En France, plus de 500 000 soudeurs potentiellement exposés à des substances cancérogènes

L’inhalation des fumées par les soudeurs contenant des particules métalliques peut provoquer des cancers du poumon et du larynx, selon les dernières données de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses).  [Everyonephoto Studio/Shutterstock]

Afin de mieux protéger les soudeurs, l’Anses recommande d’inclure les fumées de soudage et les fumées métalliques dans la liste des substances cancérogènes fixées par le Code du travail, selon un rapport rendu public jeudi (14 avril). 

L’inhalation des fumées par les soudeurs contenant des particules métalliques peut provoquer des cancers du poumon et du larynx, selon les dernières données de l’Agence nationale de sécurité sanitaire et alimentaire (Anses). 

L’Anses se base notamment sur des chiffres du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) qui, en 2018, classe officiellement les fumées de soudage comme « cancérogène pour l’Homme ». 

Ces fumées peuvent être inhalées non seulement par les soudeurs, mais aussi par des professionnels du secteur de la construction, de l’installation et de la réparation de machines et d’équipements, la réparation de véhicules ou encore la métallurgie. 

« Avec cette recommandation, en plus des travailleurs exposés aux fumées de soudage, nous proposons également d’inclure les travailleurs exposés aux fumées métalliques de procédés connexes dont la composition en agents cancérogènes s’avère similaire à celle des fumées de soudage », rapporte Dominique Brunet, cheffe de l’unité de l’évaluation des valeurs de référence et des risques des substances chimiques à l’Anses.

Au total, cela représente plus de 528 000 personnes, soit 2,1% des travailleurs en France. 

Pour protéger tous les travailleurs exposés aux fumées, et pas seulement les soudeurs, l’Anses lance donc un appel pour inclure l’ensemble des travaux impliquant d’être au contact de ces fumées nocives pour la santé humaine dans le Code du travail.

En octobre 2020, les ministres du Travail et de l’Agriculture ont actualisé la liste des substances, préparations et procédés cancérogènes inscrits dans le Code du travail via un arrêté entré en vigueur le 1er janvier 2021. 

« Cette recommandation permet également d’inclure les professionnels dont la soudure n’est pas l’activité principale ainsi que les travailleurs exposés de façon passive, de par leur présence à proximité de personnes effectuant des opérations de soudage », explique encore Mme Brunet. 

L’Agence française de sécurité sanitaire préconise également de mieux informer les professionnels du secteur, que cela soit les patrons ou les employés, afin de prévenir les risques de cancer. 

« Pour y parvenir, il s’agit de former et sensibiliser les employeurs et les salariés à l’utilisation des procédés les plus adaptés et les moins émissifs selon les opérations de soudage à effectuer. Capter les fumées à la source et surveiller les expositions sont également des actions à mettre en place », précise Dominique Brunet. 

Un nouveau Pacte mondial pour intensifier la lutte contre les maladies non transmissibles

Les membres de l’OMS ont appelé à une action concrète pour réduire les décès prématurés dus à des maladies non transmissibles telles que le diabète, les cancers et les maladies cardiaques et pulmonaires, qualifiant leur prévalence de « pandémie ».

La protection des travailleurs en Europe

En termes de protection des travailleurs, la France a encore du chemin à parcourir, et pas uniquement lorsqu’il s’agit d’exposition à des substances chimiques. 

En Europe, elle est le deuxième pays avec le plus d’accidents du travail (2 822 accidents du travail pour 100 000 habitants), juste derrière le Portugal, et devant l’Espagne, selon les dernières données d’Eurostat. 

À Bruxelles, le sujet est au cœur de l’agenda santé. Le 3 mars dernier, le Conseil de l’UE a donné son accord définitif pour mettre à jour les règles de l’UE quant à la protection des travailleurs exposés à des substances cancérogènes, qui constituent la première cause de décès liés au travail en Europe.

« Il s’agit d’une nouvelle avancée significative dans l’amélioration de la santé des travailleurs de l’UE et cela montre également que l’Europe se soucie de la santé de ses citoyens et de ses travailleurs », avait déclaré le commissaire européen chargé de l’Emploi et des droits Sociaux, Nicolas Schmit devant les membres du Parlement. 

La révision de la directive européenne sur les substances cancérogènes prévoit d’inclure les substances reprotoxiques, de limiter l’exposition des professionnels à des produits chimiques comme l’acrylonitrile et les composés du nickel, et de revoir à la baisse la limite maximale pour le benzène, un constituant du pétrole brut. 

« Les substances reprotoxiques sont nocives pour la reproduction et peuvent provoquer des troubles de la fertilité voire l’infertilité », indique le communiqué de presse de la Commission. 

Pour rappel, le cancer est responsable de 52% des décès liés au travail en Europe. À titre de comparaison, 24 % des décès liés au travail sont attribués à des maladies circulatoires, 22 % à d’autres maladies et 2 % à des blessures. 

L’UE renforce la protection des travailleurs contre les risques liés aux substances cancérigènes ou mutagènes

Le Conseil de l’UE a donné son feu vert définitif à une mise à jour des règles de l’UE visant à réduire l’exposition des travailleurs aux substances cancérigènes, mutagènes ou reprotoxiques.

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