Le vent fait ondoyer les branches de grands arbres qui ploient comme des tentacules inquiétants, puis balaye les champs de thé d’un vert phosphorescent. Rythmées par la vision de ces paysages silencieux et tourmentés, sur lesquels l’orage menace sans cesse, il y a les paroles de ces femmes.
En voix off, ou bien face caméra à visages découverts, elles racontent : «On pensait naïvement que le blanc était le sauveur et qu’il apportait forcément la paix.». «Ils étaient toujours en train de guetter, à la recherche d’une jolie fille. Et ils disaient : «Tutsi, Tutsi..». Ils te sortaient de la tente et ils faisaient de toi ce qu’ils voulaient.» «Leurs désirs étaient des ordres. Se mettre à quatre pattes, ou lever la jambe ? On s’exécutait.» «Je saignais et je n’arrivais plus à resserrer les jambes.» «Ils m’ont plaquée au sol, un soldat prenait des photos qui sortaient immédiatement. Un soldat prenait des photos et un autre était en train de me violer.»
Pour la première fois depuis 1994, trois femmes rwandaises ont accepté de témoigner devant une caméra des viols qu’elles auraient subis de la part de militaires français, censés les protéger dans le cadre de l’opération Turquoise déclenchée en juin 1994 alors que le génocide était en train de s’achever. Les premières plaintes ont été recueillies en 2004 par la docteure Annie Faure, qui se trou