«Là, il commence à me toucher les seins, avec insistance, il ne regardait pas si j’avais un kyste»

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A 22 ans, elle est allée consulter un médecin pour un mal de gorge. L’homme aurait eu des gestes déplacés qui ont longtemps perturbé la jeune femme. Huit ans après, elle attend que la justice tranche et raconte son histoire sur France Bleu.

«Là, il commence à me toucher les seins, avec insistance, il ne regardait pas si j’avais un kyste»

Elle est clairement traumatisée, et a donc décidé d’en parler à France Bleu. Cette jeune femme raconte avoir été agressée sexuellement par son médecin à Agde en 2014. Elle avait alors 22 ans. Elle se rendait au cabinet pour un mal de gorge, et la consultation dérape « Il me regarde la gorge avec un abaisse langue, avec l’appareil pour les oreilles, il me regarde les oreilles, et là il me dit enlevez votre tee-shirt. Et donc moi j’enlève mon tee-shirt, même si d’habitude mon médecin traitant, pour le stéthoscope, il passe en dessous du tee-shirt. Mais je me suis dit peut-être que lui c’est sa manière. Jusque-là j’étais en confiance, c’est un médecin, donc tout va bien… Et là il dégrafe mon soutien-gorge, et il commence à me toucher la colonne vertébrale, et il me dit vous avez des problèmes de dos. Je dis oui oui je ne suis pas venue pour mon dos. Et là il commence à me toucher les seins, avec insistance quoi, vraiment, il ne regardait pas si j’avais un kyste dans la poitrine. On a toujours confiance parce qu’on se dit c’est un médecin mais on voit bien que les choses tournent mal. On se dit, je ne suis pas venu pour ça, là il va trop loin. »

«Même 10 ans après cette agression par ce médecin, ça me travaille.»

La jeune femme pétrifiée ne réalise pas tout de suite. Pendant plusieurs semaines elle n’en parle à personne, ni ses parents, ni son petit-ami de l’époque, et petit à petit elle s’isole. Ce n’est qu’en 2015 qu’elle décide de porter plainte, quand elle réalise qu’elle n’est plus la même : « J’ai été obligée de consulter une psy, quand même, parce que mine de rien ça travaille. Après j’avais un appartement, j’étais toute seule, je ne me sentais plus en sécurité, donc je l’ai rendu. Je suis retournée habiter chez ma mère. Quand j’avais des rendez-vous et que je savais que c’était un homme, soit je n’y allais pas, soit je me faisais accompagner, mais que ce soit pour n’importe quoi. Quand j’ai dû rendre mon appart, c’était un monsieur, je n’y suis pas allée toute seule. C’est bête, mais s’il y a une personne qui lui ressemble à peu près, toute de suite, je vais me dire, c’est lui, ah non, c’est bon, je me fais vite des films. Même 10 ans après, ça me travaille. Si je vois un film où il y a une femme qui est dénudée et qui a la poitrine à l’air et qu’il commence à se passer des choses avec un homme, tout de suite ça m’y fait penser. Où lorsque des femmes viennent témoigner pour des viols… En fait dès que j’en parle, ça a des conséquences. »

Mais la procédure est longue et compliquée. Le médecin a d’abord été condamné puis acquitté par l’Ordre. L’affaire est désormais traitée au pénal par le tribunal de proximité de Saint-Barthélemy, où résidait le médecin au moment de la plainte. Depuis une autre victime présumée à déposé plainte contre lui. « J’espère que la décision sera en ma faveur, et qu’il sera enfin condamné, que l’on soit enfin reconnues et que je puisse enfin, pratiquement dix ans après, passer à autre chose. »

 

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