Le Liban est frappé depuis 2019 par une crise économique inédite, qualifiée par la Banque mondiale (BM) comme la pire de l’histoire moderne. La monnaie nationale a perdu plus de 90 % de sa valeur, accentuant une crise sanitaire marquée par des pénuries de médicaments et l’exode du corps médical.

Chute des taux de vaccination, difficultés d’accès aux soins, malnutrition… Le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) alerte sur les conséquences de cette crise pour les enfants libanais dans un nouveau rapport intitulé « Une aggravation de la crise sanitaire pour les enfants ».

Dans un pays où 80 % de la population est plongée dans la pauvreté, « beaucoup de familles n’ont même pas les moyens de payer les frais de transport pour emmener leurs enfants à un centre de soins », explique Ettie Higgins, représentante de l’Unicef. D’avril à octobre 2021, le nombre d’enfants qui n’ont pas pu accéder aux soins médicaux a grimpé de 28 % à 34 %, selon le rapport.

Rougeole, diphtérie, pneumonie

Le taux de vaccination des enfants au Liban a chuté de plus de 30 %. « La chute critique des taux de vaccination a rendu les enfants vulnérables à des maladies potentiellement mortelles telles que la rougeole, la diphtérie et la pneumonie », explique l’Unicef. « La vaccination systématique des enfants a chuté de 31 %, alors que le taux était déjà à un niveau inquiétant, rendant un grand nombre d’enfants vulnérables », selon le rapport.

La malnutrition est également un problème majeur : plus de 90 % des enfants ne respectent pas les normes en matière de fréquence des repas, de diversité alimentaire ou de régime alimentaire acceptable pendant les eux premières années de leur vie, période cruciale pour la croissance et le développement de l’enfant.

Pénurie de médicaments

Le gouvernement n’ayant plus les moyens d’importer des produits de base, beaucoup de malades ont du mal à se procurer des médicaments vitaux, y compris ceux utilisés pour traiter les maladies chroniques.

Toujours selon le rapport, plus de 50 % des familles n’ont pas pu obtenir les médicaments dont elles avaient besoin, et au moins 58 % des hôpitaux ont signalé des pénuries de médicaments.

De plus, l’effondrement financier du pays a provoqué l’exode des professionnels de santé : 40 % des médecins et 30 % des sages-femmes ont déjà quitté le pays, souligne l’Unicef, laissant derrière eux un véritable désert médical.