La mélancolie des bombardements : épisode • 1/4 du podcast Grandir avec la guerre

Enfants entre Beyrouth Est (chrétien) et Beyrouth Ouest (musulman). ©Getty - Maher Attar/Sygma via Getty Images)
Enfants entre Beyrouth Est (chrétien) et Beyrouth Ouest (musulman). ©Getty - Maher Attar/Sygma via Getty Images)
Enfants entre Beyrouth Est (chrétien) et Beyrouth Ouest (musulman). ©Getty - Maher Attar/Sygma via Getty Images)
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La guerre est finie, mais elle ne les a pas quittés. La guerre, la peur, les cris, c’était la normalité. Comme tous les enfants, ils ont joué, rêvé, et se sont raconté des histoires en observant le monde des adultes devenir fou.

Elle est la blessure qu’ils chérissent, parce qu’avec la souffrance, elle leur a apporté force et sensibilité au monde car comme le dit Dima Abdallah “Dire à un enfant en ayant peur : "Ne t'inquiète pas, tout va bien". Ça ne marche absolument pas. Les enfants ressentent tout, savent tout”.

De quoi se souvient-on quand on a vécu la guerre, enfant ? Du souffle des bombardements, du goût de la papaye qu’on suçotait pour ne pas crier, des hurlements dans la montagne, ou des réactions étranges des parents ? Dans tous les cas, “Les souvenirs sont là. Les dégâts sont là. Les blessures sont là, elles ne cicatrisent pas. Ça va continuer toute la vie. Ce n'est pas une affaire de temps de guerre et de paix” regrette Dima Abdallah

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La guerre, c’était la peur, la destruction du logement, la disparition des jouets, l’exil permanent, l’école à la télé, se cacher dans les caves, assister, impuissant, à l’humiliation et l’effondrement des parents. La guerre, c’était aussi le meilleur moment de leur vie. Parce qu’on les laissait libres de jouer, hurler à tue-tête pendant les bombardements, parce qu’ils pouvaient s’inventer rois de ce monde de plus en plus étrange, où les adultes ne tenaient plus leur rang.

La guerre les a faits, mais ils ne se sont pas laissé faire. Ils ont traduit cette expérience en mots ou en images, pour exprimer le sens aigu du beau et de la justice, qu’ils ont développé pour résister au chaos. Hypersensibilité, souvent douloureuse, insupportable, qu’ils doivent travailler sans relâche pour l’extérioriser, avant qu’elle ne se termine en colère et finissent par ronger car comme le précise Dima Abdallah “La mémoire vient frapper à la porte tout le temps pour nous rappeler ce qu'on a été, des sensations de chagrin, des peurs, des colères.”

Avec

Une série documentaire de Pauline Maucort, réalisé  par Véronique Samouiloff

Ce documentaire a été diffusé pour la première fois le 25/1/21

Bibliographie

Liens

Colloque international Enfances en guerre qui s’est tenu du 7 au 9 décembre 2011 au siège de l'UNESCO à Paris : interventions et articles en ligne.

Journal d’un enfant pendant la guerre de 1939-45, à lire sur l’Encyclopédie de la psychopédagogie.

Un petit garçon amiénois dans la Grande Guerre. Le journal de Jacques Gogois, 7 ans. 1914-1921. Mémoire pour le Master Phénomène guerrier de Léa Bourlo (2016-2017).

Untold Atrocities ; the Stories of Syria’s Children. Témoignages recueillis par l’association Save the Children, juillet 2014.

Denis Poizat : Jus ad bellum, jus in bello, l'enfance meurtrie, in Le Télémaque, n°42, 2012

À lire aussi : "Guerre"
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