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La Floride vote pour punir Disney, jugé trop progressiste

Le parlement de la Floride a adopté jeudi un projet de loi supprimant un statut favorable dont bénéficie le parc d'attractions Disney World, le géant du divertissement ayant défendu certains thèmes progressistes peu appréciés des élus républicains.

Le texte devait désormais être promulgué par le gouverneur conservateur de la Floride, Ron DeSantis, dont les relations avec Disney se sont récemment dégradées, même si l'entreprise agit comme un aimant touristique dans son État au climat ensoleillé.

M. DeSantis ne digère pas que Bob Chapek, le PDG de Disney, se soit prononcé publiquement contre une loi dont il est à l'origine, interdisant d'enseigner des sujets en lien avec l'orientation sexuelle ou l'identité de genre à l'école primaire.

Ce texte est surnommé par ses opposants «Don't say gay» («Ne parlez pas des gays»).

Chacune à majorité républicaine, les deux chambres du parlement siégeant dans la capitale Tallahassee ont voté le projet de loi: le Sénat mercredi par 23 voix contre 16, suivi de la Chambre des représentants jeudi par 70 voix contre 38. Un double scrutin synonyme de revers pour Disney, qui reste un poids lourd économique dans la région.

Le statut spécial dans le collimateur du texte fut octroyé à Disney à l'époque de la construction du site de loisirs Disney World dans les années 1960. Il offre au géant du divertissement une large autonomie de gestion locale et l'exempte de la plupart des règlementations de l'État.

Ce parc d'attractions près d'Orlando est parmi les plus visités au monde et la marque Disney reste l'une des préférées des Américains.

Mais, englué dans cette polémique, le géant voit s'accumuler des critiques dont il se serait bien passé, tandis que le titre à la bourse a cédé 2,4% après le vote, terminant au plus bas depuis des mois.

La controverse entourant la loi de Ron DeSantis sur les questions LGBT à l'école s'est révélée être un casse-tête pour Disney après la fuite d'une note interne montrant que Bob Chapek hésitait à prendre position sur le texte.

Des employés du groupe ont alors manifesté en mars contre l'«apathie» du groupe et des appels au boycottage ont commencé à circuler sur les réseaux sociaux, conduisant finalement le PDG à se déclarer contre la loi.

Mais, avec le retour actuel de balancier, les critiques sont désormais les plus vives du côté républicain.

«Disney ne dit pas un mot sur la dictature en Chine, car cela lui coûterait des milliards de dollars. Mais il n'a aucun problème à utiliser son pouvoir d'entreprise pour mentir à propos de lois adoptées de façon démocratique par les législateurs en Floride», a estimé cette semaine le sénateur Marco Rubio, un ténor républicain.

Quant à Randy Fine, un élu républicain en pointe de l'initiative parlementaire visant à limiter le statut d'exemption de Disney World, il a rappelé que Disney n'était qu'un «invité» en Floride.

Les relations n'ont pas toujours été tendues entre Ron DeSantis et Disney, qui emploie notamment plus de 75 000 personnes à Disney World et avait contribué financièrement à la campagne du candidat républicain, sans oublier le camp démocrate.

Mais elles ont désormais viré à l'aigre et le géant a suspendu ces financements électoraux.

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