L’ŒUVRE QUI A CHANGÉ MA VIE

Enki Bilal : « L’émotion que j’ai ressentie face aux grottes de Lascaux me remplit pour le restant de mes jours »

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Chaque mois, une personnalité nous raconte sa rencontre décisive avec une œuvre d’art. Au musée de l’Homme à Paris, l’artiste et auteur de bande dessinée Enki Bilal signe un accrochage de planches originales et de tableaux, qui questionne le devenir de l’Homme, en écho à l’exposition « Aux frontières de l’humain ». L’occasion de nous raconter son choc face aux grottes de Lascaux, expérience qui touche justement aux origines de l’humanité et de l’art.
Portrait d’Enki Bilal
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Portrait d’Enki Bilal

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@ Hannah Assouline

« Quand on me demande une œuvre qui m’aurait inspiré, marqué, j’en reviens toujours aux peintures rupestres. C’est lié à un choc lorsque j’ai eu la chance de visiter les vraies grottes de Lascaux, avant qu’elles ne soient fermées au public, avec plusieurs autres personnes dont Jean-Marc Rochette. On a passé environ 45 minutes dedans : et on ressort changé d’une telle expérience. L’émotion que j’y ai ressentie était tellement forte qu’elle me remplit pour le restant de mes jours.

Grotte de Lascaux, salle des Taureaux
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Grotte de Lascaux, salle des Taureaux

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© Département 24 / D. Nidos

« Tous les grands artistes qui ont suivi sont redevables de cette étincelle qui vient du fin fond de l’humanité. »

C’est du dessin pur, avec une espèce d’énergie qui relève à la fois de la naïveté et de l’amour. On sent quelque chose de viscéral, qui épouse la roche. Les émotions sont très fortes : on est devant l’origine même du dessin ! Cet endroit, c’est un laboratoire, un atelier d’artistes. Les peintures des grottes de Lascaux, ce sont des traces de l’humanité naissante. Pour moi, il y a un lien absolu avec l’art tant ces dessins sont le point de départ de tout. Et tous les grands artistes qui ont suivi sont redevables de cette étincelle qui vient du fin fond de l’humanité.

Cette expérience a séché un peu tout le reste et est devenue pour moi une sorte de référence. Ça a été comme une révélation de ce lien entre l’humain et l’art : comment on pratique l’art, pourquoi le pratique-t-on… Dans les peintures pariétales, c’est la représentation du bestiaire qui domine. L’animal raconte l’homme car il est alors au cœur de sa vie. Avec les peintures pariétales, l’artiste devient conteur, et je pense que ce qu’il produisait sur ces murs unissait la société. Tout comme l’art aujourd’hui. »

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Enki Bilal au Musée de l'Homme

Du 16 mars 2022 au 13 juin 2022

www.museedelhomme.fr

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