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Antivax, Gilets jaunes, complotistes… La sphère antisystème vote Marine Le Pen

Désunies au premier tour mais toujours antivax et anti-Macron, les figures de ce mouvement prennent position pour Marine Le Pen en vue du second tour de l’élection présidentielle.

Vincent Glad , Mis à jour le
Fabrice Di Vizio, Francis Lalanne, Richard Boutry, trois figures antisystème qui voteront Marine Le Pen.
Fabrice Di Vizio, Francis Lalanne, Richard Boutry, trois figures antisystème qui voteront Marine Le Pen. © AFP

L’antimacronisme est la cause qui les transcende toutes. Dans cette sphère qui réunit, sur les réseaux sociaux, antivax, Gilets jaunes, antisystème et complotistes, les résultats du premier tour de la présidentielle ont été vécus comme une déflagration. 27,8 % pour Emmanuel Macron , près de 4 points de plus qu’en 2017. Comme si leurs combats des dernières années n’avaient servi à rien. « Il y a une scission entre le peuple d’Internet et celui de TF1 et de France 2, expose, dépité, l’influenceur complotiste Silvano Trotta. Hélas, eux sont des millions de fois plus puissants. » « Je ne comprends pas où est le problème. Je ne connais personne qui vote Macron et il est encore premier au premier tour ! Ils n’ont pas compris, les gens, ou… ils trichent ? », crie de colère un jeune homme dans une vidéo virale sur la messagerie Telegram. Les accusations de fraude, un temps évoquées dimanche soir dernier, sont rapidement balayées par la communauté : un nombre impressionnant d’internautes disent s’être rendus au dépouillement près de chez eux et rapportent que, oui, les gens, « malheureusement », votent pour Macron.

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Pas de contestation électorale à la Trump , donc, mais un réflexe de survie politique : l’unité immédiate derrière la bannière « Tout sauf Macron » et sa conséquence logique, un appel au vote pour Marine Le Pen . Francis Lalanne, Fabrice Di Vizio, Oliv Oliv, Richard Boutry, Xavier Azalbert, Idriss Aberkane, les principales figures de cette sphère, ont pris position pour un vote Le Pen, apportant une unité politique à un mouvement gazeux qui ne s’était pas vraiment engagé pour un candidat au premier tour – même si beaucoup penchaient pour Nicolas Dupont-Aignan , soutenu par l’anti-passe sanitaire Florian Philippot. Un sondage informel mené par Silvano Trotta auprès des abonnés de sa chaîne Telegram à la veille du premier tour donnait ces résultats (sur 36 000 votants) : Dupont-Aignan, 58 % ; Zemmour, 12 % ; Mélenchon, 11 % ; Le Pen, 6 % Lasalle, 5 % blanc ou abstention, 7 %. Naturellement, Macron avait obtenu 0 %.

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Le choix de Mélenchon critiqué

Dans toute son outrance, Francis Lalanne résume le sentiment général. « Il faudrait absolument qu’on vote pour un dictateur pour éviter la dictatrice. Mais qu’est-ce qui vous dit que ça va être une dictatrice ? […] Vous allez vous mobiliser au second tour, vous allez dégager ce connard ! […] On fait barrage à Macron, on s’en fout de qui sera élu », éructe-t-il dans une vidéo postée sur les réseaux. L’avocat anti-passe sanitaire Fabrice Di Vizio, qui soutenait Dupont-Aignan, fait passer la même consigne : « Je voterai Marine Le Pen […]. Elle a une qualité majeure : elle n’est pas ­Emmanuel Macron. Jean-Luc Mélenchon ou Éric Zemmour auraient eu aussi une qualité majeure : ils ne sont pas Emmanuel Macron. » D’autres comme Richard Boutry, ancien présentateur de France ­Télévisions, opteront pour Marine Le Pen « avec un bouche-nez », les nouvelles convictions antivaccin dépassant largement les réflexes anti-extrême droite du passé.

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« Il ne faut pas donner une seule voix à Mme Le Pen ! » La petite phrase de Jean-Luc Mélenchon au soir du premier tour a eu un écho retentissant dans cette sphère de l’information, perçue comme une immense déception, une trahison de la cause suprême, l’antimacronisme. L’essayiste Idriss Aberkane, une des figures populaires des antivax, a condamné la position du leader Insoumis, estimant qu’il avait raté une chance historique de reconstituer le Conseil national de la résistance. « Peut-il travailler avec Le Pen ? Mais, enfin, les communistes ont travaillé avec ceux qui allaient devenir l’OAS. Ne me dites pas que ce n’est pas possible ! », a-t-il commenté sur la chaîne YouTube de Fabrice Di Vizio.

Voix discordante dans cette sphère de l’information, le Gilet jaune Jérôme Rodrigues a repris le mantra « ni ni » des étudiants qui ont bloqué la Sorbonne cette semaine : « Je vous le dis : ni l’un ni l’autre. […] Ceux qui disent « Macron, il a mutilé des gens, donc on vote Le Pen », dites-vous bien que Le Pen elle va faire pareil ! »

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Un faible poids électoral

Plus qu’une poussée de lepénisme, cet entre-deux-tours représente plutôt l’acmé de l’antimacronisme sur les réseaux antisystème. En dehors de la question de la réintégration des soignants non vaccinés, les messages de soutien au programme de Marine Le Pen sont rares.

Si l’antimacronisme déculpabilise pour beaucoup le vote Le Pen, il ne faut jamais surinterpréter l’influence électorale de ces mouvements en ligne. Les Gilets jaunes n’ont jamais pesé sur les résultats des divers scrutins. L’échec de Florian Philippot (un seul parrainage) et le score décevant de Nicolas Dupont-Aignan (2,1 %) au premier tour de la présidentielle rappellent une nouvelle fois que la colère des réseaux se matérialise rarement dans les urnes.

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