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Mobilisation

Mort d’Aramburu: le monde du rugby dénonce un assassinat «au motif d’idéologie d’extrême droite»

Une tribune publiée ce mardi sur le site de «l’Equipe» et signée par plus de 500 sportifs rend hommage à l’ex-international argentin, tué par balles le 19 avril dernier, «mort parce qu’il a défendu ses valeurs».
par LIBERATION
publié le 19 avril 2022 à 16h01

Un mois pile après la mort de l’Argentin Federico Aramburu, tué par balles dans le XIe arrondissement de Paris, le monde du rugby reste mobilisé «contre ceux qui veulent laisser entrer la haine dans notre pays». De nombreux représentants de l’ovalie s’en ouvrent dans une tribune publiée ce mardi dans l’Equipe, «en accord avec la famille de Federico Martin Aramburu et [avec] le soutien de son cousin Raúl Alconada Sempé», secrétaire des Affaires spéciales du ministère des Relations extérieures et du Culte argentin, précise le quotidien.

Intitulé «Mort parce qu’il a défendu ses valeurs», signé par plus de 500 personnalités, dont le président de la Fédération française de rugby, Bernard Laporte, le sélectionneur de l’équipe de France, Fabien Galthié, et son capitaine, Antoine Dupont, le texte rend hommage à Federico Aramburu, ancien international argentin, passé notamment par le Biarritz olympique (BO), «assassiné parce qu’il s’est opposé à des idées extrémistes et fascistes. Non, la mort de Federico n’est pas un fait divers, une affaire de droit commun comme certains veulent le laisser entendre», écrivent-ils.

L’ex-international a succombé à ses blessures à l’âge de 42 ans à Paris, à l’aube du 19 mars dernier, après une altercation au bar Le Mabillon, dans le quartier de Saint-Germain-des-Prés (VIe arrondissement). Suite à un «différend» entre deux groupes de personnes, rapidement séparés par des videurs, les suspects «sont revenus peu après avec un véhicule et ont tiré des coups de feu», selon une source policière.

«Plus jamais un être humain ne doit mourir dans ces conditions»

A ce stade de l’enquête, les circonstances aggravantes en raison d’un mobile à caractère raciste, xénophobe ou antisémite, ne sont pas retenues par les enquêteurs. Dans un article paru le 17 avril, le JDD raconte toutefois que durant l’altercation, Aramburu et Shaun Hegarty, autre ancien rugbymen aux origines irlandaise, néo-zélandaise et basque présent ce matin-là, auraient été pris à partie en raison de leurs accents respectifs. «On est chez nous. On fait ce qu’on veut. T’as pas à nous dire ce qu’on a à faire», aurait alors invectivé le militant d’ultradroite Loïk Priol, ancien militaire et membre du mouvement d’ultradroite Groupe union défense (GUD), principal suspect dans le meurtre d’Aramburu. Arrêté dans la nuit du 22 au 23 mars en Hongrie, il a depuis été mis en examen pour «assassinat et détention d’armes» et incarcéré le 1er avril.

«Federico et Shaun [Hegarty] étaient en dehors du terrain de jeu, et comme à leur habitude, n’ont pas laissé dire des paroles contraires à leur pensée, leur éducation, leur philosophie de vie. Ils n’ont pas tourné la tête en faisant semblant de n’avoir rien vu mais ils ont choisi de réagir, à ce qui pour eux était évidence, souligne le texte. On ne peut accepter qu’un des nôtres soit assassiné en 2022 au cœur de la capitale française, parce qu’il respectait et appliquait ces valeurs [du rugby, d’humanisme], auxquelles nous ajoutons en mémoire de Federico la générosité, la bienveillance, le combat pour une justice sociale et par-dessus tout l’amour de la famille et du partage amical.»

Cette tribune se veut aussi un rappel du danger que représente l’extrême droite, à quelques jours du second tour de l’élection présidentielle, où la perspective de voir Marine Le Pen à l’Elysée n’a jamais semblé aussi réelle. «Plus jamais un être humain ne doit mourir dans ces conditions, plus jamais une famille ne doit être endeuillée au motif d’idéologie d’extrême droite, nous continuerons à combattre pour nos valeurs, nos idées, nous lutterons toujours contre ceux qui veulent laisser entrer la haine dans notre pays», promet le texte.

Dans cette enquête toujours en cours, deux autres personnes ont été mises en examen et placées en détention provisoire. Proche de Loïk Le Priol, Romain Bouvier, 31 ans, a été mis en examen pour «assassinat» et deux délits liés à la détention d’armes. Soupçonné d’avoir lui aussi tiré sur Aramburu, il a été écroué à la prison de la Santé à Paris. Une femme de 24 ans, présentée comme la petite amie de Loïk Le Priol, a elle été mise en examen pour «complicité d’assassinat». Elle est soupçonnée d’avoir conduit le soir des faits un véhicule appartenant au militant d’extrême droite.

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