Sous pression depuis des jours à cause de son soutien jugé trop hésitant à l’Ukraine, Berlin a réaffirmé son ambition de mettre fin, à court terme, à sa dépendance énergétique aux hydrocarbures russes. En visite à Riga, mercredi 20 avril, pour rencontrer des homologues des Etats Baltes, la ministre des affaires étrangères, Annalena Baerbock, a promis que, d’ici à la fin de l’année, l’Allemagne « en aurait fini avec le pétrole russe ».
« Je le dis clairement ici : oui, l’Allemagne aussi est prête à se passer des importations d’énergie russe », a-t-elle déclaré, en reconnaissant « les grosses erreurs » que son pays avait commises dans sa politique vis-à-vis de Moscou ces dernières années. Elle a ainsi affirmé que le gazoduc de la mer Baltique Nord Stream 2 avait été une « erreur fatale ». Concrètement, l’Allemagne prévoit de réduire de moitié ses importations de pétrole russe d’ici l’été, et d’y mettre un terme en fin d’année. Annalena Baerbock a ajouté que l’embargo sur le gaz suivrait, « dans une feuille de route européenne commune », sans donner plus de précision sur l’échéance. Jusqu’ici, le ministère de l’économie a évoqué une sortie complète d’ici à l’été 2024.
Certes, ce n’est pas la première fois que le gouvernement évoque la fin de l’année 2022 pour l’indépendance vis-à-vis du pétrole russe. Le 25 mars, le ministre de l’économie, Robert Habeck, avait déjà présenté un agenda similaire. Mais les atermoiements du gouvernement laissaient depuis planer un tel doute, sur la volonté de Berlin d’intensifier la pression sur Moscou, que cette réaffirmation du calendrier semblait hautement nécessaire.
Infrastructure lourde
La Russie assure actuellement 35 % de l’approvisionnement allemand en pétrole. Derrière ce chiffre se cache une infrastructure lourde, héritée de l’histoire : les deux tiers du pétrole russe importé par l’Allemagne arrivent par un oléoduc baptisé « Droujba », « amitié » en russe. Depuis soixante ans, ce pipeline qui traverse la Biélorussie et la Pologne alimente en pétrole brut les raffineries de Schwedt-sur-l’Oder, dans la région du Brandebourg, et de Leuna, en Saxe-Anhalt. Ces deux sites produisent l’essence, le diesel, le fioul de chauffage et le kérosène utilisés dans tout l’est de l’Allemagne.
La raffinerie de Leuna est exploitée par le groupe Total, qui a annoncé en mars avoir modifié ses contrats, de sorte que les importations de pétrole en provenance de Russie ont baissé de moitié depuis la mi-avril. Et la fin de toutes les relations de livraison avec la Russie est prévue pour la fin de l’année 2022. La raffinerie de Schwedt-sur-l’Oder, en revanche, pose un problème bien plus sérieux : elle appartient à 92 %… au groupe d’Etat russe Rosneft. « Nous payons ici au prix fort le fait que, malgré la guerre en Crimée, on a laissé un groupe russe prendre une influence aussi décisive dans l’approvisionnement énergétique », a déploré fin mars le ministère de l’économie.
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