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Israël a trouvé sa nouvelle arme anti-aérienne : des rayons laser

L'armée israélienne annonce un test réussi de rayons laser interceptant des roquettes et des drones. Le Premier ministre parle d'une arme de science-fiction qui devient réelle. Et qui va changer tout le jeu de défense du pays.

Benny Gantz est le ministre israélien de la Défense.
Benny Gantz est le ministre israélien de la Défense. (Manuel Balce Ceneta/AP/SIPA)

Par Anne Bauer

Publié le 20 avr. 2022 à 12:00Mis à jour le 20 avr. 2022 à 14:59

Dans la défense anti-missile, Israël espère avoir franchi une étape décisive. Le 14 avril, le ministre de la Défense, Benny Gantz, s'est réjoui dans un tweet d'un essai réussi d'un nouveau système de défense laser. Son tweet s'accompagne d'une vidéo montrant un essai mené dans le désert du Néguev, où l'on voit des tirs laser percuter successivement un mortier, une roquette et un drone suicide, soit la panoplie la plus utilisée par les ennemis d'Israël, au premier rang desquels le Hamas en Palestine et le Hezbollah au Liban.

Le ministère de la Défense souligne que ce système de défense, qu'il surnomme l'« Iron Beam », arrive à temps pour compléter son dôme de fer (« Iron Dome ») », soit son système de défense antiaérienne contre des missiles de courte portée. Benny Gantz évoque un équipement défensif qui va changer complètement la donne pour l'Etat hébreu.

« Cela peut ressembler à de la science-fiction, mais cela ne l'est pas, avance le Premier ministre, Naftali Bennett. Ce premier système d'armes à énergie dirigée réalise des interceptions silencieuses, invisibles, et il ne coûte que 3,50 dollars par tir », précise-t-il.

Armes laser

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Pour développer ce système de défense anti-aérienne, l'ensemble des industries de défense du pays (IAI, Elbit, Rafael…) ont été mises à contribution, sous le pilotage essentiel du groupe Rafael. Alors que nombre de pays - au premier rang desquels les Etats-Unis - mènent des développements sur les armes à énergie dirigée, Israël, qui vit sous la menace constante des attaques des Palestiniens et des chiites ou des Arabes radicalisés, semble donc faire la course en tête.

La France est aussi dans la partie : l'été dernier, la ministre des Armées, Florence Parly, saluait la démonstration d'un premier tir laser de destruction de drones mis au point par la PME Cilas, filiale d'ArianeGroup. Une technologie qui réclame encore nombre d'essais et de recherches.

Nouvelle donne

Dans la lutte antimissiles, le coût est un facteur essentiel et joue en grande partie contre les Etats qui se défendent. En effet, la lutte défensive est aujourd'hui très chère par rapport aux armes offensives. En mai 2021, le Hamas avait tenté de saturer les défenses israéliennes en envoyant depuis Gaza quelque 4.300 roquettes pendant onze jours. Une offensive dont les conséquences auraient pu être dramatiques si Israël n'avait pas eu son dôme de fer, qui réunit une douzaine de batteries anti-aériennes mobiles à un centre de commandement unique au monde, capable de calculer la trajectoire des projectiles pour ne chercher à détruire que ceux qui risquent de tomber sur les zones habitées ou sur des cibles importantes.

Un tri essentiel pour faire face aux centaines de missiles envoyés quotidiennement sur un territoire minuscule, où le préavis donné aux citoyens lors d'une alerte oscille entre 25 secondes et trois minutes pour rejoindre leurs abris. Lors de ce conflit, le gouvernement avait annoncé avoir réussi à intercepter 90 % des projectiles dangereux. Une douzaine d'Israéliens sont décédés et 350 ont été blessés.

Avec ce taux de réussite, le dôme de fer est devenu célèbre dans le monde entier. Mais ce type de défense antiaérienne de courte portée coûte cher. Chaque missile sol-air vaut environ 55.000 dollars. Or pour être sûre d'intercepter sa cible, il faut au minimum deux tirs, voire davantage en zone très peuplée. Ainsi la destruction de roquettes qui coûtent à peine 3.000 dollars pièce entraîne plus de 100.000 dollars de dépense. Aussi, si les tirs laser remplaçaient les missiles antimissiles, l'équation économique du combat serait bouleversée, de même que la sécurité d'Israël.

Pour l'Etat hébreu, la menace prioritaire se trouve en Iran, qui arme ses différents obligés, à commencer par le Hezbollah au Liban. « En cas d'attaque groupée entre le Hezbollah, le Hamas et d'autres groupes affiliés à l'Iran, comme les Houthis ou d'autres, notre 'dôme de fer' sera insuffisant », s'inquiète Jonathan Conricus, porte-parole de Tsahal, en réponse à l'Association des journalistes de défense. Il reste un fossé entre les capacités offensives et défensives, explique-t-il, en rappelant l'ampleur du stock d'armes constitué depuis dix ans par le Hezbollah au Liban. « Avec quelque 140.000 roquettes et missiles en stock, le Hezbollah a une puissance de feu supérieure à celle d'une dizaine de pays européens », souligne-t-il.

Crainte des missiles de précision

L'armée de l'air israélienne a beau frapper quasiment toutes les semaines en Syrie pour tenter d'endiguer les livraisons d'armes iraniennes au Hezbollah, les chiites libanais ne cessent de renforcer leur arsenal. Contre les roquettes, les mortiers ou les missiles de courte portée, Israël sait faire face. Mais le pays craint de plus en plus les frappes de drones et le développement des missiles de précision. Au-delà des missiles de courte portée Katyusha, la gamme des missiles guidés iraniens livrés au Hezbollah ne cesse de s'enrichir (M-600, Zelzal, Fajr…).

Plus que tout, Tsahal redoute la livraison des missiles de précision guidée. En mai 2021, Israël avait fait face, l'essentiel des tirs arrivant dans les champs. Si tous ces tirs avaient été guidés vers des points précis, la lutte antiaérienne aurait été beaucoup plus difficile. A moins d'avoir des rayons laser…

Anne Bauer (Envoyée spéciale en Israël)

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