’appeler à voter Macron ?
Ni l’un ni l’autre ne sont à la hauteur des ruptures vitales dont notre pays a besoin sur les questions écologiques, sociales et démocratiques. Mais ces deux dangers ne sont pas de même nature. Nous disons aux 7,7 millions de personnes qui ont voté pour nous que leurs voix ne nous appartiennent pas. Nous comprenons la colère immense qu’il y a contre Emmanuel Macron, mais nous espérons que les électeurs ne se tromperont pas sur l’imposture sociale de la candidature de Marine Le Pen . En plus de la maltraitance sociale de la politique d’Emmanuel Macron, elle ajouterait une haine raciste et antimusulmane. Mais nous n’appellerons pas à voter pour Emmanuel Macron , qui a détruit notre pays depuis cinq ans. C’est à Macron de convaincre.

Publicité
"

Ensemble, nous pouvons bâtir une majorité à l’Assemblée pour gouverner ce pays

"

Êtes-vous convaincue par le discours de samedi d’Emmanuel Macron tourné vers l’écologie ?
C’est difficile de penser que quelqu’un qui a été condamné deux fois pour inaction climatique puisse se racheter une crédibilité en dix jours. Ni son programme, ni celui de Marine Le Pen ne répondent à l’urgence écologique alors que le GIEC nous dit que nous n’avons plus que trois ans pour agir à la hauteur du plus grand défi du XXIème siècle.

La suite après cette publicité

Pour les législatives, vous parlez d’un rassemblement derrière un « label » et un programme. Quelles sont les mesures indispensables ?
Nous avons fait une campagne présidentielle sur un programme très détaillé et chiffré. Le peuple nous a donné pour mandat de poursuivre la stratégie de l’Union populaire, d’un rassemblement par la base. Nous ne croyons pas à la soupe de logos ! C’est pour ça que les questions programmatiques sont à l’ordre du jour des discussions. L’augmentation des salaires, la bifurcation écologique avec cette idée de planification, la retraite à 60 ans et la Constituante pour sortir de l’impasse démocratique. Puisque nous sommes arrivés largement en tête de la gauche, les discussions avec EELV, le PCF et le NPA doivent se faire autour de l’Avenir en commun. Ensemble, nous pouvons bâtir une majorité à l’Assemblée pour gouverner ce pays. Nous y sommes prêts.

La suite après cette publicité

À ces partenaires, vous proposez de répartir les sièges au prorata des résultats à la présidentielle. Pour eux, c’est inacceptable. C’est un point de blocage ?
C’est une proposition de départ qui permet de discuter.

Lire aussi - Législatives : voici ce sur quoi La France insoumise veut discuter avec les autres forces de gauche

La suite après cette publicité
La suite après cette publicité

Attendez-vous un mea culpa de Yannick Jadot et de Fabien Roussel avant d’entamer les discussions ?
Jadot et Roussel doivent rendre des comptes à propos de leurs nombreuses attaques envers Mélenchon, c’est un préalable. On ne demande pas un exercice de flagellation publique. Mais ils nous doivent des explications. Hier pour Jadot, nous étions les amis de Poutine. Aujourd’hui, cela ne semble pas empêcher son parti de vouloir discuter avec nous.

Pourquoi excluez-vous le PS de toute discussion ?
Le PS a été très clair. Anne Hidalgo ne voulait rien construire avec nous. Nous avons pris acte de ses attaques et de son refus à tirer un bilan lucide du quinquennat de François Hollande. Dans les dernières semaines de campagne, Jean-Luc Mélenchon était devenu l’ennemi no 1. Pendant ce temps, elle ne disait rien sur Marine Le Pen ou sur Emmanuel Macron. Il n’y aura donc pas de discussions, et ce refus est définitif.

Combien de temps vous laissez-vous pour trouver un accord avec vos partenaires ?
Le plus vite serait le mieux. Des discussions devraient commencer la semaine prochaine.

"

Au premier tour, nous étions troisièmes. Au troisième tour, nous serons premiers

"

Combien de députés espérez-vous ?
Nous voulons être majoritaire pour gouverner ce pays. Nous voulons un Premier ministre issu des rangs de l’Union populaire. Nous n’allons pas aux législatives pour avoir un maximum de députés, mais pour appliquer notre programme l’Avenir en commun. Un autre monde est toujours possible. Les gens y croient. Au premier tour, nous étions troisièmes. Au troisième tour, nous serons premiers. C’est un objectif qui nous convient très bien.

Les présidents élus ont toujours une majorité à l’Assemblée. Pourquoi cela serait-il différent en juin prochain ?
Une déception immense ressort du premier tour de la présidentielle. Nous avons le sentiment d’être passés à un fil de pouvoir changer l’histoire de notre pays. L’espoir de la présidentielle ne disparaît pas. Jamais le pays n’a été aussi divisé entre trois gros blocs – les libéraux, l’extrême droite et l’Union populaire. De nombreux défis ne seront pas tranchés dans cette élection mais pourront l’être avec les législatives. Et puis, cette année, la campagne législative sera plus longue et nous permettra d’en poser les enjeux. Contrairement à 2017, les macronistes ont un bilan. Les 17 députés Insoumis aussi.

"

Jean-Luc Mélenchon est toujours là et il prendra sa part dans le combat

"

Comment la succession de Jean-Luc Mélenchon va-t-elle s’organiser ?
Jean-Luc Mélenchon ne disparaît pas. Ce n’est pas un scoop, il fera de la politique jusqu’à la fin de sa vie. Il est toujours là et il prendra sa part dans le combat.

Sera-t-il candidat aux législatives ?
C’est une décision personnelle. Jean-Luc Mélenchon vous le dira lui-même lorsque sa décision sera prise.

À un moment, il faudra quand même un nouveau leader. Vous ?
En seulement cinq ans, Jean-Luc Mélenchon a fait émerger beaucoup de personnalités sur la scène politique et médiatique. En 2017, l’interrogation des journalistes était de savoir avec qui il gouvernerait en cas d’élection. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous pourrions même composer plusieurs gouvernements s’il le fallait ! Jean-Luc Mélenchon a cette capacité de transmettre. La question de sa succession ne se pose pas maintenant.

"

Nous sommes la seule force politique qui ne se plante pas des couteaux dans le dos constamment

"

Si Jean-Luc Mélenchon est moins présent, n’y a-t-il pas un risque que LFI s’effrite ?
Je ne le crois pas. Il y a une force de cohésion entre nous. Nous sommes la seule force politique qui ne se plante pas des couteaux dans le dos constamment ! L’Union populaire est une force immense. Cela ne tient pas uniquement à la figure de Jean-Luc Mélenchon, mais au travail programmatique extraordinaire qui a été fait. Une phrase du poète Nâzim Hikmet me fait penser au second tour : « Être captif, là n’est pas la question ; il s’agit de ne pas se rendre, voilà. » Insoumis, nous ne nous rendrons jamais, jamais nous n’abandonnerons le combat. 

Contenus sponsorisés

Sur le même sujet
Publicité