La guerre est finie, mais elle ne les a pas quittés. La guerre, la peur, les cris, c’était la normalité. Comme tous les enfants, ils ont joué, rêvé, et se sont raconté des histoires en observant le monde des adultes devenir fou.
Elle est la blessure qu’ils chérissent, parce qu’avec la souffrance, elle leur a apporté force et sensibilité au monde car comme le dit Dima Abdallah “Dire à un enfant en ayant peur : "Ne t'inquiète pas, tout va bien". Ça ne marche absolument pas. Les enfants ressentent tout, savent tout”.
De quoi se souvient-on quand on a vécu la guerre, enfant ? Du souffle des bombardements, du goût de la papaye qu’on suçotait pour ne pas crier, des hurlements dans la montagne, ou des réactions étranges des parents ? Dans tous les cas, “Les souvenirs sont là. Les dégâts sont là. Les blessures sont là, elles ne cicatrisent pas. Ça va continuer toute la vie. Ce n'est pas une affaire de temps de guerre et de paix” regrette Dima Abdallah
La guerre, c’était la peur, la destruction du logement, la disparition des jouets, l’exil permanent, l’école à la télé, se cacher dans les caves, assister, impuissant, à l’humiliation et l’effondrement des parents. La guerre, c’était aussi le meilleur moment de leur vie. Parce qu’on les laissait libres de jouer, hurler à tue-tête pendant les bombardements, parce qu’ils pouvaient s’inventer rois de ce monde de plus en plus étrange, où les adultes ne tenaient plus leur rang.
La guerre les a faits, mais ils ne se sont pas laissé faire. Ils ont traduit cette expérience en mots ou en images, pour exprimer le sens aigu du beau et de la justice, qu’ils ont développé pour résister au chaos. Hypersensibilité, souvent douloureuse, insupportable, qu’ils doivent travailler sans relâche pour l’extérioriser, avant qu’elle ne se termine en colère et finissent par ronger car comme le précise Dima Abdallah “La mémoire vient frapper à la porte tout le temps pour nous rappeler ce qu'on a été, des sensations de chagrin, des peurs, des colères.”
Avec
- Rezvan Farsijani, spécialiste de mode au Moyen-Orient
- Elika Hedayat, réalisatrice et des extraits de son film « Jeux d’enfants »
- Dima Abdallah, auteure
- Jacques Klanjberg, enfant caché pendant la seconde guerre mondiale
- Mehdi Charef, auteur, réalisateur
Une série documentaire de Pauline Maucort, réalisé par Véronique Samouiloff
Ce documentaire a été diffusé pour la première fois le 25/1/21
Bibliographie
- Mauvaises herbes - Dima Abdallah (éd. Sabine Wespieser)
- Rue des Pâquerettes - Mhedi Charef (éd. Hors d'atteinte)
- Vivants - Mhedi Charef (éd. Hors d'atteinte)
- Une enfance dans la guerre – Algérie 1954 – 1962, collectif, textes recueillis par Leïla Sebbar (éd. Bleu Autour)
Liens
Journal d’un enfant pendant la guerre de 1939-45, à lire sur l’Encyclopédie de la psychopédagogie.
Denis Poizat : Jus ad bellum, jus in bello, l'enfance meurtrie, in Le Télémaque, n°42, 2012
L'équipe
- Production
- Production
- Réalisation
- Collaboration
- Collaboration
- Collaboration