Des parents dénoncent un concours anti-avortement dans une école ontarienne

Le premier prix du concours est de 50 $, selon l'organisme Oxford County Right to Life. Le London District Catholic School Board indique que le prix de 150 $ indiqué au tableau était une erreur.
Photo : Fournie par Rachelle Dixon
Prenez note que cet article publié en 2022 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des parents s’insurgent après qu’un enseignant de 8e année d'une école primaire catholique de Woodstock, en Ontario, a demandé à ses élèves de créer des affiches anti-avortement dans le cadre d’un concours organisé par un organisme pro-vie, Oxford County Right to Life.
J’ai tout de suite su que ce projet était inapproprié
, lance Kaydence Lee Dixon, 13 ans.
Mercredi, cette élève de 8e année et ses camarades de classe de l’école St. Patrick's Catholic Elementary School, à Woodstock, ont appris qu’ils allaient devoir créer des affiches sur le caractère sacré de la vie.
Les pancartes doivent entre autres contenir la phrase suivante : Les bébés qui ne sont pas encore nés comptent
, de même que des images faisant référence à ce thème.
Ce projet s'inscrit dans le contexte des cours d’arts plastiques et de religion. Les pancartes seront soumises à un concours organisé par l’organisme pro-vie Oxford County Right to Life.
Les élèves courent la chance de gagner des prix en argent.
L’éducation doit être complète et on doit donner les deux points de vue. [...] La vie des femmes est précieuse elle aussi et on doit respecter leur choix. [...] Elles doivent connaître leurs options
, affirme la mère de Kaydence, Rachelle Dixon.
Cette mère de famille, qui est elle-même catholique, déplore qu'un projet mené par un groupe aux positions extrêmes
soit proposé aux élèves. Elle déplore par ailleurs que le groupe ne soit pas affilié à l’école ni à l’Église catholique.

Rachelle Dixon (à gauche) et son mari retireront leurs enfants du système d'écoles catholiques en septembre.
Photo : Radio-Canada / Kate Dubinksi
On sait quel genre d’images apparaissent lorsqu’on écrit ces mots-clés dans des moteurs de recherche et c’est inapproprié pour des enfants de 13 ans
, dit-elle.
Vendredi, quatre personnes, dont Rachelle Dixon et sa mère, se sont réunies près de l’école St. Patrick's Catholic Elementary School pour manifester leur mécontentement.
Je comprends les opinions de certains, mais il est crucial d’enseigner à nos enfants l’importance du dialogue. Je ne veux pas qu’une femme ait honte d’avoir un avortement
, affirme Katrina McLennan, venue manifester.
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Rachelle Dixon affirme avoir fait part de son mécontentement à l’enseignant de sa fille par courriel. Elle a également décidé de changer ses enfants d'école pour les envoyer dans le secteur public en septembre.
Ils m’ont dit que si je n’étais pas d’accord, je pouvais retirer mes enfants de l’école
, déplore-t-elle.
L’école St. Patrick's Catholic Elementary School n’a pas répondu à notre demande d’entrevue, mais le porte-parole du London District Catholic School Board, Mark Adkinson, indique que l'école a contacté les parents après avoir pris connaissance de leurs inquiétudes sur les réseaux sociaux.
Avec le programme scolaire de 8e année, les enfants apprennent le point de vue de l’Église catholique sur le caractère sacré de la vie et doivent créer une affiche à ce sujet. Les élèves peuvent également choisir de créer une affiche qui répond à la fois aux exigences de ce projet et à celles du concours organisé par un tiers, qui est optionnel
, explique-t-il dans un courriel.
Kaydence Lee Dixon affirme pour sa part qu’elle créera une affiche sur un thème humanitaire.

Kaydence Lee Dixon,13 ans, pense que le thème abordé par le concours proposé par son enseignant ne respecte pas les droits de la personne.
Photo : Fournie par Rachelle Dixon
Dans une entrevue accordée à CBC, la directrice générale d’Oxford County Right to Life, Mary VanVeen, explique quant à elle que le concours existe depuis de 20 ans mais que c’est la première fois qu’un enseignant l’utilise comme projet pour ses élèves. Elle précise également que son organisation n’est pas affiliée à l’Église catholique.
En ce moment, il existe une culture de l’effacement qui permet aux gens de se débarrasser de ceux qui ont des valeurs [différentes des leurs]. Nous espérons que les élèves de 7e et 8e années réfléchissent à la vie humaine, qu’ils s’expriment au moyen de l’art et qu’ils aient une discussion à ce sujet à la maison et à l’école
, dit-elle.
Des groupes religieux s’invitent dans les écoles canadiennes
Selon la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada, des organisations religieuses sont parfois invitées dans les écoles canadiennes pour donner des cours d’éducation sexuelle ou pour promouvoir leurs opinions anti-avortement.
La directrice générale de cette coalition, Joyce Arthur, explique toutefois qu’il est difficile de connaître l’étendue du phénomène puisque ces groupes sont généralement invités à l'initiative individuelle d'enseignants ou de membres de directions d'école.
Nous ne sommes mis au courant que lorsqu’un parent se plaint et ce n’est pas la norme pour un parent ou pour un enseignant de dénoncer quelque chose comme ça
, déplore Mme Arthur.
Selon elle, l’exemple de l’école St. Patrick's Catholic Elementary School ne représente que la pointe de l’iceberg.
C'est inacceptable à de nombreux égards. Premièrement, ils font affaire avec un organisme politique externe anti-avortement qui fait la promotion d’idées qui violent les droits des femmes et des personnes qui peuvent devenir enceintes. Ensuite, ils offrent un prix en argent aux élèves, ce qui est très manipulateur. [...] J'estime qu’il s’agit d’une violation de la liberté de conscience des élèves
, dit-elle.
Avec les informations de Kate Dubinski