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Une affaire d'agressions sexuelles dans le cercle politique propulse la Thaïlande à l’ère MeToo

Un célèbre politicien, dirigeant d’un parti de la coalition gouvernementale, est accusé de viols et d’agressions sexuelles par une vingtaine de femmes.

Les femmes thaïlandaises dénoncent le machisme ancré dans la société thaÏ. (Image d'illustration)
Les femmes thaïlandaises dénoncent le machisme ancré dans la société thaÏ. (Image d'illustration) © AP - Aijaz Rahi
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De notre correspondante à Bangkok,

Prinn Panitchapakdi, 44 ans, est accusé de viols et agressions sexuelles par une vingtaine de femmes dont quinze ont porté plainte. Non seulement il est l’un des leaders du Parti démocrate, un parti membre de la coalition gouvernementale, mais il est aussi connu pour être le fils de Supachai Panitchapakdi, diplomate thaïlandais, ancien directeur de l’Organisation mondiale du commerce. Il était considéré jusqu’ici comme une étoile montante de la scène politique thaïlandaise.

C’est une jeune fille de 18 ans qui a porté plainte la première, suivie rapidement d’une femme assez connue, elle aussi engagée en politique, qui briguait un mandat aux prochaines élections de la mairie de Bangkok. Anna Vidhyaphum, soutenue par son mari, affirme que le politicien l’a invitée à déjeuner dans un restaurant dans la tour où se situe son appartement, avant de l’inviter à monter chez lui. Les autres victimes font état du même mode opératoire. L’homme a déjà fait l’objet de plaintes similaires il y a une vingtaine d’années à Londres où il possède un appartement.

Raz de marée médiatique

Journaux, chaînes de télévision, réseaux sociaux, chacun y va de son commentaire. Des groupes de femmes manifestent depuis plusieurs jours devant le siège du Parti démocrate.

La parole semble s’être libérée soudainement, comme si les groupes féministes attendaient une occasion comme celle-ci – un cas de harcèlement sexuel avec suffisamment de témoignages et une personnalité qui compte dans les cercles du pouvoir – pour enfin prendre la parole. Le mot #MeToo a fait son apparition sur les réseaux thaï. Les manifestantes ont même un hymne : « Sita à travers le feu », une version locale d’une chanson féministe entendue pendant des manifestations au Chili et au Mexique dont les paroles sont inspirées d’une scène célèbre du Ramakien, un mythe fondateur des sociétés sud-asiatiques, où la princesse Sita doit marcher à travers le feu pour prouver à son mari son innocence. Les féministes thaïlandaises se servent de cette affaire pour dénoncer le machisme ancré dans la psyché thaï, la littérature et les représentations à l’écran.

Une affaire politisée

Les uns parlent d’une machination politique, les autres le condamnent déjà. Anna Vidhyapum a dû renoncer à briguer un mandat politique, après avoir été accusée de vouloir s’attirer, avec cette affaire, des votes de sympathie.

Mais la gravité des faits, le nombre de victimes et le passé de l'agresseur présumé pourrait faire dépasser à cette affaire le pur cadre politique et faire entrer la Thaïlande dans l’ère du MeToo. C’est en tout cas ce que souhaitent bien sûr les féministes.

► À écouter aussi : Thaïlande: les femmes dans le milieu de la boxe

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